« Par une nuit aux étoiles claires, Gabrielle court à travers champ. Elle court, je crois, sans penser ni faiblir, court vers la ferme, la chambre, le lit, s’élance minuscule dans un labyrinthe de maïs, poussée par une urgence aiguë, par le besoin soudain de voir, d’être sûre. Gabrielle sait qu’il est trop tard – ses paumes meurtries le lui rappellent – pourtant elle court, de toute la vigueur de ses treize ans. »
Des premières heures balbutiantes à l’adolescence, de la prématurité à l’éclosion d’un corps de gymnaste puis de femme qui attire soudain le regard des hommes, on suit Gabrielle dans le chemin aussi chaotique qu’enivrant de la féminité. Avec une énergie prodigieuse, Gabrielle grandit, s’affranchit, lutte. Contre les chemins tout tracés de son milieu rural, contre ce qu’elle appelle ses « araignées », une toux puissante entravant sa respiration. Au-delà de Gabrielle, à travers sa voix, ce sont les destinées de toutes les femmes du roman, ce chœur des générations sacrifiées ou mal-aimées – l’arrière-grand-mère, la grand-mère, la mère – qui sont au centre des Maisons vides. Avec ce premier roman à part, porté par une écriture où le panache s’allie à la délicatesse, Laurine Thizy s’impose comme une découverte prometteuse.
Prix Régine Deforges 2022
Laurine Thizy écrit depuis son plus jeune âge : elle est sélectionnée trois fois au Prix du jeune écrivain (2010, 2013 et 2014), ce qui lui vaut d'être publiée dans un recueil aux Éditions Buchet-Chastel.
Doctorante en sociologie (Université de Paris 8), elle enseigne à l’université de Lyon 2
Elle écrit son premier roman, Les maisons vides, qui paraît en janvier 2022.
EDITIONS DE L'OLIVIER (14/01/2022)
Crédit photographique : Laurine Thizy © Patrice Normand
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