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Nouveau portrait du jour Alain Seyfried

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Alain Seyfried

Membre de l'Académie Arts-Sciences-Lettres de Paris, HEC, docteur en Gestion (Paris-Dauphine) et ex-cadre supérieur, Alain Seyfried est écrivain et traducteur.

Bienvenue  Alain sur la page de Culture et justice 

"J’ai toujours aimé lire. Lire pour m’instruire, lire pour me distraire ou m’évader, peu m’importait. On ne s’étonnera donc pas qu’à l’école, puis au lycée, j’aie excellé dans les matières littéraires : Français, Latin, langues étrangères… jusqu’à obtenir un improbable 19/20 à la dissertation française du premier baccalauréat, celui que, de 1890 à 1963, les élèves de l’enseignement classique devaient obligatoirement réussir avant de tenter le « vrai » bac, c’est-à-dire le second.

Seulement voilà : en ces temps-là, on obéissait à ses parents et les miens m’ont fortement poussé à suivre ensuite un cursus scientifique, réputé mieux à même de « nourrir son homme ».

Me voici donc embarqué dans le baccalauréat de mathématiques, HEC, un doctorat de gestion à Paris Dauphine, puis dans une carrière peu en accord avec mes goûts. Je fus ainsi parmi les pionniers de l’informatique en tant que premier réalisateur d’un téléchargement de programme, puis l’un des principaux gestionnaires de la construction des paliers nucléaires français.

Ces épisodes professionnels m’ont pourtant passionné et je sais aujourd’hui pourquoi : ce que j’aime par-dessus tout, c’est inventer ; là où je suis à l’aise, c’est dans le pays merveilleux de l’imagination ; et que ce soit en Sciences ou en Littérature, l’imagination est toujours indispensable.

Bien sûr, j’ai tout de même continué, à bas bruit, à cultiver mes goûts premiers en écrivant en douce des ouvrages qui ne réclament pas un temps long et continu d’élaboration : des poésies et des nouvelles qui m’ont parfois valu des Prix, et jusqu’à une comédie musicale, « Le Vizir Amoureux », dont j’ai composé la musique et le livret, et qui a été représentée au festival des Alpes dans les années 1980.

Il n’empêche : ce que je voulais, c’était publier des romans !

J’ai donc hâté la fin de ma carrière professionnelle « normale », après avoir suffisamment épargné, cependant, pour pouvoir vivre durant les années s’étendant entre mon arrêt d’activité et l’âge légal de la retraite. Je suis alors parti à Rome pour remplir des missions de conseil auprès des entreprises et (surtout) me lancer plus sérieusement dans l’écriture. Voilà pourquoi mon premier roman a été édité en Italie (et en italien). C’était au tournant du siècle.

Depuis, en vingt-deux ans, j’ai traduit en français 6 livres italiens pour différents éditeurs français et publié 11 romans en France. Cette productivité m’étonne moi-même !

Quels types de romans ai-je écrits ? Je ne peux répondre à cette question qu’aujourd’hui, car il faut avoir beaucoup travaillé et beaucoup écouté les réactions des uns et des autres pour le savoir.

Sur la forme, je m’attache à obtenir l’écriture la plus fluide possible. Mon idéal serait qu’en lisant un de mes livres, le lecteur ne soit jamais contraint de revenir en arrière au cours de sa lecture parce qu’il aurait rencontré ici ou là une aspérité qui l’aurait fait buter. Je compose ensuite de courts chapitres ou sous-chapitres afin que nul n’ait le temps de se lasser. Je donne en outre à mes personnages principaux des noms faciles à retenir et à mes personnages secondaires des patronymes faciles à oublier pour qu’on ne soit jamais obligé de retourner vérifier qui est qui. De plus, en tant que musicien, je travaille beaucoup le rythme et l’harmonie du texte. Enfin (mais ne le dites à personne, car peu s’en rendent compte), j’en viens parfois à rédiger des passages en vers tout en les présentant comme de la prose afin de pouvoir les dissimuler dans le flot du récit…

Sur le fond, je m’aperçois que j’ai écrit deux types de romans.

Les premiers relèvent de ce que j’appellerais « le fantastique du quotidien » dans lequel des événements impossibles ou improbables sont présentés comme naturels et réels : « Le Chat qui aimait la mer » où un chat raconte (par la pensée) sa vie à la première personne en jugeant d’une façon personnelle son maître et les autres humains qu’il croise ; « Les Goélands du Lacydon » où l’un de ces oiseaux relate l’histoire de Marseille et de ses environs depuis les Grecs jusqu’à nos jours ; « L’avant-dernière demeure » où un stylo écrit la vie de son propriétaire, un centenaire à l’existence compliquée. Etc.

Les seconds sont des romans où je mêle des idées et des débats contemporains à une intrigue à suspense : « Une pensée pour la Lune » détaille les liens entre la malbouffe et certaines maladies, sur fond de lutte entre un scientifique et les lobbys décidés à le faire taire ; « Le Murmure des Rivières » s’interroge sur l’état et le devenir de nos sociétés alors que la révolte des « Pinceaux Mauves », les successeurs des Gilets Jaunes, se déroule un peu partout et qu’on en cherche le ou les responsables.

Enfin, j’ai découvert une coquetterie toute récente, inaugurée dans « Le Murmure des Rivières » : concocter une fin absolument imprévisible (j’en fais le pari avec les lecteurs).

Je suis très fier de dire qu’en 2020, après tout cela, j’ai obtenu le Grand Prix des Lettres de l’académie Arts-Sciences-Lettres de Paris, ce qui, dans mon esprit, m’a définitivement absout du penchant que j’avais pour la littérature, un penchant que j’avais longtemps considéré comme coupable.

J’ajoute, en guise de conclusion, que je suis un pur Méditerranéen, c’est-à-dire quelqu’un qui, lorsqu’un conflit entre le pratique et l’esthétique surgit, choisit toujours l’esthétique.

Je n’ai pas de mal à cela, j’ai vécu dans trois pays méditerranéens : le premier avait la Méditerranée au nord, le second au sud et le troisième à l’ouest.

Excusez-moi, mais il faut maintenant je vous quitte : j’ai rendez-vous avec les vagues qui tentent de prendre d’assaut la Corniche marseillaise, et c’est très beau."

 

Relecture et mise en page  Ph.P 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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