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Nouveau portrait du jour Camille Lysière

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Camille Lysière

Originaire de Pau, Camille Lysière est nouvelliste et romancière.

Elle a remporté le concours de nouvelles Gérard-de-Nerval 2017. Elle est aussi lauréate du Prix Mélusine 2018 pour son le recueil de nouvelles "Compte petite, et deviens..." (2017) aux Editions Moires.

Bienvenue  Camille sur la page discrète et prisée de Culture et justice 

 

"Challenge de juillet 2022 : écrire un portrait de moi Culture et justice 

Aucune limitation de longueur, aucune consigne de quelque ordre que ce soit, ni d'orientation ni de format imposé : Faites donc comme vous le sentez ! m'a écrit Môssieur Poisson en personne, et me voilà bien embarrassée. 

C'est qu'il n'est pas aisé de parler de soi quand depuis des lustres, on a pris le pli de parler des autres... Et encore, quand je dis "des autres", je suis déjà à côté de la réalité, puisque normalement, en général, la plupart du temps en tout cas, je n'écris que de la pure fiction. Donc la destinée de gens qui n'existent que dans ma tête (c'est dire s'il y a du monde). Oui, dans mes nouvelles, dans mes romans, tout est faux messieurs dames : du pur jus de mensonges, de la salade de bobards, du gratin de boniments ! Mais attention, du genre qui secoue ! Du genre qui élargit l'angle des perceptions. Qui augmente sensiblement la palette du  nuancier. J'aime bien déstabiliser mes lecteurs, pousser à la réflexion, faire branler les clôtures en quelques sortes. J'aime pas trop trop les clôtures, en vrai. Et j'aime pas trop l'ordre établi, la bien-pensance, les clichés et les idées toutes faites. J'aime quand les lecteurs me disent sortir de mes récits troublés et en déséquilibre, j'aime bien créer un inconfort... 

En l'écrivant, là, je me dis que c'est peut-être un peu maladroit de démarrer son propre portrait en annonçant d'emblée son côté sadique. Surtout que les abonnés qui me suivent sur mon blog savent combien j'aime rigoler. Et là (sur le blog je veux dire), tout est vrai. Je ne mens jamais, je change les noms mais les gens se reconnaissent, ou reconnaissent les aventures de leurs chérubins puisque j'y raconte souvent des anecdotes de mon premier métier qui est maîtresse d'école. Les enfants n'ont pas besoin de fioritures, leurs frasques se suffisent et je ne me prive pas de les retranscrire pour ceux qui prennent plaisir à me lire dans ces chroniques épisodiques. Sur ce blog, j'écris aussi des textes courts, des fulgurances j'appelle ça, des petits machins qui naissent d'une photo ou d'une situation de vie et qui me sortent par les doigts (j'écris sur clavier) avec parfois un peu de violence, souvent une structure poétique et toujours beaucoup d'émotion. Là je ne saurais dire si c'est du vrai ou du faux, c'est un peu comme les rêves, il y a de moi mais c'est tellement planqué que c'est méconnaissable. L'inconscient qui s'exprime. Moi-même je préfère ne pas trop savoir. Il vaut mieux ignorer un peu ses propres zones d'ombre.

Quoiqu'il en soit, ce défi d'écrire un texte sur moi, me présenter, parler de ma vie, faire visiter mon petit quotidien, mon parcours, mes goûts ou mes souvenirs... Poh poh poh... Je sèche. 

Le mieux est de choisir un angle de vue susceptible d'hameçonner le chaland. Écrire mon portrait, c'est simplement donner de l'intérêt à une intrigue même si elle est assez banale à première vue, non ? Donc c'est à peu près comme quand on écrit des histoires me dis-je à moi-même et ça tombe au poil, tu aimes bien ça, écrire des histoires, Camille, pas vrai ? (je me parle volontiers à moi-même, on est souvent d'accord) 

Oui, j'adore. Écrire est une parenthèse défoulatoire et enchantée, un royaume de libertés absolues régenté par une rigueur stricte, nécessaire et rassurante. On peut tout se permettre quand on écrit, absolument tout. Mais une fois ce tout déposé sur l'établi, alors que je suis encore tout essoufflée de l'avoir bâti à grands coups de hache et de tronçonneuse, quand j'ai clouté et percé, assemblé à la va comme je te pousse, je me retrouve devant la version brute de mon ouvrage. Un modèle qui a déjà son charme, y'a pas à dire, j'ai conçu là un truc dont je pressens la valeur mais dont l'harmonie est encore à trouver. Le produit comporte des boursouflures, des rayures de façonnage, des nœuds à peine visibles mais qu'il ne faut pas perdre de vue sous peine de voir l'ensemble se fendre dangereusement  voire se rompre tout bonnement et s'écrouler à mes pieds. Les tiroirs glissent difficilement, les étagères sont de guingois, les portes s'ouvrent toutes seules et les serrures n'enclenchent pas. Il faut se remettre au travail, que ce tout soit ajusté au millimètre, équilibré, mesuré, allégé, sculpté, raboté et poli pendant des heures, graissé, ciré, caressé. 

Oups, me voilà embarquée dans une métaphore ébéniste... C'est piégeux, faut que je rétropédale, dites-moi si vous ne suivez plus.   

Bon, fais simple, Camille. L'intrigue de ma vie racontée par le prisme de la littérature. 

J'ai commencé tard, sur le coup des 40 ans juste effleurés, une fois que les enfants que j'avais fabriqués dix à quinze ans plus tôt avaient cessé de remplir l'intégralité de mes préoccupations quotidiennes. Oui, on peut le dire, ça s'est passé comme ça, quand tout ce petit monde a eu moins besoin de moi, j'ai démarré l'écriture. J'ai procréé et puis après j'ai créé. Si j'étais née cent ans plus tôt, j'aurais sans doute fait du crochet ou de la broderie, mais j'ai drôlement de la chance : je suis une enfant de la révolution 68. On m'a appris à lire, à écrire, à penser, à critiquer, à me réjouir, à me questionner, à exister. Et donc on a autorisé pour moi l'usage du stylo pour autre chose que pour remplir des carnets de recettes.   

Ah mince, l'angle politique, sociologique, c'est savonneux... Et puis qui se soucie de savoir si j'ai des gosses ? Où je suis née, dans quelle ville, dans quelle catégorie sociale, dans quelle ambiance politique, hein ? Qui ? Restons sur la littérature, ça vaut mieux. 

Je pourrais parler des Moires, tiens. Ma première maison d'édition, mon pied à l'étrier, mon baptême du feu. Deux livres paraissent sous la férule de Virginie Paultes qui tient la barre de cette petite maison bordelaise audacieuse et accueillante. Un recueil de nouvelles, Compte petite, et deviens... en 2017 et un roman, Le silence de la cigale en 2019. 

Ensuite j'ai navigué vers les Éditions Eyrolles qui ont souhaité me voir apparaître en littérature blanche dans leur toute récente collection Aparté. Ils soutiennent alors mon dernier roman, paru en septembre 2021 : La bête en elles. Ce roman paraîtra en format poche au mois d'octobre 2022.

Mes histoires sont généralement des drames psychologiques, je suis fascinée par l'ambivalence humaine, par la capacité au déni, à la mauvaise foi, la perte de repères, la folie, les comportements contradictoires ou décalés, les réactions illogiques. Ah et puis aussi, j'aime bien tuer des gens. C'est jubilatoire, je m'en suis rendue compte assez vite, en écrivant mes nouvelles pour tout dire. Au début, je n'osais pas trop, et puis bon, je vous le dis : tuer des gens c'est comme gober des M&M's, une fois qu'on a commencé on ne peut plus s'arrêter.

 

 

Relecture et mise en page  Ph.P 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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