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© Marie-Berthe Ferrer
Nouveau portrait du jour Patrick Bard
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Patrick Bard
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Patrick Bard est un photojournaliste, romancier, écrivain-voyageur.
Sa carrière de photographe commence en 1982 avec une exposition à la Galerie des Voyageurs à Toulouse. Il était, par ailleurs, membre de l'agence de presse Rapho depuis 1979. En 1990, il change d'agence et rejoint Editing.
Son premier livre, publié en 1993, est "Blues Mississippi Mud", un carnet d’un voyage dans le monde du blues. À partir de 1996 il quitte la France pour étudier la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Cette étude, qui a duré 5 ans, a donné lieu à l'ouvrage "El Norte", sorti en 2002. Mais également, en 2004, à la sortie de son premier roman, "La Frontière". Ce livre a d'ailleurs été récompensé par le prix Michel Lebrun (2003), le prix Brigada 21 du meilleur roman policier étranger (Espagne, 2005), le prix Ancres Noires (2006), ainsi qu'une sélection au prix du polar lycéen d'Aubusson.
Il sort son deuxième roman en 2005, sous le titre de "L'Attrapeur d'ombres". Viennent ensuite deux ouvrages historiques, "Le Chemin de l'Inca" en 2006, et "Les Routes du Che" en 2007.
Depuis longtemps, Patrick Bard a choisi comme lieu de villégiature le village de La Canourgue en Lozère, non loin des lieux où se sont déroulés les événements de la bête du Gévaudan. C'est d'ailleurs ce thème qui est le sujet de son troisième roman, "Le Chien de Dieu" (2008).
En 2010 il publie "Orphelins de sang", roman noir et pesant ayant pour thème le trafic d'enfants en Amérique du Sud. Le roman reçoit deux prix : le Prix Sang d’encre des lycéens 2010 et le Prix Lion noir 2011.
Son travail photographique a notamment été exposée au Centre Pompidou, à la Grande Halle de la Villette, ainsi qu'au Mexique, en Espagne, en Angleterre, aux États-Unis… Avec son épouse, Marie-Berthe Ferrer, il arpente l’Amérique latine depuis de nombreuses années. Ses œuvres ont été acquises par plusieurs musées et collections privées. Crédit photographique Patrick Bard (Festival international de géographie, 2016)
Bienvenue Patrick sur le blog des Aficionados du crime.
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"Né d’une famille modeste en 1958 à Montreuil, Patrick Bard est romancier, écrivain-voyageur et photographe. L’Amérique latine, les frontières et la question des femmes sont au centre de son travail. Son premier roman, La Frontière, a reçu le prix Michel- Lebrun 2002, le prix Brigada 21 (Espagne, 2005) et le prix Ancres noires 2006. Il est l’auteur de huit romans aux éditions du Seuil. Orphelins de sang, sur le trafic d’enfants en Amérique latine, a été récompensé par le prix Sang d’encre des lycéens
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2010 et le prix Lion noir 2011. En 2015, il a publié Poussières d’exil (Seuil), couronné par le prix 1001 Feuilles noires de Lamballe, et Mon neveu Jeanne (Loco), un essai documentaire sur la question du genre. En 2016, son roman jeunesse sur l’embrigadement et les réseaux sociaux, Et mes yeux se sont fermés (Syros), a reçu dix prix. Il a également publié le roman POV (2018), chez Syros, et Le Secret de Mona (2020), ainsi qu’un essai biographique, Piero Heliczer, l’arme du rêve (2020, Seuil). Il est traduit en sept langues (espagnol, catalan, galicien, grec, italien, anglais et allemand). Son dernier roman, paru le 25 août dernier, toujours chez Syros, a pour titre Dopamine.
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Auteur protéiforme, Patrick Bard est aussi à l’aise dans le roman, le polar, l’essai, le carnet de voyage que le beau livre photo. Si le polar est définitivement sa famille littéraire d’origine - très jeune et gros lecteur de polar, il a co-fondé le festival Jazz & Polar avec des amis- c’est parce que c’est une littérature qui parle du monde comme il va, et surtout quand il va mal. Mais il est aussi photographe, il a beaucoup voyagé et souvent écrit des textes pour accompagner ses images. Sa formation de journaliste l’a prédisposé à l’essai, et enfin il a développé une passion pour l’Amérique latine grâce à sa belle-famille espagnole, zone géographique qu’il arpente inlassablement depuis trente ans. Lorsque on lui demande quels rapports entretiennent le texte et l’image dans son oeuvre, il répond: « On ne peut pas tout dire, ni tout montrer, mais la photographie a cette capacité à montrer l’indicible tandis que l’écriture a cette force de dire l’immontrable ».
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Il y a chez lui une volonté très forte de témoigner. C’est le cas dans Le Secret de Mona, POV, Et mes yeux se sont fermés ainsi que dans son dernier opus, Dopamine, quatre ouvrages qui s’adressent notamment à un public de jeunes adultes. Est-ce une manière de prolonger sa vocation première de journaliste ? Pas seulement, répond-il quand on lui pose la question. Ce sont deux choses très différentes pour lui. Le journalisme consiste à délivrer une information, des faits qui contribuent au débat démocratique. Un roman, ce sont des personnages d’encre et de papier qui vivent des
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événements et auxquels le lecteur s’identifie, tout comme l’auteur. C’est un partage d’empathie. Mais son écriture est bien ancrée dans le réel. D’ailleurs, sa recherche, qui précède la rédaction d’un roman, est très semblable à son travail d’enquête en tant que journaliste. Il cite souvent en exemple le roman de Steinbeck Les Raisins de la colère, rédigé après le reportage de l’écrivain sur la Grande Dépression pour le magazine Life. « Le réel a mille fois plus d’imagination que n’importe quel écrivain », ajoute-t-il. C’est en effet le réel qui l’inspire et pour tous ses romans, il a effectué un long travail de recherche.
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Dopamine constitue le troisième et dernier volet de son oeuvre romanesque autour de la question des réseaux sociaux, des écrans et de l’addiction. Dans Et mes yeux se sont fermés, le premier de ces trois romans, le lecteur suit le processus d’embrigadement d’une adolescente par Daesh via les réseaux sociaux. Au cours de son enquête, l’auteur a découvert que juste avant leur départ pour la Syrie, les jeunes filles étaient tellement circonscrites par le réseau qui avait servi à leur embrigadement qu’elles en venaient à plusieurs centaines de connexions par jour. Une véritable addiction. De là est née l’idée du second roman, POV, qui raconte l’histoire de Lucas, un adolescent de 16 ans dépendant au cyber-sexe depuis l’âge de 12 ans, et son combat pour s’émanciper de cette dépendance. Le troisième volet, Dopamine, est né après un fait divers qui a fait couler beaucoup d’encre, lorsqu’un couple d’adolescents de 15 ans a assassiné une jeune fille de 14 ans en région parisienne en 2021. Il est très vite apparu que la question du cyber-harcèlement avait joué un rôle central dans cette affaire. Patrick Bard s’est très librement inspiré de ce fait divers pour recréer de toutes pièces les personnages qui sont les protagonistes de Dopamine. Les deux meurtriers, identifiés très vite, sont deux camarades de classe. Une fille et un garçon qui ne semblent pas conscients de la gravité de leur acte et invoquent des mobiles inconsistants. Entre addiction aux écrans, haine déversée sur les réseaux sociaux, harcèlement et calomnie, le juge d’instruction chargé de l’affaire décide de décrypter coûte que coûte la mécanique de l’impensable.
Pour lui, l’idée n'était en rien de documenter ce drame mais, à partir de celui-ci, d'inventer des personnages romanesques sortis de son imaginaire et de les faire vivre pour donner à comprendre l'incompréhensible. Nul ne naît en étant un monstre. Mais on peut le devenir, et la question est de savoir quels chemins mènent à la barbarie. Dopamine est également - surtout ? - un roman sur l'addiction, sur les addictions en général et sur ce en quoi elles sont constitutives de la condition humaine. Ce qui rapproche le couple criminel dans le roman, ce sont des histoires familiales tourmentées, des enfances blessées. Emma et Enzo sont des grands brûlés de la vie qui, pour se protéger, ont anesthésié leur capacité à ressentir, se sont littéralement coupés de leurs émotions. Ils se sont également retranchés derrière des addictions multiples - réseaux sociaux, jeux vidéos en ligne, cigarette, mondes virtuels -, et répondent à la violence du monde par leur propre violence, sous forme de harcèlement ou pire. Ce qui les rapproche enfin est une autre forme d'addiction, à savoir une relation dévorante et toxique, qui conduit à la dépendance mutuelle. Avant sa rencontre avec Emma, Enzo a vécu une histoire d'amour virtuelle et fictive avec une intelligence artificielle, dont il lui a été très difficile de se détacher.
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Le phénomène des girlfriends et boyfriends virtuels est en plein développement et touche aussi bien les ados que les adultes. Il répond à un syndrome de solitude aggravé par la pandémie. L'une de ces applications compte aujourd'hui plus de 10 millions d'utilisateurs dans le monde. Le cerveau humain n'est pas toujours capable de faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, notamment pour ce qui relève de l'attachement et des addictions. Le niveau de sophistication atteint par des IA, qui apprennent par elles-mêmes et imitent si bien les sentiments humains, ne cesse de s’améliorer, ouvrant des perspectives vertigineuses à 5 ans. Dans le polar, c'est souvent le policier, le détective ou le journaliste qui guide le lecteur à travers le récit. Ici, c'est le juge qui tient ce rôle... Il est le lien entre tous les protagonistes du drame dans la première partie du roman. La seconde partie enferme le lecteur dans le monde d'Emma et Enzo avant de laisser le dernier mot au juge.
Quant au titre, Dopamine, on a longtemps pensé qu’elle était la molécule du plaisir. Or, c’est celle du désir. C'est la molécule du "assez n'est jamais assez". Celle qui nous fait aller sur la Lune, en haut de la plus haute montagne, mais qui nous fait aussi consommer toujours plus, sans limites. La dopamine est une récompense sécrétée sous l'impulsion de notre cerveau primitif. Elle nous a été indispensable pour survivre en tant qu'espèce quand nous sommes devenus des chasseurs, des prédateurs, pour nous donner le goût de la traque, de la quête. Mais cette partie de notre cerveau n'a pas changé depuis la préhistoire.
Or, le moins qu'on puisse dire, c'est que le monde d'aujourd'hui, qui nous submerge d'informations et de gratifications faciles à coups de "like", n'est plus le même. Le cerveau primitif prend alors le pas sur notre capacité de réflexion, de prise de recul, gérées, elles, par notre cerveau frontal. Au point que nos propres actes peuvent sembler sans réalité, et leurs conséquences inexistantes : c'est là l'expérience terrifiante que vivent Emma et Enzo.
Mais les adolescents sont loin d’être les seules victimes potentielles de la révolution numérique et de ses errements sur les réseaux sociaux. Tout le monde ou presque les utilise et les adultes ne pas forcément mieux armés. Parce qu’ils ne sont pas né avec, il sont même parfois encore plus démunis." Patrick Bard
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A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."
Relecture et mise en page Ph.P
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Bard | Signatures Photographies
Patrick Bard est né en 1958 à Montreuil-sous-Bois. Photojournaliste, auteur de polar, écrivain-voyageur, il a notamment travaillé sur la banlieue, les routes et les frontières. "El Norte", son...
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Dopamine de Patrick Bard - Chronique de Christian Dorsan - Le blog de Philippe Poisson
"La dopamine est une hormone qui nous pousse à aller plus loin, à nous dépasser. Mais à l'heure des réseaux sociaux, elle peut être dévastatrice chez les ados. C'est la thématique du livre ...
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Politique éditoriale de la page "Culture et justice" au 19 mars 2022 - Le blog de Philippe Poisson
Le carnet de recherche de Criminocorpus a été créé en 2008 sur la plateforme Hypotheses avec l'objectif de couvrir l'actualité de la recherche en histoire de la justice. Il s'est progressiveme...