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Né dans le Rhône, Xavier Raynal vit et travaille à Lyon après avoir passé plusieurs années au Sénégal. Passionné par sa ville et l’Histoire, c’est à la faveur de ce retour en France qu’il fait place à l’écriture dans sa vie avec ce premier roman, Au-dessus des regrets.
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Vous avez publié en octobre 2021 votre premier roman, et allez enchaîner sur un second à l’automne prochain, pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?
J’ai 49 ans, je suis marié, nous avons deux enfants et nous habitons Lyon depuis…presque toujours. En fait, pas tout à fait, nous avons vécu avec mon épouse une dizaine d’années au Sénégal, où j’ai exercé un poste à responsabilités au sein de l’hôtellerie de loisir. J’y ai également découvert la chaleur et la subtilité d’un peuple africain.
Comment en vient-on à écrire un roman historique ?
Même s’il était souhaité, le retour à la vie française a été pour moi un peu brutal. J’ai eu du temps pour aider mon épouse à créer son commerce, mais lorsque cette période stimulante a pris fin, je me suis rendu compte que ma nature profonde n’était pas assouvie. Il m’a fallu encore pas mal cogiter pour comprendre que l’écriture m’habitait depuis longtemps et que je devais oser la laisser s’exprimer. Après, la question du genre ne s’est pas réellement posée, car mes lectures m’ont toujours orienté vers différentes périodes de l’Histoire, où j’aime plonger et parfois y demeurer longuement.
Votre premier roman Au-dessus des regrets, se déroule à Lyon dans le monde des ouvriers tisseurs un peu avant la Révolution et les grands bouleversements qui ont mis fin à la période Moderne. Pourquoi avoir choisi cette période de l’Histoire, qu’est-ce qui vous semblait intéressant à ce moment-là ?
Pour être parfaitement honnête, je visais le second Empire vers lequel je suis naturellement attiré, mais au fil de mes recherches, pour trouver les racines de mes personnages, je suis remonté jusqu’à la Révolution. J’ai redécouvert la résistance et les souffrances des habitants de Lyon, face au fanatisme révolutionnaire Jacobin sévissant à Paris en 1793. En France on sacralise facilement les grands évènements de l’Histoire, sans toujours faire preuve de discernement. Mon ambition est simplement de faire revivre des moments glorieux et d’autres, qui le sont beaucoup moins, de l’Histoire de la région, sans complaisance ni parti pris.
Le parler Lyonnais est très présent dans votre roman, comment on manie une « langue » qu’on ne parle plus aujourd’hui ?
Je n’irai pas jusqu’à dire que je la maîtrise, mais comme le reste, tout est question de travail et de recherches. En conservant à portée de main quelques références du parler lyonnais (Littré de la Grand’côte, ou plus récemment, le littré du Gourguillon) et avec l’avis éclairé de plusieurs personnes compétentes, j’essaie d’exhumer quelques expressions enfouies, pas si profondément que ça, de l’identité de la ville. Je me suis d’ailleurs plusieurs fois amusé à retrouver des expressions que mes parents utilisaient régulièrement, sans que je n’y prête vraiment attention.
J’ai cherché pour le récit à trouver, pour chaque mot utilisé, sa juste place, afin qu’il s’y intègre naturellement, cherchant à immerger un peu plus profondément encore, le lecteur dans le contexte de l’époque. Finalement, si le jargon prête parfois à sourire ou au contraire fait resurgir, comme pour moi, quelques souvenirs, il fait partie intégrante du décor.
Votre roman peut se lire aussi comme une formidable visite guidée dans les rues de Lyon au XVIIIe siècle. On y croise de nombreux personnages emblématiques de l’histoire de la ville. De nombreuses recherches ont dû être nécessaires pour donner vie à la ville d’antan ?
Oui, pas mal effectivement, en me retournant sur tout cela, ça me donne même un peu le vertige ! Je dois bien en être à cinq années de recherches, en tenant compte des hésitations du départ, puis des changements de direction. Mais tout est toujours plus simple lorsqu’on le fait avec passion. Et puis, tout au long du XXème siècle et jusqu’à nos jours, plusieurs historiens ont produit un travail remarquable. Après, en les consultant et les recoupant, un peu méticuleusement tout de même, je pense avoir réussi à faire réapparaître la ville, comme elle devait être il y a plus de deux cents ans.
Pour répondre à votre question sur les personnages historiques, c’est la partie que j’ai le plus aimée. Car, une fois la période d’études achevée, place à l’écriture et à l’imagination. Comprendre une époque à travers des livres est une chose, mais percevoir le caractère des personnalités et leur redonner vie, en est une autre. C’est un ressenti et forcément pas une science exacte, mais je crois que c’est là le travail du romancier. C’est celui que j’ai essayé de réaliser le mieux possible dans le premier tome, et que j’espère avoir poursuivi dans le deuxième.
Parlez-nous de la suite justement ?
J’ai régulièrement des retours du premier volet, dans lesquels on me demande quand sortira le second, et je peux enfin dire que cela sera pour cette fin octobre ! Moi qui doute beaucoup de mon écriture, je suis plutôt très satisfait de ce livre qui s’intitulera Le Cri de la Meute.
Cela restera une suite à votre premier roman ?
Je n’aime pas trop l’idée de suite, parce qu’elle sous-entend que l’on ne pourrait lire le second sans avoir lu le premier. Evidemment nous retrouvons la plupart des personnages, mais je crois que l’on peut lire les deux livres de façon indépendante. C’est aussi pour cela que nous trouvions pertinent avec l’éditeur, de changer de titre. C’est vrai aussi que la période du récit est en pleine Révolution, et sa teneur devient plus intense et parfois plus violente.
Et après ?
Chaque chose en son temps, mais j’ai envie de continuer à écrire sur cette période trouble de la ville que l’on ne connaît pas toujours. Et puis j’ai aussi aimé faire voyager mes personnages dans ce second tome, jusqu’en Afrique, j’ai envie de poursuivre ce mélange d’Histoire lyonnaise et d’autre plus exotique mais toujours fortement documentée. Après, j’ai hâte de voir l’accueil que l’on réservera au Cri de la Meute, car c’est toujours le lecteur qui détermine si l’auteur a vu juste.
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Relecture et mise en page Ph.P
Installées à Lyon entre Perrache et Bellecour, les éditions Libel publient depuis 2008 des livres avec des images dedans... Maison d'édition indépendante et plateforme de diffusion/distributio...
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