Nouveau portrait du jour Antonin Sabot
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Antonin Sabot
Antonin Sabot est un journaliste et auteur.
Il a grandi entre Saint-Étienne et la Haute-Loire. Il a fait ses premiers pas de journaliste à "L’Éveil de la Haute-Loire" alors qu’il était encore étudiant à Sciences Po.
Il a vécu douze ans à Paris où il a été journaliste pour "Le Monde", reporter en France et à l’étranger, producteur et réalisateur de reportages sociaux. Il est ensuite revenu vivre dans le village de son enfance.
C’est à l’occasion d’un reportage "société", lors des élections présidentielles de 2012, qu’il est revenu dans son village, à Mézères, petite commune de 150 habitants.
Avec des amis, il y a fondé la librairie autogérée Pied-de-Biche Marque-Page. Père d'un fils, son congé sabbatique s’est transformé en congé parental. Il a mis à profit cette parenthèse pour reprendre la plume, autrement.
"Nous sommes les chardons", révélé par le Prix Jean Anglade 2020, est son premier roman...
Antonin Sabot, lauréat du prix Jean Anglade 2020 du premier roman
Bienvenue Antonin sur le très prisé et discret Culture et justice.
Antonin Sabot : Manifeste de l’écrivain en feu
« Il est toujours, sur Terre, quelque incendie en train de brûler. »
Ce sont des incendies déclenchés par les éclairs parfois, mais plus souvent par l’homme. Accidentellement, mais surtout volontairement. Ce sont des incendies déclenchés par des campeurs imprudents dans les parcs américains, ou de petits feux de brousse pour l’agriculture sur brûlis en Afrique ou en Asie du Sud-Ouest, des hectares embrasés par les firmes agricoles au Brésil, ou un bout de garrigue qui crame dans le sud pour y construire des immeubles. À tout moment, il y a un feu quelque part sur Terre. Mais tout cela n’est que la partie visible du Grand Incendie. Les flammes qui nous effraient. Plus profondément, notre civilisation est incapable de faire sans le feu. Elle s’est construite dessus. Notre espèce elle-même n’a jamais su faire sans. C’est peut-être là le vrai propre de Sapiens : il est un être de feu.
J’ai un soir rêvé d’un poème écrit sur un mur en lettres de charbon. Un message de dépit et de rage qui n’a poussé à écrire Le Grand Incendie :
Brûler pour défricher.
Brûler pour cultiver.
Brûler pour manger.
Brûler pour habiter.
Brûler pour éclairer.
Brûler pour purifier.
Brûler pour se chauffer.
Brûler pour lutter.
Brûler pour parler.
Brûler pour faire taire.
Brûler pour tuer.
Brûler pour se rassurer dans la nuit noire.
Brûler pour chasser les esprits ou leur parler.
Brûler et plier le monde à nos désirs, le brûler trop profondément pour qu’il y survive.»
Le feu est partout dans notre civilisation et pourtant, il nous fait peur. Avoir peur du feu, c’est avoir peur de soi. Avoir peur, peut-être de notre ça enfoui et qui ressort.
Depuis que le feu est venu couver sous mes yeux, je ne peux faire autrement que d’écrire dessus. Je ne me pose même plus la question de savoir pourquoi, mais plutôt de savoir si je parviendrai un jour à écrire sur autre chose.
Mon précédent ouvrage, Nous sommes les Chardons traitait de notre rapport à la nature sur un mode bien plus apaisé. Il s’agissait de l’histoire d’un jeune homme ayant grandit seul dans la montagne avec son père et qui ignore à peu près tout de notre civilisation. Lorsque son père meurt, il doit se confronter au monde. Ce faisant, on découvre son regard incroyable, celui d’un enfant presque sauvage qui a appris à écouter le vent et à voir dans le noir. Je me plaisais dans ce texte à décrire une nature non pas vierge, mais vive, vivante d’un souffle fort et animé.
Dans Le Grand Incendie, la nature va mal, elle a été maltraitée par nous, et si je me refuse à dire qu’elle se venge, du moins en sentons-nous les effets destructeurs.
Pourtant, je pense que ces deux textes ne sont pas si éloignés. À chaque fois, il s’agit de définir notre place, de savoir ce que nous faisons là et comment nous occupons le monde, comme aussi nous nous occupons de lui. Peut-être faut-il explorer deux manières complètement antagoniste, la pacifique et la guerrière, pour trouver un positionnement juste. En tout cas, je pense que je trouve là la raison pour laquelle j’écris : pour trouver une place juste en ce monde.
C’est facile à dire ainsi, à poser en quelques mots, mais cela demande des années de réflexion et de mots alignés jusqu’à ce que ça sonne juste. C’est aussi cela l’écriture : l’alignement d’une pensée et des mots qui l’expriment. En tout cas, c’est ce que je cherche depuis que j’ai abandonné mon travail de journaliste, pour arriver, peut-être, à toucher un jour la réalité d’une autre manière, plus sensible, et par là, plus profonde.
Antonin Sabot
Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."
Relecture et mise en page Ph.P
Antonin Sabot, lauréat du prix Jean Anglade 2020 du premier roman - Le blog de Philippe Poisson
En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Antonin Sabbot sur mon blog personnel. Né en