Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, l’histoire ambigüe des moines chevaliers d’Uriage.
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Olivier Wieviorka Historien, professeur à l'École normale supérieure de Cachan
1940, la Débâcle a laissé KO toute une génération de Français humiliés. La démocratie française est morte alors que s’installe le régime de Vichy. Pour redresser le pays et faire sa grande Révolution Nationale, le gouvernement du Maréchal Pétain lance de grands programmes éducatifs pour former, à son image, la jeunesse du pays, parmi lesquels la création d’une école de cadres pour la nation, prototype vichyssois de ce que sera l’ENA : l'Ecole Nationale d'Administration.
Sur un éperon rocheux au beau milieu des Alpes, le château médiéval d’Uriage accueille cette école d’un genre nouveau, dans laquelle de jeunes hommes sont éduqués à devenir les chefs de demain. Beaucoup de ceux qui fréquentent cette école ont des noms devenus célèbre dans la France d’après-guerre, comme celui de François Mitterrand. Mais gouvernée par l’ambigüe capitaine Dunoyer de Segonzac, lui-même entouré par une équipe d’intellectuels brillants, dont un certain Hubert Beuve Méry, le tout bercé par un joyeux imaginaire de chevalerie, l’école devient un espace de contestation et d’épanouissement d’une pensée libre qui va échapper peu à peu aux forces du Maréchal Pétain.
A Noël 1942, cas unique dans l’histoire de la France sous l’Occupation, c’est toute une institution de Vichy qui prend le maquis.
Un récit documentaire de Bastien Gens
Olivier Wieviorka, professeur des universités à L’ENS Paris Saclay, spécialiste de la France pendant la seconde guerre mondiale, il est notamment l’auteur d’une Histoire de la Résistance, 1940 -1945, paru chez Perrin en 2013 réédité en poche (Tempus) en 2018
Pour aller + loin :
Une utopie combattante : l'Ecole des cadres d'Uriage, (1940-1944), de Bernard Comte (Fayard, 1991)
Les hommes d'Uriage, de Pierre Bitoun (La Découverte, 1988)
Uriage de l'école des cadres à l'héritage culturel résistances et droits de l'Homme, collectif sous la direction de Olivier Cogne, Jacques Loiseau et Olivier Vallade, (Département de l'Isère, 2017) Parution dans le cadre d'une exposition qui s'est tenue en 2017-2018 au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère à Grenoble
Et le contre-point historique : Ni droite ni gauche. L’idéologie fasciste en France, de l'historien israélien Zeev Sternhell (en poche chez Folio-Histoire, nouvelle édition 2012)