Nouveau portrait du jour Maggy De Coster
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Maggy De Coster
L'interwiew est réalisée par notre amie Nathalie Maranelli
Nathalie Maranelli est née à Paris en 1971, d’une mère brésilienne (gaucha) et d’un père français (charentais). Dès son plus jeune âge, elle vivra à l’étranger en tant qu’expatriée. De retour à Paris, enrichie de ses voyages, elle exercera plusieurs métiers et décidera de se lancer dans ses passions : danse, théâtre et littérature…
Femme engagée dans le combat humaniste pour la défense de l’Amazonie, sa terre et ses cultures, Nathalie Maranelli signe un second ouvrage après « Parfums d’infancia« , récit autobiographique (L’Harmattan 2014)
Bienvenue Maggy et Nathalie sur le très prisé et discret Culture et justice.
"Parler de soi n’est pas toujours chose aisée, car comme dit l’autre : « On ne peut pas être au balcon et se regarder passer dans la rue ». Puisque je n’ai pas le choix, je me soumets à l’exigence du moment c’est-à-dire dresser mon parcours de femme depuis Haïti mon pays natal jusqu’en France mon pays d’adoption.
Je suis née à Jérémie ( Haïti), ville située dans la partie sud-ouest du pays et chef-lieu du département de la Grand-Anse et baptisée cité des Poètes pour avoir vu naître bon nombre de grands poètes haïtiens comme Jean F. Brière, Emile Roumer, Etzer Vilaire, Robert Lataillade, Edmond Laforest, Roland Chassagne et bien d’autres. C’est également le lieu de naissance du Général Alexandre Dumas. C’est une ville qui eut jadis un passé culturel prestigieux et qui a malheureusement connu le génocide de la bourgeoisie métisse, perpétré par le sanguinaire Duvalier Père. Mon nom de jeune fille est Lizaire et j’ai pour ascendance Joseph LIZAIRE époux de Renotte YOBENNE, tous deux métis nés à Jérémie durant la colonie française, affranchis et possesseurs d’esclaves par la suite !
Ma mère était métisse née à Santiago de Cuba. Bien que je ne connaisse pas Cuba physiquement je voue un grand attachement à ce pays qui a vu naître mes deux parents [mon père était né à Camaguey]. Je ressens toujours un pincement au cœur du fait que je n’ai pas connu mes grands-parents maternels morts à Cuba. Mon rêve c’est d’aller un jour dans ce pays chercher leurs traces si possibles. J’affectionne beaucoup l’espagnol et pour cause j’ai plusieurs publications bilingue français/espagnol dont trois ont fait l’objet de mémoires de licence et de maîtrise à l’Université de Cagliari en Sardaigne (Italie). Un doctorat est en cours à la même Université sur une de mes publications bilingues en tant qu’autotraductrice et poète intuitiste (1).
Je me passionnais pour l’écriture dès ma plus tendre jeunesse où je couchais sur papier mes premiers vers. J’étais déjà un rat de bibliothèque car j’adorais lire. J’étais en 3ème- quand je suis devenue la co-directrice de la revue poétique intitulée « La Jeune Muse ». J’ai découvert les auteurs français avant même les auteurs haïtiens car on apprend en Haïti la Littérature française en premier lieu. J’apprenais les Fables de La Fontaine qui m’ont inspiré mon premier poème puis Apollinaire, Rimbaud, Leconte de Lisle, Paul Claudel, André Lévesque (une poétesse canadienne), les surréalistes, les incontournables comme Baudelaire, Verlaine Rimbaud et bien d’autres. Je suis inclassable, me disait le poète haïtien Dominique Batraville, mais moi je me considère comme universelle.
Côté haïtien, j’ai aimé Roussan Camille, le poète de « l’Etincelle », René Depestre, d’ailleurs, un critique disait que je frisais leur fougue dans mon tout premier recueil de poème Nuit d’Assaut.
A Port-au-Prince, la capitale, j’ai été repérée par le poète et professeur de Lettres Christophe Charles qui publiait mes poèmes dans « La revue des écoliers » qu’il dirigeait avant de m’accorder une pleine page dans sa rubrique au quotidien Le Nouveau monde, intitulée « Poètes pour demain ».
Comme tant d’autres poètes de ma génération, j’ai eu le bonheur d’être éditée à l’adolescence par le professeur de lettres susmentionné qui avait une maison d’éditions. Cette précocité s’explique par le fait que nous étions tous préoccupés par la dégradation de la situation sociopolitique du pays et par le besoin de dire notre refus des conditions matérielles d’existence dans lesquelles évoluait le peuple haïtien même si nous avions eu la chance de vivre différemment.
Faisant mienne cette pensée de Raoul Follereau « On n’a pas le droit d’être heureux tout seul, mon postulat de base était d’écrire pour changer, « changer la vie » comme dit Rimbaud. Et aussi « Ecrire pour se guérir » comme s’intitule-le livre de Jean-Yves Revault. En résumé, j’inscris le bonheur d’autrui dans ma praxis de femme poète, journaliste et écrivain. Ainsi je ne me sens heureuse que dans le partage.
Eternelle première de la classe, j’étais habituée aux félicitations, aux applaudissements, aux cadeaux et cela me forçait à donner toujours plus, à ne pas décevoir, à aller toujours de l’avant, donc cela a eu impact sur moi tout au long de ma vie et même sur ma carrière d’écrivain. Je ne m’étais pas du tout prise au sérieux même si j’étais passionnée par l’écriture qui se révélait un besoin voire une nécessité. C’est grâce aux encouragements de mes lecteurs qui voyaient en moi –comme dans beaucoup d’autres jeunes de ma génération– un espoir pour demain et qui me disaient à chaque fois à « quand le prochain recueil » que j’avais fini par comprendre qu’il y avait une attente à honorer et que j’étais une vraie autrice en devenir et qu’il fallait combler les attentes en écrivant pour être publiée. Dans la foulée, on me rappelait que j’étais l’enfant qui avait marqué sa région pour avoir été la première fille à être lauréate générale sur plusieurs centaines d’élèves aux examens officiels de fin d’études primaires en Haïti.
Bien que passionnée par le monde littéraire, je voulais être médecin : être un penseur pansant les plaies physiques, j’ai préparé le concours et n’ai pas réussi mais je ne regrette rien.
Cela dit, dès mon plus jeune âge, je me sentais déjà proche des autres, je sentais germer en moi l’Amour, j’avais envie de donner et j’avais vite compris qu’il fallait donner de façon
désintéressée. Je pose toujours un regard attentif autour de moi, je sonde les choses, je questionne les gens, je traduis leurs maux avec les mots que je couche sur le papier, je révèle, je traduis ce que je lis dans leurs pensées.
Après une formation de journalisme multimédias au Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) à Paris, le diplôme de l’IFP, (l’Institut Français de Presse), et un DEA de Sociologie du Droit et Relations sociales à Paris II ( Diplôme d’Etudes Approfondies) de Sociologie du droit et relations sociales et un stage à Radio France- Hérault à Montpellier, j’ai eu à travailler pour un journal du sud de la France, Le Journal de l’Ariège en tant que principale correspondante à Paris et comme journaliste indépendante pour d’autres journaux en Suisse, en Angleterre et même à la Barbade dans les Caraïbes. Comme j’adorais les études j’ai passé six années sur les bancs de l’Université. Mais cela ne m’empêchait pas de mener à bien plusieurs activités en même temps, ce qui avait impressionné la personne qui m’avait reçue en 1990 à l’inscription en DEA de Sociologie du Droit et Relations sociales à Paris II Panthéon, en me disant, à la vue de mon CV : « vous avez fait toutes ces choses-là en si peu de temps !», compte tenu de ma jeunesse d’alors.
Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, Sociétaire et ex-membre du Comité Directeur de La Société des Poètes Français, je fus également rédactrice en chef de l’Agora, la revue de ladite Société, j’organisais pendant quatre ans au sein de ladite Société une rencontre poétique et littéraire mensuelle baptisée « AU RENDEZ-VOUS DES LECTEURS », et donnais également des conférences. En juin 2009, je fus élue à la Commission d’Information et de Contrôle des Associés à la SOFIA. Après avoir obtenu le Premier Prix de Poésie de L’Académie international Il Convivio en Sicile en 2003, j’ai été désignée d’office comme membre du Jury en 2012. Pendant trois ans, je fus membre du Jury du Prix Calliope de Poésie de Maisons Laffitte. Mes poèmes sont traduits en espagnol, en italien, en catalan, en anglais, en roumain et en arabe.
Sur le plan professionnel, j’ai effectué plusieurs voyages à l’étranger dans le cadre des mes activités féministes, journalistiques et poétiques : La République Dominicaine, les USA où j’ai suivi une formation sur le journalisme à l’américaine à la Voix de l’Amérique avant de visiter six autres villes dans différents états où j’ai découvert les grandes chaînes de télévisons comme ABC et NBC sans oublier les grands quotidiens comme le Mimi Herald et de visiter l’Ecole de Journalisme de Caroline du Nord. Tout cela pendant un mois. J’étais la seule fille parmi neuf garçons. Dans le domaine littéraire, citons La Tunisie, l’Italie, la Colombie, le Panama, le Brésil, l’Argentine. J’ai obtenu plusieurs prix et distinctions en France en Italie et en Amérique latine pour mes publications en tous genres, mes traductions et interventions.
Cela dit, même quand je pars pour des voyages d’agrément, mon instinct de poète-journaliste-écrivain est toujours présent. Je suis « le dangereux personnage qui ne va ni sans ses yeux ni sans ses oreille » pour emprunter cette phrase appliquée à Molière par ses détracteurs. Rires.
(1) « […] l’intuitisme est aussi une philosophie qui prône des valeurs communes entre les cultures, les civilisations, les religions. C’est une façon spontanée de ressentir et de réinventer le monde qui cultive nos intuitions les plus humaines. En ce sens, l’intuitisme est un nouvel humanisme. C’est une des raisons pour lesquelles le romancier et poète Hédi Bouraoui, père du transculturalisme et du transpoétique, a rejoint le groupe. Intuitisme, transculturalisme et transpoétique sont philosophie et concepts complémentaires. » D’après Eric Sivry, inventeur du concept.
Poursuivant mon petit bonhomme de chemin, j’ai rencontré mon mari. Chose étrange, c’est que un des ses aïeuls du côté de la mère de son père, le Comte Antoine-Louis de Gourdon qui fut vice-amiral sous Napoléon, débarqua à Port-de-Paix à la tête d’une expédition navale à Saint-Domingue, c’est-à-dire l’actuelle République d’Haïti. Eut-il pensé à l’époque que deux siècles plus tard un de ses descendants allait épouser quelqu’un de cette ancienne colonie française ?
Portraits : Vice-amiral Antoine-Louis de Gourdon, ancêtre de la famille De Coster et son épouse Antoinette Gauné de Cazau
Ayant été en contact avec le milieu français depuis Haïti, je ne m’étais pas sentie perdue en arrivant en France pour faire des études de journalisme. Je n’ai jamais eu peur de l’inconnu, car toute ma vie j’ai eu affaire à des circonstances inattendues. En outre, je suis quelqu’un qui ne baisse pas les bras devant les difficultés et je n’abandonne jamais ce que j’ai commencé, donc je suis et je reste quelqu’un de très déterminé. Je me suis toujours dit que : si j’arrive à réussir dans telle ou telle domaine, ce n’est pas parce que j’ai de la chance mais tout simplement parce que je suis très patiente, très obstinée et très dure envers moi-même et dans cette perspective, je ne supporte pas l’échec ; je suis toujours prête à recommencer tout en repartant sur de nouvelles bases. J’ai envie de dire aussi parce que je me suis toujours pensée d’abord en tant qu’être humain avec les forces et les faiblesses y relatives, l’intelligence et les capacités d’adaptation universelles au lieu de me considérer comme une femme noire à verser dans le communautarisme et le repli sur soi. Cela dit, je fais les choses avec amour et passion et non par avidité de gains matériels. L’important pour moi c’est de faire ce que j’aime et d’être bien avec moi-même et avec les autres. Je cultive chez moi l’amour et la générosité.
Cosmopolite dans l’âme, j’ai intégré d’emblée les valeurs de mon pays d’accueil sans me sentir aliénée des valeurs de mon pays d’origine dont je suis également fière. J’ai plutôt mal face à la détresse des autres. Partant de mes principes humanistes, je conçois que je ne dois pas rester indifférente face à la souffrance de mes semblables, quelles que soient leurs origines ou leur nuance épidermique, car un individu se définit ou se caractérise a priori par son essence humaine, ses émotions, ses sentiments, sa capacité de penser, de réfléchir, de s’exprimer, quelle que soit la langue utilisée.
Ma perception de l’écriture (poétique)
Chaque fois que l’on écrit un poème ou simplement quelques phrases, c'est une parcelle de son être qu'on offre à ses lecteurs qui peuvent la rejeter ou l'accepter selon la force et la nature des vibrations qu'elle déclenche chez ces derniers.
La démarche d'écrire répond à un besoin de survie, une nécessité d'être ou une volonté de conjurer ou d'exorciser des situations insoutenables mais aussi d'immortaliser des situations heureuses, inattendues ou inespérées.
En un mot, la poésie met le poète à l’écoute de son être intérieur, en confrontation avec lui-même, « son moi profond », pour mieux percevoir l’évolution de ses facultés intrinsèques.
Mes écrits sont des écrits à tiroirs qui sont d’une subtilité profonde. Je n’écris pas pour écrire, j’écris par nécessité, c’est en quelque sorte pour moi un besoin vital, comme l’air que je respire. Chaque fois que je me mets à écrire, c’est comme un appel venu de je ne sais où, et c’est pour cela que je ne m’inquiète pas quand je connais des passages à vide ; je me dis toujours que le déclic se produira dès que possible.
L’écriture peut avoir aussi pour l’écrivain un effet cathartique, en ce sens qu’il lui procure un effet libérateur. Elle est pour moi un moyen de survie face aux agressions de l’existence. En résumé, la nature m’a donné le don d’écrire pour mieux décrire ses revers et y résister.
Ma plus grande satisfaction est d’être lue et comprise, de savoir que mon message est bien reçu et qu’il est utile aux autres.
L’obstination a été toujours mon point fort : ne jamais abandonner ce qu’on a commencé, en d’autres termes aller jusqu’au bout dans tout. Ne supportant pas l’échec, je suis toujours prête à repartir sur de nouvelles bases ou dans une autre direction avec l’idée de remporter la victoire, ce qui, tant de fois me faire dire : A quelque chose malheur est bon. Donc l’échec, les déceptions peuvent être aussi stimulants. Compte tenu de mon éducation, j’ai pris ma vie en main très tôt, car je savais que je n’avais pas le droit à l’erreur. Je m’accrochais à mes études comme à une bouée de sauvetage. Sans faire de prosélytisme, je peux dire que j’ai eu la chance de faire mes études dans une école privée catholique où la discipline était de rigueur et où chacun savait qu’il était là pour apprendre et devenir réussir.
Mon rêve a toujours été de créer un salon littéraire pour faire revivre l’esprit poétique du XVIIe siècle et une revue qui répercute ma vision du monde, c’est-à-dire une revue ouverte à tous les genres littéraires et à tous les poètes du monde mais en même temps de qualité. En résumé une revue qui reflète, l’éclectisme et le cosmopolitisme. De 2011 à 2019 j’organisais un salon littéraire réunissant poète comédien musicien et musicien autour d’un apéro dinatoire juste avant Noël, mais j’ai dû abandonner à cause du Covid.
La naissance de la revue Le Manoir des poètes
Créer une revue de poésie et la faire perdurer n’est pas toujours chose facile. Pour ainsi dire, je me rappelle ce samedi du mois de mars 2000 quand à une soirée poétique très courue du quartier latin j’ai annoncé mon projet de lancement du Manoir des Poètes. J’énumérais les différentes rubriques et lançais un appel à des soldats de bonne volonté pour les alimenter. Une femme poète de me lancer : « Tu ne trouveras pas ». Pour opiniâtre que je suis, je ne m’étais pas laisser décourager par cette petite phrase, car je croyais dur comme fer à l’aboutissement de mon projet. Rien ne pouvait m’arrêter, même la maladie, sauf la mort. Je me suis payé la plus grosse part du travail : depuis la collecte des articles, leur correction jusqu’à la distribution en passant par le rédactionnel, la frappe des articles, la logistique, la fabrication.
En 15 ans, Le Manoir des Poètes, revue semestrielle à vocation poétique, culturelle et littéraire avait fait du chemin et ce, grâce à son éclectisme, à son caractère innovant, à sa pluridisciplinarité littéraire et à sa politique éditoriale d’ouverture. Une ouverture sur les cinq continents avec le lancement d’une anthologie en 2006 sur la thématique du Printemps des Poètes de la même année, « Le chant des villes ». Dans cette perspective, j’ai ouvert le site du Manoir des Poètes aux poètes de tous pays dans la rubrique « Poèmes d’ici et d’ailleurs » et
de façon désintéressée. Plusieurs prix et grands prix sont nés également. Plus prosaïquement, des produits dérivés comme des T-shirts et un parfum avec le logo de la revue avaient vu également vu le jour.
Le Manoir des Poètes a-t-il fini par s’imposer dans le paysage culturel. Il arrive également à dépasser les frontières de l’Hexagone en s’ouvrant à un lectorat européen voire international. A cet effet, il est salué par d’autres revues amies et pas des moindres en l’occurrence la prestigieuse revue Le coin de Table de la Maison de Poésie, Fondation Emile Blémont, La Forêt des Mille Poètes, Ecrire & Editer, Inédits Nouveaux de Belgique et bien d’autres. J’avais une bonne amie poète à l’époque avec laquelle j’avais fait du théâtre, qui s’était prêtée également au jeu en me donnant des textes et des articles et en automne 2000 le 1er numéro du Manoir des poètes était prêt et il était bien reçu. Même s’il était réalisé avec les moyens du bord, la qualité était au rendez-vous. La couleur s’annonçait avec un colloque de Paris XIII sur Léopold Sédar Senghor y compris une lettre du président Jacques Chirac honorant la personnalité du poète académicien.
A l’époque je travaillais comme journaliste pour un hebdomadaire régional et j’étais chargée de couvrir les actualités littéraires de Paris. Je fournissais plusieurs « papiers » par semaine, des pleines pages.
Qu’en est-il des moyens financiers ?
La revue paraissait avec mes propres moyens car c’était comme un enfant désiré que j’élevais toute seule. La naissance de la revue est atypique en ce sens que je l’ai créée indépendamment d’une association donc je ne misais que sur la vente au numéro et les abonnements simples ou de soutien. Cela dit, quelques âmes généreuses comme Jean-François Blavin en tant que collaborateur, et bien d’autres souscrivaient d’emblée à un abonnement de soutien. Mais cela ne suffisait pas pour couvrir les frais de publication, je mettais toujours la main à la poche à hauteur de plusieurs centaines d’euros pour arriver à mes fins.
L’aspect physique de la revue
La talentueuse dessinatrice Nicole Durand, honora le frontispice de la revue d’un Manoir comme logo et illustra quelquefois les pages intérieures. Le nombre de colonnes par page était au départ de 4 et passa 2 par la suite. Je faisais tout en amont et en aval depuis la collecte des textes, le tri, la hiérarchisation, le chemin de fer etc. Chaque numéro avait les mêmes rubriques de façon à fidéliser le lectorat donc à attirer son attention sur ses rubriques préférées personne ne lisant une publication du début à la fin.
De la création d’une association :
Les débuts ayant été très difficiles, je ne pouvais me payer le luxe d’une impression classique. Je faisais des photocopies et pliais les pages et les agrafais manuellement. Pour cela je prenais des heures sur mon sommeil. Et de surcroît, j’avais la double journée comme toutes les femmes. Dès la sortie du premier numéro de la revue, elle a été appréciée. Des abonnements commençaient à arriver.
Au bout de cinq ans soit en 2005, j’ai doté la revue d’un cadre légal en créant une association dont elle est éponyme, association ayant pour but de promouvoir la langue française par la création littéraire, les conférences en France et à l’étranger, ce qui m’a permis de bénéficier d’une subvention annuelle de 100€ de la Ville de Montmagny, une somme dérisoire qui ne suffisait même pas pour couvrir les frais postaux d’autant que je faisais des envois à l’étranger compte tenu de l’ouverture de la revue aux poètes de langues étrangères.
J’avais obtenu un partenariat avec la Municipalité dans le cadre d’un projet associatif baptisé Politique de la ville en animant des ateliers d’écriture (Contes et poésie) de l’Ecole Maternelle au Collège ; l’argent versé au nom de l’association m’avait permis de payer les frais d’impressions et autres, c’était une autre forme de mécénat de ma part, car je travaillais en quelque sorte pour pouvoir supporter les coûts de fabrication de la revue. Tout reposait sur moi et ce, en amont et en aval. Grande fut ma satisfaction de recevoir des lettres d’encouragement émanant des poètes et critiques heureux ou contents d’avoir eu une tribune et d’être lus.
Du contenu de la revue
J’avais le souci de donner un aspect magazine au Manoir des poètes en matière de présentation, de répartition des articles, c’est-à-dire faire en sorte qu’elle soit le reflet de ma formation et de ma pratique journalistiques. Cela dit, j’y avais fait place non seulement à des poètes de langue française mais à ceux de langue catalane comme Marius Torres, LLuis LLach, traduit en espagnol par Xavier Diez de l’Université de Gérone et en français par votre servante (la publication des poèmes et interviews et autres en plusieurs langues permettait à la revue de franchir les frontières et d’élargir son lectorat) et aussi des poètes hispano-américains.
Nombreux furent les contributeurs comme : Jean-François Blavin, Jean L’Anselme, Christophe Dauphin, Anne-Paule Kassis, Universitaire et didacticienne, Patricia Izquierdo de l’Université de Nancy.
Des études, des interviews, des poèmes, des comptes rendus, des recensions de roman, des nouvelles, des portraits, des études, des critiques de pièces de théâtre, nourrissaient la revue par la présence de Camille Claudel, Federico Garcia Lorca, Fernando Pessoa, Thomas Staerns Eliot, Vielé-Griffin, Frida Kahlo, Lucie Delarue Mardrus sous les plumes des critiques et universitaires.
J’ai été sollicitée tant par des auteurs très connus pour être publié dans la revue que par des illustres inconnus de France et de l’étranger qui par la suite ont pu se faire éditer par des éditeurs à compte d’éditeur.
Place a été également faite à la poésie de jeunesse et aussi des contes j’ai fait écrire par des jeunes en atelier d’écriture dans une rubrique baptisée : Echo des chérubins.
En corollaire à cette revue, en 2006, dans le cadre du Printemps des Poètes, j’ai publié une Anthologie (Le Chant des villes) où figurent les poètes des cinq continents).
Le tirage, la périodicité, le nombre de pages, le mode de vente
Le Manoir des Poètes en tant que revue semestrielle tirait à 300 exemplaires, un tirage qui quelques années plus tard, sera réduit de moitié en changeant de périodicité, c’est-à-dire devenant annuelle mais en restant quand même très volumineux car le premier contenait 34 pages et le dernier en contient 96 pages, donc cela allait croissant. Le prix au numéro allait de 3, 50€ à 10€ et l’abonnement de soutien 20€.
J’ai réussi à faire connaître la revue un peu partout dans mes pérégrinations en Amérique latine, au Panama en 2012 où j’ai fait une conférence en espagnol à L’Université Santa María la Antigua, conférence intitulée « Cuando el destino de Victor Hugo cruzó el de Louise Michel», à Brasilia en 2014 sur « Le Baroque et son influence sur la littérature française », qui figure dans les actes du colloque universitaire en bilingue espagnol-portugais. La revue est aussi connue en Italie, en Suède où j’ai eu à faire un reportage, au Brésil, à la Bibliothèque de l'Alliance Française de Natal par l’entremise du Professeur de français Bernard ALLÉGUÈDE et de l'écrivain Roberto DA SILVA. En 2014 j’ai publié en 4ème de couverture une des toiles du peintre brésilien de renom Dorian GRAY CALDAS, décédé en janvier 2017. L'artiste m'avait fait l'honneur de poser avec la revue en main aux côtés de notre ami commun Roberto DA SILVA.
Je ne saurais conclure sans parler des Prix et Gand Prix du Manoir des Poètes qui ont duré de 2004 à 2007. Notons en passant le Grand Prix du Manoir des Poètes 2004 attribué à Yvonne- Le Meur-Rollet pour son recueil intitulé L’aube des Brûlures, édité par le Manoir des Poètes.
Tous les numéros du Manoir des Poètes font partie des fonds bibliographiques de Villefontaine, La Poéthèque - bibliothèque associative de revues littéraires et/ou poétiques - est essentiellement une base de données documentaire couvrant 50000 exemplaires de numéros de revues, issus de près de 3000 titres différents.
Les numéros de la revue sont également conservés par l’association ARPO dans la ville de Carmaux dans le Tarn, au conservatoire des revues de poésies. « Enseignants, chercheurs, amateurs peuvent consulter cette bibliothèque aux documents uniques. Sans doute le plus grand fonds de lecture disponible en France (après la Bibliothèque Nationale). » D’après son fondateur Jean-Louis Aguié.
Désormais Le Manoir des Poètes n’existe en tant qu’association ayant pour but de faire des conférences et de créer des événements littéraires dans des lieux comme La MAISON DE L’AMERIQUE LATINE (présentation des poètes latinos traduits par mes soins). Comme c’est le cas depuis 2010 sans interruption. Le site https://www.lemanoirdespoetes.fr/ reste toutefois actif.
Quelle belle aventure !
Maggy DE COSTER"
Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
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Relecture et mise en page Ph.
Le Manoir des Poètes - Page d'accueil
publiée dans le cadre de la 8 e édition du Printemps des Poètes Le Chant des Villes, format 13x21, prix public: 18€, Editions Dianoïa, Diffusion: Les Presses Universitaires de France Préface...
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