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Cliché photographique Jules Gaillard

 

Nouveau portrait du jour de Amandine Simoni Auteure

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Amandine Simoni Auteure 

Bienvenue Amandine sur le très prisé et discret Culture et justice.

 

Merci à Sophie Clauzier pour sa contribution à la réalisation du portrait du jour d' Amandine

 

 

Le 7 février dernier est paru Le Retour à Itacoal (éditions Le Poisson Volant), roman qui raconte l’histoire d’Antoine, un Marseillais qui part en 1980 investir dans des terres en Amazonie, et de sa fille Stéphanie, qui retourne sur les traces de son père quarante ans plus tard. Sophie Clauzier, qui a adoré le livre, a posé quelques questions à l’auteure dont c’est le premier roman. Amandine Simoni nous parle de la genèse de son livre, des thèmes forts de l’histoire qu’il déroule, et de son propre parcours.

Amandine, Le Retour à Itacoal est votre premier roman, mais vous n’en êtes pas à vos premiers pas dans les disciplines artistiques. Pouvez-vous revenir sur votre parcours des plus atypiques ?

Avec plaisir, Sophie ! J’ai commencé les pratiques artistiques dès mon plus jeune âge, avec le théâtre et ensuite la musique. J’ai intégré à 15 ans le Conservatoire d’Art Dramatique de la ville de Marseille, dans laquelle je suis née et j'ai grandi, avant de partir étudier la comédie à Paris, pour finalement me consacrer à la musique pendant six années durant lesquelles j’ai eu le privilège d’étudier les musiques jazz et improvisées avec des professeurs passionnés. Finalement lassée du milieu artistique et de ses difficultés, j’ai repris des études universitaires grâce auxquelles j’ai parcouru le monde entier et travaillé dans l’industrie du cinéma et de la tech, notamment au Brésil. 

Le Brésil est justement le pays dans lequel se déroule une grande partie de votre roman. Pouvez-vous résumer l’histoire de votre magnifique livre ?

Le Retour à Itacoal est l’histoire non pas d’un, mais de deux voyages initiatiques qui débutent à Marseille et emmènent le lecteur au Brésil. L’histoire gravite autour de deux personnages principaux : Antoine, qui quitte son quartier ouvrier en 1981 pour investir dans des terres en Amazonie brésilienne, et Stéphanie, sa fille, qui retourne des dizaines d’années plus tard sur les traces de son père. J’ai voulu évoquer dans ce livre deux destins qui s'entremêlent avec pour toile de fond le Brésil, qui, comme nos deux personnages, connaît au cours de l’histoire des bouleversements qui influent sur son destin. 

Vous avez vous-même vécu au Brésil, ainsi que votre père. Le Retour à Itacoal est-il inspiré d’une histoire vraie ?

Le Retour à Itacoal est une fiction, mais il est vrai que je me suis beaucoup inspirée du parcours de mon père, originaire de Marseille et parti à Rondônia, en Amazonie brésilienne, au tout début des années 1980, ainsi que du mien. En effet, après avoir étudié le portugais et l’Histoire du Brésil à l’université d’Aix-en-Provence, j’ai moi-même vécu de nombreuses années à São Paulo. La musique brésilienne est aussi un des fils rouges du roman, et c’était une des nombreuses passions que mon père et moi avions en commun.

À travers les aventures du personnage d’Antoine, on découvre un pan méconnu de l’Histoire du Brésil, et surtout de l’Amazonie. J’ai énormément appris en lisant votre livre, et j’ai compris beaucoup de choses au sujet de la situation actuelle dans la forêt vierge.

Merci beaucoup Sophie ! Effectivement : le personnage d’Antoine débarque à Rondônia, territoire d’Amazonie brésilienne à la frontière avec la Bolivie, en janvier 1981, lorsque le gouvernement militaire en place (la dictature militaire au Brésil durera de 1964 à 1985) décide d’exploiter la forêt vierge pour des raisons politiques et surtout économiques. Des centaines de milliers d’hectares de forêt sont alors distribués à des familles d’agriculteurs venues de tous le pays, ou vendus à des investisseurs brésiliens et étrangers dont beaucoup ont le projet d’y produire du café ou du cacao destiné à l’exportation, comme c’est le cas d’Antoine. Les terres sont alors très prisées et l’Amazonie devient peu à peu le théâtre des violences que l'on connaît aujourd’hui, un territoire où les hommes s’entretuent pour des lopins de terre, et où la Nature est détruite. Sans compter l’entrée en scène d’une maladie endémique qui vient dévaster les plantations de cacao non seulement d’Antoine, mais du Brésil tout entier : a vassoura de bruxa, dont le nom en portugais signifie littéralement « le balai de la sorcière ». 

J’ai personnellement trouvé votre premier roman très ambitieux, car il aborde de nombreux thèmes : le voyage initiatique et la quête de l'ascension sociale, les inégalités de destins, en même temps qu’il évoque le fantasme de l’Européen qui s’en va explorer le Nouveau Monde tel un conquistador des temps modernes. Comment vous y êtes-vous prise pour écrire Le Retour à Itacoal ?

J’avais en tête depuis longtemps une histoire qui parlerait d’un père, de sa fille, et du Brésil. J’ai un temps échangé avec mon père afin qu’il m’en dise un peu plus sur ses aventures en Amazonie, puis je suis passée par une longue période de recherches historiques que j’ai effectuées sur des sites internet brésiliens. Cela m’a aidée à créer l’atmosphère du village amazonien d’Itacoal, ainsi que les personnages brésiliens de Cláudio, de Santini et de son épouse Maria, qui sont des pionniers débarqués en même temps qu’Antoine, mais qui, à l’inverse de lui, ne sont pas grands investisseurs, mais des personnes humbles venues en Amazonie pour travailler une petite surface de terre et s’y construire une vie paisible. Ce qui m’a inspirée dans l’Histoire contemporaine de l’Amazonie, c’est que cette région est une sorte d’univers à part où se côtoient misères et richesses, violence et quiétude, aventuriers et chercheurs d’or, petits paysans et grands investisseurs. J’ai ensuite inclus dans tout cela ma propre vision du Brésil, bien différente de celle de mon père, car j’y vivais encore tout récemment, bien loin de l’Amazonie, dans la forêt de béton de São Paulo, une mégalopole d'environ treize millions d’habitants. 

Un commentaire publié sur le web par un de vos lecteurs parle de « la musique si particulière de votre œuvre. » Je sais que plusieurs personnes vous ont déjà fait ce retour. Qu’en pensez-vous ? 

Le Retour à Itacoal est ma première expérience d’écriture, et je n’avais pas de méthode lorsque j’ai commencé à écrire ce roman. Alors, j’ai utilisé les techniques que je connaissais, c'est-à-dire celles de l’écriture musicale et de la composition apprises lors de mes années de Conservatoire. J’ai écrit Le Retour à Itacoal comme on compose une musique : je relisais à voix haute chacun de mes chapitres, de mes paragraphes, voire parfois chacune de mes phrases, et je les travaillais jusqu’à ce que tout « sonne » comme je l’entendais dans ma tête. Donc, je pense que ces retours ont du sens et en tant que musicienne et maintenant auteure, ils me font très plaisir ! Par ailleurs, j’ai eu la chance de me voir offrir par le musicien Didier Sustrac une préface à mon roman que je trouve personnellement magnifique et qui introduit à la perfection mon histoire. 

Plusieurs des personnages centraux de votre roman sont des hommes : on suit les aventures des Marseillais Antoine et Michel, et des Brésiliens Cláudio et Santini. Comment avez-vous vécu l’expérience de créer des personnages masculins ?

Nous avons tous en nous une part de féminin et de masculin, et je pense qu’une des forces de l’artiste est de savoir faire ressortir l’une ou l’autre selon les besoins et de se mettre dans la peau de différents personnages. Mon expérience de comédienne m’a également beaucoup servi dans l’écriture de mon roman. J’ai découvert qu’en écrivant, on incarnait tous les personnages de son histoire et cela m’a rappelé le travail de l’acteur, et même plus : dans mon roman, je peux à la fois jouer tous les personnages et être la metteuse en scène et la créatrice de tous les décors de mon histoire. Écrire est une expérience artistique solitaire et très complète à la fois.

Vous allez donner envie d’écrire à beaucoup de personnes ! Et de lire aussi. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre maison d’édition, Le Poisson Volant ? Aussi, où pouvons-nous nous procurer votre roman ?

Vous pouvez vous procurer Le Retour à Itacoal en librairie ou bien sur internet, en version papier ainsi qu’en e-book, et vous pouvez aussi me suivre sur mes pages Facebook et Instagram « Amandine Simoni Auteure ».  Le livre paraît aux éditions Le Poisson Volant. Cette maison d’édition est née en 2014 de la volonté de l’éditrice Laure Élisabeth Collet d’aider à la diffusion de la culture lusophone en France. Leur ligne éditoriale se concentre sur les œuvres en portugais traduites en français, et depuis peu aussi sur les œuvres originales en français, traitant du monde lusophone et d’Aix-en-Provence. "La publication du Retour à Itacoal est le fruit d’une belle aventure littéraire et humaine avec Laure, qui m’a accordé un soutien sans faille et a pris des risques en publiant le premier roman d’une parfaite inconnue telle que moi ! Je la remercie vivement. 

Et finalement, êtes-vous retournée à Itacoal ?

(rires) Pour le savoir, il faudra lire le livre ! 

Crédit photos d’Amandine Simoni : Jules Gaillard. 

Propos recueillis par Sophie Clauzier. Sophie est originaire du Sud de la France et a vécu de très nombreuses années au Brésil. Elle vit aujourd’hui à Marseille et est une passionnée de lecture. 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P  

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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