Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Xavier André Pierre Lauprêtre, auteur et photographe (Crédit photographique)

 

Nouveau portrait du jour : Claire Marin

 Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Claire Marin

Bienvenue Claire  sur le très prisé et discret Culture et justice. 

L’interview est réalisée par notre amie Frédérique de Lignières, éditrice et romancière.

"Passionnée par les contes de fée, le fantastique et l’imaginaire, la romancière vit dans la forêt d’Orléans en compagnie de ses animaux familiers. Elle compose des poèmes et écrit des nouvelles depuis son plus jeune âge. Durant sept ans, elle a rédigé un magazine artistique et culturel qui a connu une audience internationale. Elle fait des conférences sur des sujets artistiques et littéraires et elle a animé durant deux ans une émission consacrée à l'art sur une radio locale.. En 2016, Frédérique de Lignières a publié un roman de fantasy dédié à ses deux filles : « L’alliance ».  Et en 2018 elle a composé un recueil de nouvelles inspirées par l'histoire de la forêt d'Orléans : "La légion bretonne et autres nouvelles de la forêt d'Orléans" (éditions de l'Ecluse). Elle est également l'auteur de "Bigué" un roman dont l'action se situe à Dakar dans les années 50.

Frédérique vient de créer une petite maison d'édition L'Andriague et elle se consacre à la faire vivre et à faire connaître les auteurs francophones qu'elle publie. On trouve dans son catalogue des romans, des nouvelles et de la poésie." 

 

L'interwiew de Claire Marin

 

Cliché Linda Aldeano

 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique ?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu peindre et écrire. J’écrivais mes poèmes sur mes tableaux, je voyais des couleurs, des mots, des pièces de théâtre. C’était comme un grand puzzle à l’intérieur de moi. J’étais donc résolue à faire une école d’arts plastiques. Mais la vie en a décidé autrement et j’ai donc eu la chance d’exercer de nombreux autres métiers, d’enrichir mes connaissances, et de suivre, de fait, un parcours autodidacte. Avec le recul, c’est ce chemin qui a tissé mon écriture.

Justement, en tant que peintre et comédienne, qu’a apportée l’écriture à votre parcours artistique ?

L’écriture a structuré mon travail. C’est elle qui a rassemblé le puzzle. Comme un squelette qui articule un corps, les mots soutiennent le mouvement. C’est ce que je retrouve dans l’écriture théâtrale. Ce « spectacle vivant » que nous sommes et qui s’exprime dans toutes les formes de création. Et la création m’habite de manière si prégnante qu’il me fallait des fondations solides pour la canaliser. Ecrire est une manière de libérer cette énergie... qui souvent part aussi dans tous les sens, et que la calligraphie m’apprend à épurer. La calligraphie amène au sens de la ligne. A cette ligne en soi qui traduit la vibration de notre cœur, qui bouge quand nous respirons, et qui cesse de bouger quand nous ne respirons plus. Comme un électrocardiogramme. C’est au Japon que j’ai pris conscience de cette place de l’écriture en nous. L’écriture, c’est notre esprit en action.

Le Japon vous a fait découvrir la calligraphie, mais comment en êtes-vous venue à pratiquer la calligraphie de l’alphabet hébraïque ?

Au Japon, j’ai effectivement rencontré cet art du trait, et surtout « mon noir ». Le noir de l’encre. Avant, je ne parvenais jamais à utiliser du noir dans mes tableaux. Cela me procurait une sensation d’étouffement, voire d’angoisse. J’étais comme une enfant qui avait peur du noir. Le Japon a ouvert mon esprit au vide, au silence, au souffle. J’ai appris à accueillir le mystère, tout ce qui ne se dit pas, tout ce qui n’a pas de mots. Les mots rangent les choses. Mais bien des choses ne se rangent pas, ne s’expliquent pas, ne se nomment pas. Le Japon m’a permis d’aimer le chaos en moi. Et étrangement, tandis que je découvrais l’art de la calligraphie, l’alphabet hébraïque commençait à cheminer vers moi. Je cherchais depuis quelques temps la relation entre les 22 Arcanes majeurs des Tarots et les 22 lettres hébraïques. Je sentais qu’il y avait un lien et ce nombre 22 me questionnait car il revenait régulièrement dans ma vie. C’est donc à peu près au même moment qu’un ami m’a donné le Tarot de Frank Lalou, calligraphe hébraïque, auteur et philosophe. Immédiatement, il s’est passé quelque chose avec ces lettres. Comme si elles étaient dans ma main depuis la nuit des temps. C’est que cet alphabet est la source même de nos écritures, de nos langues, quand les hiéroglyphes sont progressivement devenus des signes, et donc des lettres. Ces lettres, j’ai commencé à les écrire comme on se souvient. Puis j’ai contacté Frank. Puis il est devenu mon Maître de calligraphie. Confirmant l’adage : « Quand l’Élève est prêt, il rencontre le Maître. »

Vous étiez peintre avant de devenir calligraphe, cela a-t-il apporté quelque chose de nouveau à votre peinture et à vos interprétations sur scène ?

Je crois que cela apporte l’essentiel : le souffle. Quand nous sommes bébés, nous respirons naturellement. Puis au fil des coups, des bosses, des blessures, notre respiration est amochée. Notre être est amoché. Jouer, peindre, chanter, c’est retrouver cet état d’être. C’est retrouver cette respiration qui est la base de tous les arts. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’inspiration. Être inspiré, c’est finalement recevoir, se laisser traverser, puis donner. Ce n’est pas différent de la vie. En cela, à mes yeux, artiste n’est pas un métier, c’est un état d’être qui met en exergue le sens même de l’existence, c'est-à-dire la création.

La calligraphie serait-elle donc aussi un art de vivre ?

Oui, dans le sens où elle est cette danse entre la rigueur et l’abondance. Mais toutes les disciplines le sont. Nos vies entières sont dans cette recherche d’équilibre, que nous atteignons... un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ! Notre seul royaume est l’impermanence. Je peux calligraphier la même lettre des centaines de fois, chacune sera différente. Et même avec des heures, des années, des siècles de pratique, je peux continuer à échouer. On n’imagine pas la difficulté de faire un trait parfaitement droit ou une courbe harmonieuse. Cela demande une concentration extrême. Comme si on jouait sa vie à chaque fois. C’est pour ça qu’en Asie, la calligraphie est considérée comme un art martial.

Calligraphie hébraïque et spiritualité sont-elles forcément reliées ?

Forcément je ne sais pas. Mais à mon sens oui. Il y a des pratiques calligraphiques qui sont purement esthétiques. « Calligraphie » signifie effectivement « belle écriture ». C’est un choix et cela amène une forme de beauté. Mais à mes yeux, la beauté, c’est l’intériorité. C’est cette vérité en chaque chose, en chaque être. Quand j’ai commencé à calligraphier, j’ai tout de suite éprouvé le désir d’apprendre l’hébreu. Car pour moi, des lettres qui ne sont pas nourries par le sens sont des lettres mortes. Et je préférerais que mes lettres soient vivantes... et lues !

Avez-vous un jour l’intention d’enseigner la calligraphie ?

Je ne me projette pas encore dans cette transmission car je suis tout au début du chemin. Ce que je peux dire, c’est que mettrai tout mon amour et ferai tout mon possible pour servir les lettres et les arts en général.

Pour parvenir à un résultat satisfaisant en calligraphie, combien d’heures de travail faut-il par jour ?

Mon Maître de calligraphie insiste sur le fait que chaque élève est différent. Nos chemins n’ont jamais le même rythme. Personnellement, je pratique au minimum deux heures de calligraphie par jour. C’est mon rituel matinal, et selon mes activités, cela peut être plus. C’est d’ailleurs souvent plus. Et assurément jamais moins. De toute façon, si je ne calligraphie pas, ou si je ne crée pas, je suis infréquentable !...

Avez-vous des projets pour un prochain livre ?

 

 

Oui. Avec les et sa créatrice, Frédérique de Lignières, nous nous sommes si bien entendues sur ce premier livre « Tu seras une lettre... », que nous allons continuer notre collaboration, mais dans un tout autre domaine. Ou presque, puisque la calligraphie sera présente, mais pour illustrer un recueil de contes. Je l’ai écrit il y a quelques temps déjà, il attendait simplement la bonne rencontre. C’est serie d’histoires qui explorent la terre et ses richesses, de sa création à la manière dont elle évolue, replaçant l’humain au cœur du vivant. De nos jours, on culpabilise souvent l’humain d’exister, d’être néfaste, de faire du mal à la planète, oubliant que le mot « humain » vient de humus, c'est-à-dire « fait d’humus, fait de boue ». En hébreu, comme tous les prénoms, Adam est plus qu’un prénom : il vient du mot « adama » qui veut dire « terre ». Adam est fait de terre. La terre et l’humain ne font qu’un. Comme les deux mains d’un même corps. Deux mains lancées dans cette grande aventure qu’est la vie, avec l’immense responsabilité de pouvoir l’écrire ensemble.

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :