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Nouveau portrait du jour : Frédérique de Lignières

 Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Frédérique de Lignières

"Passionnée par les contes de fée, le fantastique et l’imaginaire, la romancière vit dans la forêt d’Orléans en compagnie de ses animaux familiers. Elle compose des poèmes et écrit des nouvelles depuis son plus jeune âge. Durant sept ans, elle a rédigé un magazine artistique et culturel qui a connu une audience internationale. Elle fait des conférences sur des sujets artistiques et littéraires et elle a animé durant deux ans une émission consacrée à l'art sur une radio locale.. En 2016, Frédérique de Lignières a publié un roman de fantasy dédié à ses deux filles : « L’alliance ».  Et en 2018 elle a composé un recueil de nouvelles inspirées par l'histoire de la forêt d'Orléans : "La légion bretonne et autres nouvelles de la forêt d'Orléans" (éditions de l'Ecluse). Elle est également l'auteur de "Bigué" un roman dont l'action se situe à Dakar dans les années 50.

Frédérique vient de créer une petite maison d'édition L'Andriague et elle se consacre à la faire vivre et à faire connaître les auteurs francophones qu'elle publie. On trouve dans son catalogue des romans, des nouvelles et de la poésie." 

Bienvenue Frédérique sur le très prisé et discret Culture et justice. 

L'interview est réalisée par notre amie la romancière Marieke Aucante pour les lecteurs de la page Culture et justice.

 

Marieke Aucante - Ancienne journaliste de télévision, Marieke Aucante écrit, depuis l’âge de vingt ans, dans sa maison en arbres au coeur de la forêt solognote. Elle plonge au coeur de la vie de ses personnages en nous faisant partager leurs passions et leurs rêves. Dans un univers littéraire très éclectique, on retrouve son attachement à la question du handicap pour laquelle elle est engagée et qui lui a valu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur. Elle est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages dont Le livre du braconnier et Petit frère l’orage chez Albin Michel. Félixine, l’abeille noire de Sologne, est son premier livre jeunesse...

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Qui êtes-vous ?

Qui je suis ? A coup sûr une vieille dame qui, la retraite venue, a eu envie de vivre ses passions. J’ai suivi un parcours particulièrement atypique avant d’en arriver à créer une maison d’édition associative. J’écris depuis ma plus tendre enfance. D’abord des poèmes, puis des nouvelles avant de m’attaquer, il y a une dizaine d’année au roman. J’aurais rêvé de faire des études de lettres, mais à mon époque, ce cursus ne menait qu’au professorat. Mais parents auraient bien sûr été ravis que je devienne enseignante, mais moi, c’est un métier que je ne voulais absolument pas faire. Comme j’étais redoutablement nulle en maths, ne restait que la licence en droit. A la suite de laquelle j’ai passé un concours pour devenir fonctionnaire à Paris dans un ministère. Aujourd’hui, vive la retraite ! je peux enfin de consacrer aux livres et à la littérature.

Qu’est-ce qui vous a décidée à devenir éditrice et quand ?

C’est une très longue histoire. L’écriture et la difficulté à faire publier mes propres livres m’ont, d’une façon assez curieuse, conduit à l’édition. Bien que j’écrive depuis l’âge de sept ans, jusqu’à ma retraite je n’avais rien publié du tout, à part quelques poèmes dans des revues littéraires quand j’avais une vingtaine d’année. Mais il s’est trouvé que mes filles, quand elles ont eu dix-huit ans, sont arrivées un jour en déclarant que maintenant elles étaient majeures et qu’elles ne liraient plus, parce que c’était pour les vieux. Suite à leur déclaration tonitruante, j’ai décidé de leur écrire un roman qu’elles ne pourraient pas s’empêcher de lire tellement il les captiverait. Et s’est ainsi que j’ai écrit, comme un feuilleton dont nous lisions chaque jour les épisodes en famille, mon premier roman « L’Alliance ». Mes filles l’ont tellement aimé qu’elles ont voulu le faire publier et qu’elles se sont débrouillées pour trouver une édition à compte d’auteur pas trop onéreuse.

Pour diverses raisons, je me suis brouillée avec la maison d’édition que j’ai quittée au bout des huit mois que m’imposait le contrat. Au grand désespoir de mes filles. Pour leur faire plaisir j’ai décidé d’aller trouver un imprimeur pour continuer à publier moi-même l’ouvrage et c’est là que j’eus la révélation : contrairement à ce que je ressentais auparavant, je me suis aperçue que le livre n’est pas seulement un travail intellectuel mais qu’il donne naissance à un objet qu’il faut fabriquer matériellement. Et contribuer à réaliser cet objet m’a passionnée. C’est donc ainsi qu’est né le projet de créer une maison d’édition. Ensuite alors que j’avais envisagé de travailler en auto-entreprise (forme juridique qui n’est absolument pas adaptée à l’édition), un ami musicien qui publiait ses CD par ce biais m’a conseillé de créer une association. Ce qui fut fait, il y a maintenant environ un an.

Pourquoi l'Andriague ?

L’idée de départ était, à partir du succès rencontré auprès des lecteurs de « L’Alliance », de publier de la fantasy francophone. C’est en effet un genre littéraire qui est trusté par les anglo-saxons : bien qu’il y ait d’excellents auteurs francophones, ils ont beaucoup moins de visibilité que leurs confrères anglophones et surtout beaucoup plus de difficultés à trouver un éditeur.

C’est pourquoi on a voulu donner à la maison d’édition le nom d’un animal fabuleux et c’est l’andriague que nous avons choisi. On parle peu de lui aujourd’hui, beaucoup moins que du dragon par exemple. Mais il servait de monture aux chevaliers dans les premières chansons de geste et on le retrouve dans Don Quichotte et aussi dans Le capitaine Fracasse. Il a même inspiré un opéra de Rameau. Et en plus, comme l’andriague est peu connu, ce nom a le mérite d’intriguer et de susciter la curiosité du lecteur.


Quelles sont vos ambitions ?

Les ambitions de l’association – et par conséquent aussi les miennes - sont de donner une chance à des auteurs qui ont du talent et qui ne parviennent pas à trouver un éditeur pour se faire publier. En particulier à de jeunes auteurs dont c’est la première œuvre. C’est ainsi que nous venons d’éditer le recueil de nouvelles « Epiphanies » d’un jeune écrivain de vingt-trois ans Foucault Barret. Nous avons présenté son travail au jury de deux prix littéraires afin de commencer à lui donner une certaine visibilité dans le monde du livre. Et c’est son ouvrage qui est le premier livre publié dans la collection « Continents imaginaires » consacrée au fantastique et à la fantasy. Jusque-là nous n’avions pas pu lancer cette collection, faute de manuscrits de qualité.

Nous aimerions également publier deux nouveaux ouvrages chaque année pour l’instant. Et peut-être d’ici trois ou quatre ans parvenir à en éditer quatre.

Qu’est-ce que vous n’avez surtout pas envie de faire avec votre édition ?

L’Andriague aime les beaux textes, les styles littéraires travaillés. Il ne voudrait surtout pas publier uniquement des livres commerciaux écrits à la va-vite.


N’avez-vous pas peur de la concurrence ?

Comme nous sommes une association sans but lucratif c’est une problématique qui nous est assez étrangère. Notre but est de travailler à mettre en avant les livres que nous aimons, à donner une visibilité à nos auteurs. Et puis nous sommes tellement minuscules qu’on ne peut absolument pas rêver de concurrencer les grands éditeurs parisiens, ni même d’ailleurs les moyens et les petits…

Notre démarche n’est pas du tout tournée vers le profit. Ce que nous souhaiterions c’est uniquement que la vente d’un livre permette de financer l’impression du suivant. Ce qui n’est après un an d’existence pas encore le cas. Et qui n’est pas proche de le devenir. Car les recettes du prochain livre que nous allons publier seront entièrement dévolus à une association qui lutte contre les mariages forcés en Afrique noire et pour scolariser les jeunes filles.

Nous ne craignons pas non plus la concurrence en ce qui concerne les prix littéraires. Puisque cette année nous avons décidé de nous lancer et d’organiser nous aussi un prix littéraire destiné à couronner un manuscrit de roman inédit. Pour ceux de vos lecteurs qui auraient envie de tenter leur chance voici le lien pour accéder au règlement du prix Guillaume de Lorris : https://leblogdelandriague.blogspot.com/2023/03/le-blog-de-l-andriague.html?fbclid=IwAR3D2-fvHCk2VHiz4UAmT25037VsS0iP7Ls2plQWwCz6-Hoy1EWsY5jfj0s


Comment vous travaillez avec les auteurs ?

De façon assez classique je crois. L’auteur envoie son manuscrit par courriel. Après un premier tri que j’effectue, le manuscrit est soumis aux membres bénévoles du comité de lecture. Si l’ouvrage est retenu, il est rare qu’il soit déjà absolument parfait pour la publication A l’exception, du manuscrit des Succulentes de Marieke Aucante qui ne nécessitait que deux ou trois petites mises au point car Marieke est loin d’être une débutante, les premières œuvres ont, pour la plupart d’entre elles, besoin d’être encore révisées. Donc nous travaillons avec l’auteur a chasser les répétitions, les fautes d’orthographe ou de grammaire, les invraisemblances, les descriptions trop longues ou trop clichés, etc… Enfin vient le choix du titre qui appartient en principe à l’éditeur mais que nous faisons toujours en accord avec l’auteur.

Mais pour les ouvrages de notre collection « Territoires d’Artiste » notre travail peut être plus important. En effet nous avons choisi de consacrer cette collection à des artistes dont le mode d’expression n’est pas, ou pas à titre principal, l’écriture (peintres, photographes, comédiens, danseurs, etc…). Et certains d’entre eux peuvent avoir besoin d’une aide et d’un soutien plus importants que les écrivains.

Pour vous donner un exemple, prenons celui de « Tu seras une lettre… » A l’origine, Claire Marin m’avait sollicitée parce qu’elle souhaitait rééditer le récit de son voyage au Japon qu’elle avait publié en autoédition quelques années auparavant. En discutant avec elle j’ai compris que ce désir de rééditer son ouvrage était dicté par le fait qu’elle venait de découvrir – et de se passionner pour - la calligraphie de l’alphabet hébraïque. Mais le récit de voyage, s’il parle de la façon dont elle a découvert la calligraphie orientale et en parle d’ailleurs assez peu longuement, ne traite absolument pas de l’écriture des Hébreux. Je lui ai donc proposé d’écrire un nouveau texte pour en parler ainsi que de l’aider à le construire. Au fur et à mesure que Claire écrivait son texte, elle me l’envoyait par mail et je lui faisais mes remarques et mes suggestions par retour. Il se trouve que Claire Marin a l’habitude d’écrire pour le théâtre et qu’elle écrit très bien, de ce fait mon aide a été assez limitée. Mais pour certains artistes le rôle de l’éditeur peut même aller jusqu’au rewritting.

Je souhaiterais ajouter que l’éditeur suggère des corrections, des modifications, etc, mais que l’auteur reste toujours libre d’adopter ou non ces suggestions. Quand l’éditeur pointe un défaut de son manuscrit, l’auteur peut aussi adopter une autre solution pour l’améliorer que celle proposée par l’éditeur. Jamais l’éditeur n’imposera ses propres corrections. C’est vraiment un travail qui est fait en collaboration entre auteur et éditeur. C’est un travail qui nécessite une bonne entente entre les deux parties et qui conduit souvent sur les chemins de l’amitié.

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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