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Bernard Stiegler (1952-2020) n’est pas le seul philosophe à avoir connu la prison. Socrate et Boèce y sont morts, Antonio Gramsci et Diderot y ont séjourné. Mais Bernard Stiegler est le seul philosophe à avoir rencontré la philosophie, non pas seulement en prison, mais par surtout par elle.

Bernard Stiegler n’était pas "destiné" à devenir philosophe. Après une scolarité assez brève, il enchaîne différents métiers, serveur, employé de bureau, ouvrier agricole, éleveur de chèvres, propriétaire d’un bar. Il braque une banque pour renflouer son bar, est arrêté et condamné. Il passera cinq années pleines dans les centres de détention de Saint-Michel à Toulouse puis au Muret, de 1978 à 1983.

La prison comme école de la phénoménologie

Bien loin de le briser, la prison fonctionne comme une révélation. Stiegler écarte l’idée de chercher à s’évader, il transforme en force l’épreuve carcérale. Il obtient l’autorisation de lire et d’écrire. Il est accompagné dans ce travail par le philosophe et traducteur Gérard Granel (1930-2000). C’est par choix délibéré que Bernard Stiegler vit son incarcération comme une expérience de solitude et de silence. Il dira après-coup, dans Passer à l’acte, qu’il pratiqua en acte, dans sa cellule, l’épochè phénoménologique, la mise entre parenthèses de notre croyance spontanée en l’existence du monde extérieur, que le phénoménologue pratique en pensée. Sorti de prison, il rencontre Jacques Derrida qui dirige sa thèse sur "La technique et le temps". Tout en exerçant d’importantes responsabilités institutionnelles (IRCAM, Centre Pompidou), Bernard Stiegler ne cessera plus de travailler sur les contradictions, les dangers, mais aussi les possibilités inhérents à la prolifération technique dans un monde mis gravement en danger aussi bien sur le plan écologique que sur le plan politique...

Tag(s) : #Prisons actuelles - Évasions
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