C’était au temps de la Grande Guerre et des tranchées. Sur ce chemin des dames, ni canons, ni régiments, ni sanglots, mais juste un homme, un monsieur à la barbe bien taillée et au costume étriqué dont la vie et la fortune, selon ses dires, étaient florissantes.
Elles furent dix, dix femmes, âgées de 19 à 55 ans, à disparaître entre 1915 et 1918, après avoir croisé cet homme. L’une d’entre elle était venue avec son enfant alors âgé de 17 ans. Certaines étaient veuves, d’autres fiancées. Onze victimes dont nous n'avons jamais retrouvé les corps.
Ces dames sont toutes tombées sous le charme et dans les bras de Henri-Désiré Landru, mais elles ne l’ont jamais connu sous ce patronyme. Pour elles, il se nommait Monsieur Fremyet, Dupont, Guillet, Diard et j’en passe. À leurs yeux, il était industriel, garagiste, ingénieur, fabricant de fléchettes. Il avait de l’argent, une auto, parfois du personnel. Il vivait à Paris mais avait une maison dans la campagne environnante. C’est là-bas, à l’abri des regards que les silhouettes de ces femmes et de cet adolescent se sont évanouies, parties en fumée.
Landru n’a jamais avoué. Ni devant les inspecteurs, ni devant le juge ou les témoins de son procès. On n’a jamais su donc les raisons qui ont fait de lui un assassin. En tout cas, il fût jugé et condamné à mort lors d’un procès qu’il a transformé en spectacle et dans lequel la presse a oublié parfois les crimes de l’homme qu’on jugeait là.
Un récit documentaire de Jean Bulot
Invité :
Le magistrat, Gilbert Thiel. Fin connaisseur du dossier, il l’évoque notamment dans son livre Tueurs en série made in France, Robert Laffont, 2023