Dans cette Belgique occupée, la Résistance est active – les publications clandestines se comptent par centaines, de la simple feuille ronéotypée aux journaux mis en page et imprimés de façon professionnelle.
Et puis il y a la presse « officielle ». En particulier, en Belgique francophone, Le Soir, le grand quotidien de la famille Rossel sur lequel les Allemands ont mis la main dès les premiers jours de l’Occupation, au printemps 1940. Ce Soir « volé », ce Soir soumis aux Boches — « emboché », comme on dit alors — va être l’objet d’une formidable parodie.
Le 9 novembre 1943, une poignée de résistants ridiculise l’occupant en publiant un pastiche du Soir – il a en tous points l’allure du Soir « emboché » - la taille, les caractères, les rubriques, les signatures. Tout… ou presque. Car il s’agit d’un « faux Soir » qui moque à l’envi Hitler et les collabos. Ce journal a été rédigé, maquetté et imprimé en vingt jours - un exploit quand on travaille dans la clandestinité. Il sera largement diffusé, en lieu et place du « vrai », au nez et à la barbe de l’occupant, suscitant en Belgique un immense éclat de rire et apportant à la population un grand souffle de liberté.
C’est ce « Faux Soir » que nous vous racontons aujourd’hui, cette histoire d’hommes et de femmes debout, qui combattirent avec une arme qui ne fait pas couler le sang, mais une arme néanmoins redoutable, l’humour !
Un récit documentaire de Odile Conseil
Invité :
Daniel Couvreur, journaliste au Soir de Bruxelles, où il dirige le service Culture, et par ailleurs co-auteur de la bande dessinée « Le Faux Soir », publiée en 2021chez Futuropolis
Le faux " Soir ", ou le vrai rire de résistance
Aujourd'hui, dans Affaires Sensibles, cap au nord, en Belgique et retour en 1943, pendant la guerre, dans un pays sous la botte de l'Allemagne nazie.