Instituteur, Jacques Sigot habitait Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) depuis plusieurs années quand il a croisé, par hasard en 1980, les ruines de l'ancien camp de concentration de tziganes créé dans cette commune durant la deuxième guerre mondiale. Ce fut une surprise. Personne ne lui en avait parlé alors que tout le monde connaissait son intérêt pour l'histoire locale. Un sujet honteux ? Jacques Sigot va alors collecter les documents et les témoignages pour en savoir plus. Auprès des anciens internés de ce camp, il découvre une page peu glorieuse de cette période. D'anciens gardiens du camp se confient aussi et des montreuillais lui racontent ces "visites dominicales" pour voir ces nomades derrière la double rangée de fil barbelé. L'intérêt de Jacques Sigot pour ce camp n'est pas sans agacer certains. Mais sa quête de vérité va le pousser dans de longues recherches, qui lui permettent d'écrire un livre de référence sur le sujet. Malgré quelques refus d'éditeurs... L'ouvrage a depuis connu trois autres éditions, enrichies à chaque fois. Tony Gatlif s'en est inspiré pour son film "Liberté". Grâce à lui, désormais, plus personne ne peut ignorer ce camp, même si l'un des maires de cette commune a tout fait pour faire disparaître ces ruines. Une partie de ces vestiges a disparu, mais ce qui reste a été classé Monument historique. Une reconnaissance du travail de Jacques Sigot et de ses amis. Le fruit d'un entêtement opiniâtre pour que la mémoire ne s'efface pas et que la vérité reste accessible à tous. Car depuis toujours, Jacques Sigot a choisi le camp de la vérité...
PS : Samedi 25 avril, selon les dispositions prises depuis 1985 (http://bit.ly/1b4udag), une cérémonie s'est déroulée sur le camp de Montreuil-Bellay dans le cadre de la Journée du souvenir des victimes de la déportation. Désormais, l'ancien camp est clairement identifié comme lieu de mémoire des victimes tziganes de la déportation. Ce fut l'occasion de mesurer combien les travaux de Jacques Sigot furent importants pour faire connaître et reconnaître ce lieu. Si jadis l'ancien maire de Montreuil-Bellay ne voulait pas entendre parler de ce camp, le nouveau a fait le point sur les projets en cours : une étude pour établir les mesures à prendre pour protéger l'ancienne prison, un projet d’œuvre d'art sur le site, une étude pour chercher le meilleur moyen de mettre en valeur l'histoire du site... Bref, non seulement le camp ne va pas disparaître, mais il va devenir un lieu important. Grâce à un instituteur passionné d'histoire qui cherchait des fossiles, il y a plus de 30 ans...
"En juin, dans le cadre d’un reportage sur le camp d’internement de Montreuil-Bellay – commune de 4 000 habitants du Maine-et-Loire –, nous avions demandé quel hommage serait rendu à Jacques Sigot après son décès. Nous savions l’octogénaire malade et pas dans l’état de répondre à nos questions sur ce qui a été le combat de sa vie. Cet instituteur de profession (mais historien par passion) a fait émerger l’histoire oubliée d’un camp où 1850 Tsiganes furent internés pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur les vestiges de l’endroit, qui se résument à quelques marches et une cave, son ami Jean Richard, dont 17 membres de la famille ont été internés, avait sursauté : «Faut pas parler de ça, laissez-le tranquille !» Le maire de la commune, Marc Bonnin, avait ajouté : «Forcément qu’il y aura un jour une reconnaissance.» Ce jour est venu." Article de Maxime Pionneau
Nécrologie. Artisan de la mémoire du camp de Montreuil-Bellay, Jacques Sigot s'est éteint à
Info Angers Nécrologie Artisan de la mémoire du camp de Montreuil-Bellay Jacques Sigot sest... Angers