Portrait du jour réactualisé de Luc Fouliard
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Luc Fouliard, scénariste, formateur pédagogique et romancier.
Bienvenue Luc sur sur le blog des aficionados du crime de la page Culture et justice.
Interview réalisée à Dax le 12 novembre 2024
par Philippe Poisson pour Culture et justice.
Bonjour Luc FOULIARD - Peux-tu te présenter en quelques mots pour Culture & Justice ?
Je suis scénariste depuis plus de vingt-cinq ans, formateur pédagogique, et romancier plus récemment. Papa de 3 enfants, j’habite le sud-ouest depuis 2018 —, aux portes de Dax. C’est devenu ma région de cœur. D’ailleurs dans mon dernier ouvrage « Meurtres à Dax, l’empreinte du diable » (éd. La geste), je voulais que le décor landais y joue un rôle aussi important qu’un vrai personnage !
Avant d’évoquer « Meurtres à Dax », pourrais-tu en dire un peu plus sur ton parcours ?
J’ai commencé ma carrière artistique en prenant des cours d’art dramatique aux cours florent, à Paris. J’avoue que je n’étais pas le comédien le plus assidu. En parallèle, j’ai enchainé très rapidement avec de la pub et quelques petits rôles dans différentes séries. Jusqu’au moment où je me suis fait repérer par une série policière : « P.J St Martin » ; dont le rôle principal était tenu par Bruno Wolkowicth. On me proposera d’être une silhouette parlante/récurrente sur la série pendant plus de 80 épisodes. Là, je suis dans une petite loge sans fenêtre et je lis, relis et décortique tous les scénarios qui seront tournés au cours de la saison. Je me suis lancé un sacré défi : écrire un épisode « en spec » spéculation que je présenterai à la production. Bingo ! Pour la faire courte, réticent au début et après une brève négociation, le producteur me créditera au générique avec les droits inhérents. Ensuite, je me suis rendu compte que scénariste, c’est un vrai métier !
Alors, j’ai suivi plusieurs formations entre autres, les premières formations au CEEA (Conservatoire Européen d’Ecriture Audiovisuel) : direction littéraire, expertise scénaristique, écriture du 52’, etc. puis j’ai eu un agent connu. Mais notre partenariat ne durera qu’un an, le seul rendez-vous qu’elle m’avait trouvé, c’était celui de « la galette des rois », au sein de son agence. Lol. Du coup, ensuite j’ai prospecté tout seul pour avoir du boulot et quand c’était plus compliqué au niveau juridique, je me suis offert les services d’une avocate spécialisée en propriété intellectuelle, une vraie pointure.
Dans une précédente interview nous avions parlé de « Hors trajectoireS » ton premier thriller, made in Landes.
Oui, c’est vrai. Tu as raison, c’est une sorte de road-movie. C’est une histoire plus sombre. Meurtres à Dax (éditions La geste) est donc en fait, mon second roman.
C’est quoi le pitch de « Meurtres à Dax « ?
Très simple ! Des flics du terroir vont mener une enquête sur la disparition mystérieuse d’un retraité au passé trouble. Cette enquête pas comme les autres et aux rebondissements incroyables va être un vrai séisme pour le paisible commissariat de Dax. (Sans vouloir spoiler la suite, il y a quand même quelques questions en suspens…)
Qui est réellement ce retraité ? Quels secrets cachait-il ? Qui pouvait bien lui en vouloir ? Comment les flics du terroir vont-ils se comporter avec leur supérieur hiérarchique, une capitaine de la banlieue sud de Paris ? Comment tirer les ficelles de cette enquête hors norme sans mettre en péril d’autres vies ?
Je crois savoir aussi que tu fais de la pédagogie ?
Oui, j’enseigne depuis plusieurs années le scénario dans des écoles de cinéma, associations, lycées etc. En outre, j’suis l’auteur d’un livre pédagogique à succès « Le scénario de A à Z, l’art du jeu de dupes (éditions LettMotif).
Qu’est-ce qui t’as amené à écrire Meurtres à Dax ?
J’ai un vif intérêt pour les criminels : comprendre le pourquoi du comment ils en sont arrivés là ! « Ils » c’est qui ? et bien c’est nous car « On peut tous tuer un jour… » On peut tous faire les mauvais choix, pour les mauvaises raisons… »
D’ailleurs, j’étais Gendarme dans une autre vie. Ceci explique cela…Il était donc logique que j’écrive cette histoire, tirée de faits réels. Par ailleurs, pour nourrir mes histoires (scénario/roman) je fais des immersions dans différents service d’élite : Police (SPHP), Gendarmerie (GIGN) ou encore la Douane (DNRED).
Dans « Meurtres à Dax » je voulais aborder la thématique de la disparition.
Chaque année en France, plusieurs milliers de personnes disparaissent et, parmi ces affaires, plusieurs centaines restent non élucidées. Autant de drames pour les familles. Que cachent ces disparitions inexplicables ?
Plusieurs questions me sont venues à l’esprit. Qui sont les disparus ? Quels sont leurs profils, leurs parcours de vie ? Leur disparition est-elle volontaire ? A-t-elle eu lieu sous la contrainte, contre leur gré ? Les victimes ont-elles été la proie de tueurs en série ? Derrière ces disparitions, il y a des identités, des vies, des histoires... Qui n’a pas entendu parler d’Estelle Mouzin, de Xavier Dupont de Ligonnés, du docteur Godard ou, plus récemment, du petit Emile ou de l’adolescente Lina ? Que deviennent toutes ces femmes, tous ces hommes, ces enfants ?
« Meurtre à Dax » est une histoire qui nait dans le beau département des Landes - plus précisément, dans la ville de Dax, connue depuis l’Antiquité pour être la cité thermale la plus fréquentée de France - où se conjuguent vastes forêts, océan vivifiant et architecture Art déco. Mais ce décor de carte postale va vite se révéler être un enfer pour nos protagonistes, et pour leur traque.
Le cadre occupe un rôle prépondérant dans ce récit à la forme cinématographique. Le transposer dans un autre environnement aurait dénaturé l’identité même du projet. Cette « patte » du Sud-ouest se ressent aussi dans la caractérisation des personnages et dans les dialogues. Nos deux flics landais, transpirent l’authenticité de par leur phrasé court, haché, chantonnant, marqué au fer rouge par une syntaxe typiquement gasconne. Tout l'inverse de Mélodie, dont l’accent et les expressions de banlieue chaude contrastent avec l’élégance d’Hortense, l’auteure. Les dialogues entre ces quatre personnages principaux sont teintés d’humour noir avec, en toile de fond, des références cinématographiques et télévisuelles abordées via des points de vue conflictuels.
Contrairement aux polars classiques, les fausses pistes ne renvoient pas seulement aux différents suspects possibles, mais aux hypothèses élaborées par nos flics.
Pièce par pièce, nos enquêteurs reconstituent patiemment, tel un puzzle, la vie de la victime ! Une vie atypique, discrète, empreinte de mystères. Un travail ambitieux, chargé d’émotions, qui révèle peu à peu les secrets enfouis de toute une vie. Une intrigue qui réserve son lot de surprises, car on n’efface jamais une identité sans avoir quelque chose à cacher.
Comment a été décroché le contrat avec la maison d’édition La geste ?
Rien de plus simple, c’était il y a environ un an. Quelques jours seulement après réception de mon tapuscrit, et après une lecture enthousiaste du comité de lecture, le patron de La geste édition — Romain Naudin — m’a appelé pour me féliciter et me proposer d’intégrer sa prestigieuse collection Geste noire. J’étais aux anges !
Pourquoi avoir choisi la maison d’édition La Geste ?
Il y avait plusieurs éditions avec lesquelles j’avais envie de travailler, et dont faisait partie La Geste. Après une lecture très enthousiaste, celle-ci a été la première pour sa réactivité, et à me faire confiance ! Ensuite, c’était parti sur des rails. J’ai été ravi de collaborer avec toute cette équipe sympathique. Sortir un livre c’est beaucoup de responsabilités. Il y a des choix artistiques à l’instar de la couverture, de la 4e de couverture, des éléments à mettre en exergue ou pas, les couleurs, le ton, etc. et des choix commerciaux… Il est crucial de bénéficier de toute leur expertise, et de savoir prendre du recul pour que tout se déroule dans le meilleur des mondes. Ensuite, il faut faire preuve de patience ; attendre de longs mois pour coller avec la rentrée littéraire.
Est-ce qu’il t’arrive — comme la plupart des auteurs — de faire appel à un service de correction avant envoi ?
Pour celui-ci, ça remonte à environ deux ans, lors d’une séance de dédicaces de mes précédents ouvrages dans le Gers à Lectoure ; j’avais rencontré/sympathisé avec Mme Clémence Bergeaud, l’Atelier des belles lettres. Je lui ai envoyé le premier jet et on a beaucoup échangé sur le texte. Non seulement, elle corrige les fautes (on en fait tous) mais elle a une lecture analytique/dramaturgique du récit, ce qui n’est pas donné à tout le monde. J’ai hâte de collaborer de nouveau avec elle. Ce fut un plaisir !
Allez-vous écrire que des romans après avoir écrit des scénarios pour la télévision ?
J’aime bien varier les plaisirs et de m’aérer, j’ai plusieurs casquettes. D’abord, écrire et concevoir une histoire c’est une réelle satisfaction, peu importe la forme. Avec ce roman, je voulais me faire plaisir (me faire un autokiffe, comme disent les plus jeunes) et surtout répondre à mon défi. J’aime autant l’écriture scénaristique que romanesque. Elles n’obéissent pas aux même contraintes, c’est sympa et récréatif de jongler avec les deux, quand son planning le permet !
Sur quels projets travailles-tu ?
Je m’attaque à un nouveau polar qui sera un peu plus long à développer que mes polars précédents… et suis en pleine écriture d’un livre témoignage. Mais ce que j’aime avant tout c’est aussi la transmission. Je continue — avec un réel plaisir — à faire des interventions pédagogiques : ateliers, médiathèques, Lycées, etc.
Au plaisir de vous rencontrer lors d’une séance dédicace 😉.
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