Enquête sur une disparition avec Séverine Chevalier

Que se passe-t-il lorsque la femme de l’écrivain se met à écrire ? Mylène, l’héroïne du roman qui nous occupe aujourd’hui, est l’intendante de son mari, auteur de polar à succès : son existence consiste, pour partie, à repasser ses chemises, son sourire et son âme. Mais un jour Mylène décide d’occuper le sous-sol de la maison où le couple séjourne, pour se mettre à écrire : elle se laisse disparaître, pour faire apparaître d’autres effacements, des absences, des retraits, des silences : celui d’une grand-mère ou d’un père, ceux de toutes ces femmes de, filles et fils de, oubliés des petites ou de la grande histoire. Théorie de la disparition, c’est le titre du récit de notre invitée Séverine Chevalier et il a paru aux éditions La Manufacture de livres.

Une écriture de la disparition et de l'indicible

"Le thème de la disparition est venu au fil de l'écriture, et d'ailleurs, maintenant, je me rends compte que le livre est saturé de disparitions. Il y en a presque trop, c'est presque suspect, mais je ne l’ai pas programmé. En fait, je crois que ça vient masquer la disparition qui, peut-être, m'intéresse le plus, il s’agit de la disparition des récits, notamment la disparition des récits sur ce qui a été, sur le vrai, et sur ce qui est.

Je crois également que la littérature, ou l'art en général, peuvent avoir le pouvoir de régénérer notre capacité sensible, et de nous approcher de l’indicible. Evidemment, je n'y arrive pas dans ce texte, mais j’essaie de m'en approcher, et peut-être que le personnage de Mylène essaie elle-aussi de s'en approcher, même si cela semble vain." Séverine Chevalier

La question de l’auditrice

La question de Léa@livresse.de.the à l’attention de Séverine Chevalier : "J'ai lu votre roman et ce qui est très intéressant, au-delà de l'histoire poignante de Mylène, c'est qu'il y a toute une réflexion sur la disparition, et sur le fait de disparaître, pour peut-être renaître pour soi-même, comme une sorte de métamorphose, mais aussi avec toutes les différentes nuances, ou plutôt théories, de la disparition que vous évoquez à la fin de votre roman. De plus, le fait d'être au cœur des écrits de Mylène rend le récit beaucoup plus intime et spontané. Et à ce sujet, est-ce que vous aviez déjà cette idée, dès le départ de votre processus d'écriture ou au départ de cette histoire, de réaliser ce récit sous la forme d'une sorte de journal intime, ou est-ce que cela vous est venu par la suite ?"

Par Marie Richeux. Place aux livres ! Dans ce club de lecture participatif, écrivains et lecteurs de tout horizon partagent leurs plaisirs de lecture et d'écriture, à l’antenne et sur les réseaux sociaux. À suivre sur Instagram 👉🏼 #bookclubculture