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http://clio-cr.clionautes.org/IMG/jpg_Carnaval.jpgDocument 2010 - Psychologue, élu de la ville de Romans, après Les Escargots de Combovin, La Vacherie, Saint-Ange et Les Grands Goulets, Christian Watremez nous entraîne cette fois-ci dans le passé de sa ville natale. Une ville à l'histoire mal connue de ses habitants eux-mêmes. Histoire de luttes et de révoltes pour plus de justice et de liberté. L'épisode dit du « Carnaval de Romans » vers la fin de la Renaissance en est sans doute un moment des plus glorieux et des plus tragiques.

1579-1580 la révolte gronde partout en Dauphiné, dans les villes comme dans les campagnes. La France s'épuise dans des guerres de religions qui n'en finissent pas. Henri III n'est pas un grand roi, sa mère Catherine de Médicis s'efforce de conduire non sans talent une tentative politique de paix religieuse. Elle arrive à Romans le 18 juillet 1579 et trouve la ville contrôlée par les petits artisans et la plèbe, avec le capitaine Jean Serve dit Paumier, drapier de son état, à leur tête. Pas de coup de force, pas de sang, mais les structures administratives ordinaires restées en place sont annihilées. La cause principale de cette révolte : les impôts démentiels infligés aux plus humbles par la ville et par le roi alors que nobles et ecclésiastiques bénéficient eux de vrais paradis fiscaux.


Paysans face aux châteaux, petit peuple des villes face à la collusion entre bourgeoisie alliée à l'aristocratie, la situation se tend de plus en plus durement. A Romans, le juge royal Antoine Guérin, qui rêve d'anoblissement, prépare habilement la réaction.


De la Chandeleur à Mardi gras, le carnaval de 1580, festoiement symbolique, est l'occasion pour chaque camp de s'affirmer à travers les reynages, le théâtre, les danses, les chants, les costumes, sans effusion de sang jusqu'à la nuit du 15 au 16 février, Mardi gras du calendrier Julien. Une escarmouche tourne à la rixe. Il y a des morts côté populaire. Avant l'aube Paumier est odieusement assassiné. Toute la ville retombe aux mains du juge Guérin et de son parti. Juges, potences, condamnations les plus sévères, sont requis contre les meneurs. Dans les campagnes autour de Romans c'est l'horreur, les paysans révoltés sont traqués, tués sans merci. A Moirans, les 28 et 29 mars 1580, plus de douze cents d'entre eux sont passés au fil de l'épée sans autre forme de procès.

«... vous êtes accusés :


de rébellion contre les lots de sa majesté, d'avoir avec vos complices des ligues villageoises mis le Dauphiné à feu et à sang, fomenté le désordre et des troubles graves dans la cité de Romans, entraîné avec vous par des promesses insensées une bonne partie des âmes simples de cette ville à refuser l'ordre et l'impôt. Vous êtes accusés enfin, de haute trahison pour une alliance avec les protestants et Lesdiguières contre Dieu et le roi...


- Non, monsieur le président, nous demandions tout simplement une vie meilleure pour les petites gens de cette ville. Nous n'en pouvons plus d'être saignés pour des dettes que nous n'avons pas faites et à être les seuls à payer les charges et la taille...»

 

  • Les courts extraits de livres : 15/04/2010

 

Ihttp://3.bp.blogspot.com/_UdKTVu05MHA/TOu7Zqpr0eI/AAAAAAAAAwM/HJ9evdxj0Xk/s1600/CCI23112010_00000.jpgls étaient une trentaine de cavaliers légers et leur capitaine qui remontaient paisiblement vers le nord. Après un vallon leur chemin se fit sentier et ils entrèrent dans un bois de pins et de petits chênes où ils durent bientôt avancer à la file en montant doucement vers le sommet d'une colline tapissée de sable marneux et d'aiguilles luisantes. Fatigués par toute cette belle matinée hivernale de chevauchée, maintenant bien protégés du vent du nord, ils se laissaient un peu aller à un relatif bien être, espérant au plus vite l'étape pour se restaurer et se réchauffer.

 

Sous leurs grands manteaux de laine presque neufs, la plupart étaient bardés de cuir et de métal. Poignards, épées, pistolets, arquebuses, chevaux tout était impeccable, ce n'était pas là une soldatesque quelconque, encore moins des brigands, mais, la compagnie de chevaux-légers de Jean de Bourrelon, sieur De Mures, gouverneur de Briançon, gentilhomme de la chambre du roi qui montait en Artois.


De l'autre côté de la colline, leur faisant route opposée, sur un magnifique cheval suivi d'une mule lourdement bâtée, un jeune moine ignorant leur existence montait dans leur direction.


Quand les uns et l'autre furent à quelques quatre cents mètres du faîte de la colline, il y eut soudain une clameur immense, épouvantable, de hurlements, de cris de guerre, de jurons, de blasphèmes, de tambours et de cornets. Sortant des arbres de part et d'autre du sentier quelques trois cents paysans en armes hétéroclites se jetèrent sur les bêtes et les soldats. L'effet de surprise parfait, le sous-bois dense interdisant toute manœuvre collective, l'étirement des cavaliers mirent derechef la petite troupe dans une situation extrêmement périlleuse. Le capitaine hurla à la dispersion. Il était déjà trop tard.

1580, carnaval sanglant à Romans

Auteur : Christian Watremez

Date de saisie : 13/04/2010

Genre : Romans et nouvelles - français

Éditeur : la Mirandole, Pont-Saint-Esprit, France

 

 

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