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17. Parcours d'un condamné définitif au bagne colonial- « Après Alger, Gibraltar laissé à tribord, le navire se lance en plein océan. Le tropique du Cancer franchi, dans les « bagnes », la chaleur devient torride. Derrière les parois d'acier chauffés à blanc, les forçats restent prostrés, ils mangent peu et se gorgent d'eau du tonneau dans lequel le médecin du bord a fait ajouter un quart de rhum pour en atténuer l'odeur et le goût de liquide croupi. Comme au siècle précédent, il est prévu une promenade quotidienne d'une heure sur le pont. La ration alimentaire dévolue à chaque transporté est la même que celle des matelots, le quart de vin en moins. Les menus du convoi du 1er février 1930 nous en donne une idée : pendant quinze jours de mer, le déjeuner est alternativement composé de harengs, de bœuf ou de morue, accompagnés de pommes, le dîner étant fait un jour de macaronis et de soupe aux légumes, et le lendemain de riz au gras et de soupe aux légumes. Peu de variété mais suffisamment de calories...1 »


1 Michel Pierre, Bagnards, La Terre de la grande punition – Cayenne 1852-1953, Les Éditions Autrement, 2000.

 

 

Sources

 

 

http://www.frenchlines.com/flpix/01800-01899/FL001833_s.jpgCargo construit en 1911 sous le nom d'ARMANISTAN pour F.C. Strick & Co, Anglo-Algerian S.S. Co de Londres, acquis en 1913 par Hamburg Amerika Linie, pour son service d'Afrique de l'Ouest sous le nom de DUALA.

Le 9 juin 1919 attribué à la France au titre des réparations de guerre et cédé par le Ministère des Colonies à la Compagnie Nantaise de Navigation à Vapeur qui assure par contrat depuis 1891 le transport des forçats sur les différents bagnes.

Transformé en prison flottante, mis en service en 1922 sous le nom de MARTINIERE pour le transport des condamnés de La Rochelle jusqu'en 1933 puis de La Pallice vers les îles du Salut en Guyane, avec parfois escale à Alger, à raison de deux voyages annuels. En 1931 effectue un voyage à Saïgon pour transporter 550 condamnés du Cap Saint Jacques et de l'ile de Poulo Condor vers la Guyane.

Equipage constitué de 51 navigants, 56 personnes d'encadrement et de surveillants pénitentiaires pour 600 à 800 forçats transportés.

Acquis par la Compagnie Générale Transatlantique en juillet 1937, et repeint en blanc, il continue d'effectuer la liaison avec la Guyane jusqu'en 1938.

Revendu en juillet 1939 à la Marine Nationale, transformé en ponton flottant à Lorient où il est coulé en juin 1940 lors d'un bombardement britannique. Transformé en batterie anti aérienne par les allemands, puis récupéré en 1945 par la Marine Nationale, et sans utilisation jusqu'à sa démolition à Saint Nazaire en 1955.

 

Cargo MARTINIERE -  Compagnie Générale Transatlantique, 1937 - 1939


 

 

http://www.decitre.fr/gi/75/9782357430075FS.gif
Pour ceux qui, dans la première moitié du XXe siècle, échappaient à la guillotine, le bagne de Cayenne était une destination inévitable, avec le plus souvent un aller simple.

Les quais de quelques ports français résonnaient régulièrement des fers qui entravaient la marche des condamnés, et les cales du Martinière donnaient un avant-goût de l'enfer qui attendait là-bas, de l'autre côté de l'océan. Les auteurs ont retrouvé des témoins parmi le personnel navigant, et leurs récits et photos donnent un éclairage passionnant sur cette prison flottante. Parfois anecdotiques, toujours hauts en couleurs, les témoignages nous ramènent à l'époque de Papillon et de Chéri Bibi.

Franck Sénateur, enseignant et historien du système pénitentiaire français, a été le maître d'œuvre du livre. Il s'est appuyé sur de nombreux documents et témoignages ; Paul Mauro, patron pêcheur à Piriac, a 14 ans quand il est embarqué comme mousse, en 1935, sur le navire et fait de nombreux voyages de France en Guyane et dans les Antilles.

Passionné d'histoire maritime, Bernard Cognaud a été bercé dès son plus jeune âge dans le milieu maritime : un grand-père patron pêcheur, un oncle capitaine cap-hornier et un autre navigant sur le Martinière. Il raconte la vie du dernier bateau bagne jusqu'à sa fin sous le chalumeau du démolisseur.

En mars 1955, l'épave du Martinière vient s'amarrer au quai à charbon du bassin de Penhoët à Saint-Nazaire, pour y être démolie.

 


http://ecx.images-amazon.com/images/I/51ST46XHMPL._SS500_.jpgLes premiers condamnés arrivèrent en 1852, les derniers en 1938. Transportés, relégués ou déportés, ils furent près de 70000 à subir leur peine en Guyane, relevant tous d'une loi différente. Leur univers pénitentiaire une étendue de terre du Maroni à l'Oyapock, non loin de l'équateur, en bordure de la forêt amazonienne, entre Surinam et Brésil. Leurs bagnes s'appelaient Cayenne, les îles du Salut, Kourou, Saint-Laurent, Saint-Jean, Charvein...

Commencé dans l'utopie du rachat par le travail forcé, le siècle des bagnards se poursuit par la seule volonté d'exclure, d'exiler, d'éliminer, et s'achève dans un bilan tragique. Dossiers, témoignages, archives, récits racontent la vie et la mort d'hommes et de femmes dont la justice française se débarrassa loin de ses côtes.

Certains noms appartiennent déjà à la mémoire collective Dieudonné de la bande à Bonnot, le capitaine Dreyfus, Seznec, Papillon et combien d'autres relevant de l'expression "tu finiras au bagne".

À l'heure où la France s'interroge sur la punition, la prison et le système pénal, cet ouvrage fouille l'histoire des bagnes de Guyane, en éclaire la genèse, en restitue la vie quotidienne et en décrit les vestiges.

 

1Collection privée de cartes postale de Philippe POISSON - La Rochelle - Saint-Martin-de- Ré - Embarquement de forçats - navires de transport, etc. 

Poisson (Philippe) | Criminocorpus. Le portail sur l'histoire de la ...

17. Parcours d'un condamné définitif au bagne colonial - Document à usage pédagogique uniquement. PP.


 

16. Parcours d'un condamné définitif au bagne colonial

16. Parcours d'un condamné définitif au bagne colonial

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  Bagnes coloniaux (17)

Tag(s) : #Bagnes coloniaux
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