Dans le dédale des rues de Londres, une jeune femme avance en trébuchant. Amaigrie, les yeux rougis par l'insomnie, elle a le visage blême, les traits tirés. Elle a faim. Ce n'est
qu'une malheureuse parmi tant d'autres, parmi toutes ces femmes qui. comme elle, affamées, sans logis, errent dans les rues de la ville en ce début du XVIII ème siècle. A côte d'elle,
accroché à sa robe pour se maintenir à son pas, un enfant trottine en pleurnichant. La jeune femme hésite. revient sur ses pas. Elle a finalement trouvé la maison qu'elle cherche. Une dame âgée
ouvre la porte, la regarde froidement. " Ah ! C'est vous ! " jette-t-elle. " Que voulez-vous ? De l'argent ! " - " Pas
pour moi . "" Pas pour moi. mais pour lui. pour votre petit-fils " -" II vaudrait mieux qu'il vienne vivre chez moi ; vous pourriez le
voir de temps en temps. " A ces mots, la jeune mère éclate en sanglots : " Je vous en prie, ne me l'enlevez pas ! Si je peux trouver à me loger quelque part, tout ce
que je vous demanderai, c'est un peu d'argent chaque semaine, juste de quoi le nourrir et l'habiller. " La vieille dame réfléchit. Elle se sent trop âgée pour se charger de
l'enfant. " Très bien ! Je vous donnerai cinq shillings par semaine. Pour l'enfant. " répond la jeune femme. Puis poussant l'enfant devant elle : La jeune
femme éprouve soulagement intense. Son plan désespéré a réussi : cinq shillings, c'est assez pour les faire vivre toutes les deux, elle et sa fille.
Car en réalité l'enfant est une fille; son demi-frère, le véritable petit-fils de la vieille dame, est mort en bas âge. La jeune femme vivait alors loin de Londres et sa belle-mère n'avait appris
ni la mort de son petit-fils ni la naissance de Mary. Elle qui avait été si fière d'avoir un descendant mâle ! La misère et la faim avaient contraint Mrs Read, la jeune mère, devenue
veuve, à monter cette supercherie. Puis, son stratagème ayant réussi, il fallut bien, pour que la vieille dame donne de l'argent chaque semaine, continuer à faire passer Mary pour un garçon, sous
peine de mourir de faim. Mary a treize ans lorsque sa " grand-mère " meurt. Habilée jusque-là comme un garçon, elle préfrère continuer à se faire passer pour un
homme. Elle s'enrôle comme mousse sur un navire de guerre.
Son temps de service terminé, elle quitte la marine, mais c'est pour s'engager dans un régiment de cavalerie qui combat dans les Flandres. Elle se conduit en bon soldat, entretient bien ses armes
et combat bravement quand I'occasion s'en présente. Mais si elle porte l'uniforme, et bien qu'elle se conduise en homme, Mary n'en a pas moins gardé un coeur de femme. La voici qui tombe
amoureuse d'un de ses compagnons d'armes. Elle ne vit plus que pour lui. Chaque fois qu'il est envoyé en patrouille, elle s'arrange pour l'accompagner et veille à ce qu'il ne lui arrive rien de
fâcheux. Le jeune homme est le seul, de tout le régiment, à connaître le secret de Mary. Un jour. ils annoncent leur intention de se marier. On imagine la stupéfaction de leurs compagnons ! La
surprise passée, tout le régiment célèbre l'événement. Avec le produit de la collecte organisée pour eux, ils achètent une petite auberge à Bréda, en Hollande. Tout leur réussit d'abord, puis le
mari tombe malade et meurt. Mary ne peut plus s'occuper seule de l'auberge.
Elle se résout à endosser à nouveau son travesti pour mener la seule vie qu'elle connaisse, celle de soldat et de marin. Le bateau sur lequel elle s'est embarquée pour les Antilles est capturé
par les pirates. Elle garde son secret et se joint à eux. Puis le hasard la conduit dans l'équipage du Capitaine Rackham, pirate de sinistre réputation. Une autre femme fait partie de la
bande, Anne Bonney. Elle perce le secret de Mary, mais seul Rackham est mis au courant de la vérité. II saura rester discret.
Une fois encore, Mary Read tombe amoureuse. Cette fois, elle s'éprend d'un jeune marin, capturé par les pirates et qui s'est joint a eux. Un jour, le jeune homme se prend de querelle avec un des
pirates ; la violente dispute qui oppose les deux hommes ne peut se terminer que par un combat à mort. Mais Rackham a interdit les duels à bord du bateau. Ils s'affronteront donc sur une
île proche. Mary craint le pire pour celui qu'elle aime et qui n'est pas habitué à se battre. Elle s'arrange pour provoquer son adversaire en duel : le combat à mort aura lieu sur la même île...
mais deux heures plus tôt. La lutte est féroce. Déchaînée, Mary a bientôt le dessus. Elle tue son adversaire en combat loyal, sauvant ainsi d'une mort certaine celui qu'elle aime.
Le gouverneur de l'île de la Providence a résolu de mettre fin aux méfaits des pirates. Le vaisseau de Rackham est attaqué. Au cours de la lutte, Rackham et d'autres pirates
refusent le combat. Pistolet au poing, Mary tente, en vain, de les contraindre à se battre. Sur le chemin de la potence, Rackham est autorisé à voir Anne Bonney. " Si
tu avais combattu comme un homme ", lui jette-t-elle avec mépris, " tu ne serais pas maintenant pendu comme un chien ! "Anne Bonney et Mary
Read ! A son procès, Mary Read fut accablée par les témoins : trop souvent on l'avait vue monter la première à l'abordage. Jusqu'au bout, elle trompa ses juges sur son véritable sexe. Et,
elle trompa aussi le bourreau : elle mourut de fièvres peu après le procès ... Car au milieu de ces couards, trois pirates seulement se battirent courageusement; deux étaient des
femmes,
Mary Read
http://www.lodace.net/histoire/impost/read.htm
Crédit photographique - MARY READ
www.latinamericanstudies.org/pirates.htm
Des bandits pas si sympathiques
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-35552937.html
La légende de Barbe noire
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Paris : Pirates et corsaires accostent au Louvre des Antiquaires
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Le retour des pirates au large de l’Indonésie et de la Somalie
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Le yacht du bagne
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-32069586.html