Bordeaux-Bastide (33) - Conférence le
22/10/2009 à 18h00
De l'Hôpital des Fous au Cimetière des Oubliés ou l'histoire de l'enfermement à Cadillac-sur-Garonne, avec Michel Benezech
La conférence du professeur Michel Benezech (psychiatre, légiste, criminologue) sera suivie du diaporama de Stephan Ferry
(photographe, écrivain).
Lieu : Cinéma Megarama ; Quai de Queyries
Entrée : libre, sur réservation
Organisation : Histoire(s) de Bastide
Information : Colette Lièvre
Téléphone : 06 30 61 93 43
Lire également l'article de Grégory Lassus-Debat paru dans le Journal l'Humanité (7 septembre 2005).
Un très beau texte : Les croix en fer, d'Erwan Tanguy.
- Le Cimetière des "gueules cassées" de Cadillac (33)
- Une Galerie photo
- Les gueules cassées et les oubliés (Liste nominative de "gueules cassées" et parcours de ces hommes avant leur admission à
l'hôpital).
Le «carré des fous»
L’exposition «Le carré des fous», qui comprend trente photographies noir et blanc, sera présentée au château de Cadillac du 26 octobre au 30 novembre (vernissage le 25 octobre, à 17 heures).
Elle est consacrée à un lieu encore méconnu, bien que librement accessible au public : le cimetière des aliénés de Cadillac, ensemble de quelque neuf cents tombes disposées entre l’UMD
Boissonnet et le cimetière communal
La décision, survenue en 1920, d’inhumer les indigents et les aliénés à l’écart du cimetière communal n’est sans doute pas étrangère à cette méconnaissance, non plus qu’au sentiment d’abandon qui règne aujourd’hui parmi les croix en fer.
Le «carré des fous», comme on le nommait autrefois, véhicule une mythologie qui lui est propre, constituée de préjugés, de fantasmes et de peurs sans nombre ; le plus souvent fondés sur une ignorance que ne parvient pas seule à expliquer l’existence d’un haut mur de séparation. Car ce mur est doté d’une ouverture, et rien n’interdit de la franchir.
En 2004, j’ai décidé d’aller y voir de plus près, muni du seul outil qui me semblait approprié pour témoigner de ce qu’est vraiment cet étrange cimetière : un appareil photographique. Au cours des quatre dernières années, j’ai effectué de très nombreuses visites au «carré des fous». Peu à peu, je me suis imprégné de l’atmosphère si singulière qui s’y est installée, de ce curieux sentiment de fragile quiétude qui se dégage du vaste ensemble de sépultures désolées.
Elles ne sont certes guère engageantes ces lugubres enfilades de croix rouillées, mais elles ne parviennent pas à faire totalement oublier que l’endroit ne recèle finalement que des dépouilles d’hommes (et de femmes) dont le seul tort fut de perdre un jour la raison. Le passage du temps, la sinistre réputation du lieu, les préjugés, n’ont finalement pas réussi à priver le «carré des fous» de son humanité. Fragmentaire, ténue, fragile, elle subsiste ; touchante dans sa simplicité.
A travers ma recherche photographique, j’ai cherché à restituer tout à la fois cette fragilité et cette humanité, qui font du «carré des fous» un lieu de mémoire à part entière.
S. Ferry