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http://edition.cnn.com/WORLD/9803/02/argentina.dirty.war/astiz.jpgLa justice argentine a condamné mercredi 26 octobre Alfredo Astiz, surnommé "l'ange blond de la mort", pour crimes contre l'humanité commis sous la dictature entre 1976 et 1983. Maître de conférences en histoire à l’Institut des Hautes Études de l’Amérique latine (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), membre de l’Institut Universitaire de France et rédacteur en chef des Cahiers des Amériques latines, Olivier Compagnon fait le point.


L’Histoire : Qui est Alfredo Astiz ? Quel était son rôle sous le régime de Videla ?

Olivier Compagnon : Astiz est un militaire argentin, originaire de la station balnéaire de Mar del Plata, qui avait un peu moins de 25 ans au moment du coup d’État du 24 mars 1976. Dès les premiers mois de la dictature, il a fait partie de commandos chargés d’enlever des individus considérés comme dangereux pour les intérêts supérieurs de la nation – autrement dit tous ceux qui, de près ou de loin, avaient un lien avec le marxisme. Il a également sévi au sein de l’Escuela Superior de Mecánica de la Armada (École Supérieure Mécanique de la Marine, ESMA), qui fut l’un des principaux centres de tortures du régime et qui est devenu en 2004 un musée dédié aux victimes et disparus des années 1976-1983. Pour la violence de ses méthodes au sein de l’ESMA, il a acquis le surnom d’« ange blond de la mort ». Il a ensuite infiltré le milieu des exilés argentins, notamment en France, dans le cadre d’une répression qui ne souhaitait pas se cantonner aux seules frontières nationales. En 1982, il a combattu lors de la guerre des Malouines et a été fait prisonnier par l’armée britannique, mais Margaret Thatcher a refusé son extradition en France et en Suède au nom de la convention de Genève et lui a permis de rentrer en Argentine.

L’Histoire : Quels sont les faits qui lui sont reprochés ?

Olivier Compagnon : Placé sous les ordres du capitaine Jorge Eduardo Acosta, surnommé le Tigre, au sein de l’ESMA, Astiz est assurément responsable de la torture, de la mort ou de la disparition de très nombreuses personnes. Toutefois, il a notamment été poursuivi pour la disparition d’une adolescente argentino-suédoise, Dagmar Hagelin, et de deux religieuses françaises, Alice Domon et Léonie Duquet. Installées en Argentine de longue date et militantes au sein de réseaux catholiques progressistes, celles-ci soutenaient le combat qu’avait entamé les Mères de la Place de Mai. Elles ont été arrêtées, torturées au sein de l’ESMA et mises à mort en décembre 1977.

L’Histoire : Que devint Alfredo Astiz après la fin de la dictature militaire ?


Olivier Compagnon : Une fois revenu en Argentine après la guerre des Malouines, Astiz a bénéficié des lois d’amnistie du gouvernement de transition et est resté dans l’armée jusqu’en 1998. Coulant des jours tranquilles entre Buenos Aires et Montevideo, il a ensuite donné plusieurs entretiens à la presse dans lesquels il expliquait ne rien regretter et avoir contribué à la pacification du pays. Il a toutefois été condamné, par contumace, à la réclusion à perpétuité en France dès 1990 et en Italie en 2007.

L’Histoire : En quoi sa condamnation est-elle un événement important ? S’inscrit-elle dans un processus plus long de procès de la Junte ?

http://www.argentine-info.com/wp-content/uploads/2010/03/Agence-de-Voyage-Argentine-Equinoxe-Astiz-Ange-Blond-de-la-Dictature.jpgOlivier Compagnon :
Astiz était une figure symbolique de la répression des années de plomb et c’est pour  cela que sa récente condamnation en Argentine a recueilli un tel écho médiatique. Cela dit, il faut comprendre ce jugement dans un temps plus long qui commence avec l’élection de Néstor Kirchner à la présidence de la République en mai 2003 et qui correspond d’ailleurs à l’arrestation d’Astiz à Buenos Aires. Si, en Argentine comme ailleurs, l’impunité des bourreaux a pu être une condition de la transition et de la consolidation démocratique à partir de 1983, les revendications des familles de victimes en termes de justice et de mémoire n’ont pas pu être étouffées durablement. Après la grande crise économique et sociale de 2001 qui avait complètement décrédibilisé les élites politiques, la refondation d’un pacte démocratique ne pouvait passer que par une prise en charge par l’État de ces questions judiciaires et mémorielles et cela a été l’une des grandes œuvres du couple Kirchner. En réalité, cela fait plusieurs années que l’Argentine vit au rythme de ces procès, à Buenos Aires tout autant que dans l’intérieur du pays, qui lui permettent de solder une partie des comptes du passé. Il ne faut toutefois pas croire que tout est réglé pour autant : de nombreux individus coupables de violations des droits de l’homme, appartenant à la même génération qu’Astiz, demeurent actifs dans les sphères du pouvoir provincial, dans la police ou dans l’armée. L’ombre des années 1976-1983 n’en finit pas de planer sur l’Argentine contemporaine et il faudra bien encore une génération, au moins, pour que la dictature devienne un seul objet d’histoire. - (propos recueillis par Olivier Thomas).

 

Alfredo Astiz condamné à la prison à perpétuité

Par Olivier Compagnon

 

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Tag(s) : #Justice - Peine de mort - Expertises
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