« Père Duchesne, je ne suis pas en sûreté au milieu de cette canaille. Canaille, qu’appelez-vous ?
parlez avec plus de respect de ceux qui vous font vivre, de votre souverain. Que serait un roi sans son peuple ? » (n°111-1792) ; « Tu dois être las d’écrire pour la canaille : elle est ingrate
& ne peut dignement récompenser tes talents. Je veux leur payer le juste tribut qui leur est dû » (n°115-1792).
La « canaille » désigne au XVIIIe siècle la « populace », la foule de ceux qui n’ont rien pour eux, ni les avantages d’une
bonne « naissance », ni la jouissance d’une propriété de quelque importance (« [...] ni naissance, ni bien, ni courage », note le Dictionnaire de
Furetière). Le terme, péjoratif bien sûr, s’emploie en général au singulier et à titre collectif, mais on écrit aussi volontiers « les canailles » pour dénoncer certains individus que
l’on méprise. Ici, Le Père Duchesne livre tout d’abord l’un de ses entretiens avec le roi, dans lequel il élimine le mot « canaille » au profit du mot « peuple » (n°111, février 1792) ;
puis il rapporte un prétendu discours de Marie-Antoinette cherchant une fois de plus à le corrompre pour placer sa plume au service de la famille royale et non plus de la «canaille » (n°115, mars
1792). [...]
http://www.historia.fr/content/mots/article?id=30108
Avertissement : Toutes les citations sont extraites de l'un des plus célèbres journaux de la Révolution française, Le Père Duchesne d'Hébert, publié de 1790 à 1794, soit environ 400 numéros. Après chaque citation, la numérotation et la datation sont indiquées entre parenthèses. Les astérisques renvoient à des mots traités dans le livre original de Michel Briard.