Document 2011 - « Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle
une dernière fois :
Plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera...
Tu feras un livre, Le Nain Jaune, pour le camoufler.
Au même âge que toi, j'en ferai un, Des gens très bien, pour l'exposer.
Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne.
Dors mon petit papa, dors...
Ce livre aurait pu s'appeler " fini de rire ".
C'est le carnet de bord de ma lente lucidité.»
A.J.
Alexandre Jardin a déjà publié une douzaine de romans. Il a obtenu le prix Femina pour Le Zèbre
(1988).
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La revue de presse - Le Point du 6 janvier 2011
Alexandre Jardin est un chic type. Sincère. Engagé. Militant infatigable de la lecture, dont il s'épuise à faire connaître, à travers son association Lire et faire lire, les vertus aux moins lotis de nos enfants. On l'avait quitté romancier de bluettes, amateur d'improbables épopées conjugales, prophète souriant de la félicité matrimoniale, rejeton très tôt doué - à 23 ans, il est l'auteur vivant le plus vendu dans le monde - d'un père, Pascal Jardin, étourdissant écrivain et dialoguiste. On le retrouve changé. À 44 ans, "essoufflé de menteries", il quitte les amours délicieusement affranchies de ses ascendants pour raconter l'histoire d'une famille française vichyste, la sienne...
Alexandre a peu connu son grand-père et sa famille n'a guère cherché à découvrir ce que Jean aurait pu savoir de la déportation des juifs organisée par le gouvernement au sein duquel il travaille avec acharnement. Tous les siens se sont accommodés de son éblouissant reclassement en financier occulte de l'industrie française, conseiller influent d'Antoine Pinay, "fidèle à la personne de Laval mais pas à sa politique de collaboration", comme dira Jean-Marie Soutou, secrétaire général du Quai d'Orsay, dans un entretien avec Pierre Assouline.
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La revue de presse Marine Landrot - Télérama du 12 janvier 2011
Magistral exposé de psycho-généalogie, Des gens très bien crève le moelleux feutré du divan pour sonder le gouffre de l'Histoire et de la mémoire. «Soudain, j'ai peur. Pour la première fois de ma vie, j'accepte de perdre pied» : en lâchant prise, Alexandre Jardin retrouve l'équilibre et prend de la hauteur de vue. Au détour de phrases pudiques et cinglantes, il dénonce une certaine tendance française à l'autopersuasion, à l'illusion d'intégrité. Il démonte le mécanisme de toute prise de conscience pour dépoussiérer une à une les pièces qui la constituent : doute, renoncement, honte, sursaut de confiance, bourgeonnement de l'évidence, renaissance...
C'est tout le pouvoir d'envoûtement de ce livre : par effet de ricochet, il vient toquer à la fenêtre de chacun et invite à
relire sa propre histoire. Alors le titre prend une autre tonalité. Des gens très bien, ce sont peut-être des auteurs comme Alexandre Jardin, capables de renaître. D'oser l'espoir.
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La revue de presse Eric Roussel - Le Figaro du 6 janvier 2011
Dans le livre magnifique qu'il a consacré à son père Ramon, Dominique Fernandez a récemment essayé de comprendre les raisons pour lesquelles un esprit brillant soudain dérailla pour son infortune. Rien de tel dans ces pages. À toute tentative d'explication, Alexandre Jardin oppose un refus d'ordre moral. Sur son grand-père, cet habile qui sut si bien naviguer au risque de se perdre, il porte un jugement implacable. À le lire, on mesure combien a changé, en l'espace d'une ou deux générations, notre regard sur les années noires. Pendant longtemps, on tint compte du patriotisme supposé des uns et des autres. Aujourd'hui, c'est la responsabilité morale et collective de millions de Français, témoins de l'horreur nazie, qui se trouve en jeu. Le fait d'avoir changé de camp au moment où tout bascula, c'est-à-dire en 1942, ne protège plus des pires soupçons, comme en témoigne ici le traitement de choc administré à Maurice Couve de Murville, nommément désigné comme le responsable de l'aryanisation des biens juifs pendant les premières années de l'Occupation...
En dépit de ses liens avec la Résistance et de l'aide qu'il accorda à certains Juifs, comme l'historien Robert Aron, Jean
Jardin doit-il être tenu pour l'un des responsables de la terrible rafle ? Dans l'extraordinaire dossier à charge réuni par son petit-fils, rien ne le prouve de manière formelle. La parole est
maintenant aux historiens.
Auteur : Alexandre Jardin
Date de saisie : 13/01/2011
Genre : Romans et nouvelles - français
Éditeur : Grasset, Paris, France
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Document 1988 - Il fut toute sa vie un homme de l'ombre jusqu'au jour où son fils Pascal Jardin lui
consacra un livre.
Le nain jaune, c'était lui, Jean Jardin, conseiller du " prince " et éminence grise, un des personnages les plus énigmatiques que le véritable pouvoir, celui qui ne se voit pas, ait produit. Il n'avait jamais voulu écrire ses Mémoires, malgré de nombreuses sollicitations, craignant d'en dire trop ou pas assez. Cette biographie est la première qui lui soit consacrée. Elle a été écrite à partir de témoignages, d'archives et de correspondances pour la plupart inédits, à l'issue d'une enquête riche de révélations sur les dessous de la politique française pendant l'Occupation et la IVe République. La vie secrète de cet homme à l'entregent inouï, c'est aussi celle de ses amis, qu'ils soient écrivains (Giraudoux, Paul Morand...), industriels (Jean Riboud...), présidents du Conseil (Antoine Pinay, Edgar Faure, René Mayer...) ou eux-mêmes éminences grises (Georges Albertini, André Boutemy...).