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http://www.decitre.fr/gi/03/9782221125403FS.gifLes présentations des éditeurs : 18/07/2011 - « A ma stupéfaction, mon père me redemanda mon carnet scolaire. Dans la case "correspondance", il écrivit : "À la suite de difficultés familiales imprévisibles, mon fils ne sera plus en mesure de pouvoir poursuivre la fréquentation de votre établissement. Je vous prie de bien vouloir l'en excuser.


" Il data et signa. En me rendant mon carnet, il me dit :


"Maintenant, conduis-toi en homme. Quoiqu'il m'en coûte, ce que je fais, je le fais pour la France d'abord et pour toi ensuite. Ne vois plus ta mère ni tes sœurs, qu'il faut protéger. D'ici notre prochain rendez-vous de vendredi, pense de ton côté aux possibilités futures de nous rencontrer si tu dois te déplacer. Sois prudent pour toi, pour les autres, et rappelle-toi à chaque instant de ta vie de la confiance que je te témoigne. " Je suis sûr qu'il avait les yeux embués, mais je ne le voyais pas. Je ne voulais pas le voir. Il se leva pour quitter le wagon toujours immobilisé. J'avais seize ans. J'étais incapable de dire un mot. En passant devant moi pour sortir, il posa juste sa main sur mon épaule. Il fallait absolument que, très vite, je puisse pleurer. »

Jean-Daniel Fallery n'est encore qu'un tout jeune lycéen lorsqu'il décide de s'engager dans la Résistance et d'intégrer le réseau Comète. Sans le savoir, il se lance dans une folle aventure qui le conduira à mettre plusieurs fois sa vie en danger. Derrière ce témoignage historique inédit, les confessions vibrantes d'un homme de devoir.

Jean-Daniel Fallery est né en 1926 à Paris. Après avoir travaillé comme cadre dans un grand établissement financier, il part créer une exploitation agricole dans le Sud-Ouest de la France. Il sera un temps maire d'un petit village des Landes.

 

  • Les courts extraits de livres : 18/07/2011

« Que ceux qui n'ont que leur inaction pour faire reconnaître leur absence d'erreurs se taisent. »

Georges Clemenceau

Rethondes, 22 juin 1940. Montoire, 24 octobre 1940. J'avais quatorze ans, ces deux dates firent basculer mon existence. A Rethondes, un gouvernement de circonstance capitulait et livrait la France à l'Allemagne nazie. La République était dissoute, le maréchal Pétain prenait le pouvoir. A Montoire, il serrait la main de Hitler. Près de cent mille soldats français avaient été tués, près de deux millions allaient rester prisonniers en Allemagne durant cinq ans. Abasourdie, désemparée, la majorité des Français se résigna. Mais certains d'entre eux n'acceptèrent pas cette capitulation et purent rejoindre le général de Gaulle à Londres. D'autres entreprirent d'organiser la résistance à l'occupant allemand en France même; des gestes courageux et des actes de solidarité envers les victimes des persécutions se sont multipliés, tandis que se formaient la Légion, la Milice, le prétendu Parti populaire et autres ordres affidés au régime, qui se sont livrés à la délation, au pillage et aux meurtres. Au centre de ce naufrage, naturellement : Pétain, indigne, méprisable, incarnant la somme de tous les renoncements français. Son fantôme, bien en chair, continue à nous hanter plus de soixante ans après la guerre.


Ayant connu déjà deux Républiques, la IVe et la Ve, la France n'en finit pas de régler ses comptes avec l'homme qui mit fin à l'existence de la IIIe pour se vautrer dans la défaite, accoucheuse de sa « révolution nationale ». Des films, des livres scrutent l'âme de celui que l'on nomme toujours le «vainqueur de Verdun» et sondent les reins du régime de Vichy pour tenter de nous dire si ce pouvoir fut totalement abominable, si celui qui l'incarna fut tout à fait coupable ou à moitié innocent. Ce débat - comme tout débat historique - a bien entendu sa légitimité. Mais il ne rend pas compte d'une réalité plus enfouie : celle d'un pays dont la mauvaise conscience est patente. La France s'est pendant longtemps crue résistante, puis s'est découverte un peu collabo, ce qui l'a amenée à chercher quelques circonstances atténuantes à Pétain.


Il aura fallu plus d'un demi-siècle pour que soit admise cette évidence : l'État français de Vichy était un État criminel. A son rôle dans la déportation de dizaines de milliers de juifs de France pendant l'Occupation par l'appareil policier de l'État français s'ajoutent bien d'autres crimes : l'internement d'étrangers et d'apatrides - femmes et enfants compris - dans des camps de concentration au régime scandaleux ; la livraison aux nazis de réfugiés politiques, pour la plupart allemands et autrichiens, qui avaient obtenu l'asile en France ; le traitement inhumain des républicains espagnols; la persécution des Tsiganes ; enfin, à l'encontre des résistants, l'action féroce des unités spécialisées de la police d'État et de la Milice livrant aux Allemands ceux qu'ils avaient arrêtés et torturés, quand ils ne les avaient pas eux-mêmes exécutés.


De récentes recherches dans les archives du bagne de Cayenne ont révélé un génocide poursuivi entre 1941 et 1942 contre la population des forçats par l'administration pénitentiaire de Vichy. Or, ces crimes ne sont pas des bavures ou des excès imputables seulement aux circonstances tragiques de l'époque. Les crimes commis contre les êtres humains et contre l'humanité par le régime de Vichy sont les fruits empoisonnés de son idéologie où, au culte du chef, se mêlèrent la xénophobie, le racisme et l'antisémitisme les plus virulents.


Ce jour-là, j'ai décidé de ma vie

Auteur : Jean-Daniel Fallery

Date de saisie : 18/07/2011

Genre : Biographies, mémoires, correspondances...

Éditeur : Robert Laffont, Paris, France

 

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