Document 06/01/2012 - « Platon,
le mythe de la caverne.- Des prisonniers qui ne verront jamais de la réalité que des ombres d'humains projetées sur la paroi de la grotte où ils sont enchaînés. Dans le souterrain les enfants
n'ont vu de l'extérieur que les images tombées du ciel qui leur parvenaient par le câble de l'antenne. Le mythe a traversé vingt-quatre siècles avant de s'incarner dans cette petite ville
d'Autriche avec la complicité d'un ingénieur en béton et celle involontaire de l'Écossais John Baird qui inventa le premier téléviseur en 1926. R. - J. Claustria est le roman de cette
incarnation.»
Né en 1955, Régis Jauffret est l'auteur de nombreux romans, dont Clémence
Picot, Univers, univers (Verticales), Asiles de fous, Microfictions, Lacrimosa (Gallimard), Sévère, Tibère et Marjorie (Seuil).
- La revue de presse Marianne Payot - L'Express, janvier 2012
Pour son nouveau roman Claustria, Régis Jauffret s'est emparé de l'histoire abominable de Josef Fritzl. Pari réussi...
Retracer les vingt-quatre années que la jeune Elisabeth Fritzl, violée et engrossée par son père, vécut six pieds sous
terre : tel était le défi de l'auteur de Microfictions. Une gageure et une réussite époustouflante : voici Claustria, contraction habile de claustration et d'Austria (Autriche), plus de 500
pages serrées, l'un des événements de cette rentrée...
Prouesse de Jauffret que de raconter la durée, d'alterner les rythmes, de jouer avec les époques. Estomaqué par la
monstruosité du fait divers, séduit par le ton tenu et le style enfiévré du narrateur, le lecteur se laisse emporter, comme enivré par cette histoire délirante. Romancer l'horreur, charrier
les mots et les maux avec l'élégance d'un esthète : l'auteur d'Asiles de fous fait mouche.
- La revue de presse Philippe Lançon - Libération du 5 janvier 2012
En partant de l'inconcevable affaire Fritzl, ou la séquestration pendant vinq-quatre ans d'une fille par son père, Régis Jauffret signe un remarquable «Claustria» et s'empare du vécu pour délivrer sa vérité sur la société. L'histoire se passe en Autriche, c'est-à-dire nulle part. Donc partout. Elle s'élève d'un fait divers, cet infini à la portée des autruches. L'autruche est un romancier de 56 ans, né à Marseille, auteur de vingt livres, nommé Régis Jauffret. Depuis vingt ans, il met la tête en terre humaine. Il ferme les yeux, avale tout, les vers, les pierres, la merde, les os, les revenants, et puis, dans le noir de la fiction, il développe et illumine le pire dans toutes les directions. Il écrit pour expérimenter, pour que le lecteur expérimente avec lui, comme on le faisait dans les années 70. Mais il le fait en racontant des histoires, épouvantables et drôles, filant comme à la foire, vivant de déborder nos approches raisonnables, informées, journalistiques, télévisées, de la «réalité» - du fait divers. Il veut sentir jusqu'où il peut aller non pas très loin, mais au-delà, de façon à jouir des fureurs de l'imaginaire. Il le fait à l'aide d'une phrase sèche, nerveuse, généralement courte et soudainement longue, rythmée par des comparaisons bouffonnes et par de fausses répliques de scène qui claquent comme drapeaux dans la bataille. C'est la grammaire, et elle seule, qui tient la folle du logis.
- La revue de presse Linda Lê - Le Monde du 5 janvier 2012
Régis Jauffret a mené de longues investigations, interrogeant des témoins qui se dérobaient, visitant les lieux qui ont été le théâtre de ce drame dantesque, mais il fait avant tout oeuvre de romancier, sans avoir la complaisance de celui qui se délecte à conter l'innommable. Il décrit les faits avec la précision d'un enquêteur expert à sonder ce qui se dissimule sous les apparences, la froideur d'un anatomiste des relations entre un bourreau et sa victime, et le talent d'un écrivain qui ne cède pas à la tentation de s'ériger en juge.
- La revue de presse Nathalie Crom - Télérama du 4 janvier 2012
La perversité exaspérée du bourreau, la détresse sidérante des victimes : une matière humaine saisissante, poignante, que Jauffret pétrit et agite avec l'intelligence et l'empathie d'un grand romancier...
On sait, depuis notamment Histoire d'amour (1998), Clémence Picot (1999), plus récemment Microfictions (prix
Télérama/France Culture, 2007) ou encore Sévère (2010), combien est grande l'aptitude de Régis Jauffret à sonder les psychés au bord du gouffre, en proie aux dérèglements ou à la souffrance
extrême, à mettre au jour aussi les ressorts pervers à l'oeuvre dans les relations humaines : manipulation, prise de pouvoir, humiliation. Cette capacité atteint, dans Claustria, des sommets
de maîtrise - dégagée qu'elle est des tentations grand-guignolesques ou sarcastiques auxquelles Jauffret a parfois cédé par le passé.
www.dailymotion.com/video/xncra0_claustria-une-litt...30 déc. 2011 -
16 mn
Avec "Claustria" (Le Seuil), l'écrivain Régis Jauffret a mis son scalpel au plus profond du plus monstrueux des ... |
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