Document 2009 - Pendant la Grande Guerre (1914-1918) les insoumis et les déserteurs sont nombreux dans deux zones des Pyrénées-Orientales, le Vallespir et la Cerdagne.
L'insoumission, due aux soldats émigrés qui refusent la mobilisation, est un phénomène surtout rural alors que le pourcentage des déserteurs est relativement plus fort dans les villes. La
désertion s'inscrit dans les stratégies pour diminuer la violence des combats ou même la fuir. La décision prise, le passage de la frontière est aisé par les chemins de cet espace montagnard
transfrontalier. La solidarité des Catalans et des familles ainsi que la traditionnelle opposition au pouvoir aident les réfractaires.
La raison d'État prime : partout, arrestations, refoulements ou pressions se font illégalement pour dissuader la désertion. Le résultat est cependant assez faible, à savoir un ralentissement du
nombre de déserteurs. La perméabilité des Pyrénées est due à une impréparation de la surveillance de la frontière. Aux extrémités de la chaîne, en Catalogne comme au Pays Basque, les autorités
avouent leur impuissance.
Les déserteurs émigrent et se réfugient de l'autre côté de la frontière, où ils sont chaleureusement accueillis. Peu se décident à revenir pendant la guerre, pensant à l'amnistie qui amorce le
mouvement de soumission des déserteurs mais pas celui des insoumis non concernés. L'oubli, le pacifisme et la volonté de tout effacer se combinent dans l'accueil - dénué de tout reproche - qui
est fait aux réfractaires.
Broché
Paru le : 03/07/2009
Éditeur : Trabucaire Editions
Collection : Historia
L'auteur en quelques mots en 2009...
Miquèl Ruquet, professeur d'histoire et de géographie au collège des Albères à Argelès-sur-Mer, termine en 2009 un doctorat d'histoire à l'Université de Perpignan Via Domitia sur l'insoumission et la désertion pendant la guerre de 14-18 sur la frontière des Pyrénées.
Il a publié de nombreux articles dans diverses revues, en français et en catalan : Domitia, Muntanya, Midi Rouge, Vallespir, Aïnes Noves, Ceretania, Papers de Recerca Històrica d'Andorra.
Extrait de l'avant-propos
Pourquoi étudier les déserteurs et les insoumis de la guerre de 14-18 ?
Dans le langage courant, la notion d'insoumission est souvent confondue avec celle d'objection de conscience ou celle de désertion. L'objection de conscience est un refus préalable de se
soumettre à l'assujettissement au service militaire. L'insoumission, elle, est un refus d'exécuter l'«ordre de route», à sa réception. Le délai accordé pour l'exécution de cet ordre est de huit à
quinze jours en temps de paix et selon la loi de 1913, tout homme mobilisé qui n'a pas rejoint son corps dans un délai de deux jours est déclaré insoumis. Celui qui n'a pas respecté ce délai,
l'insoumis, est passible du conseil de guerre, et risque des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à cinq ans. De plus, les insoumis sont privés de leurs droits civiques. La loi prévoit
aussi des sanctions pour ceux qui emploient, cachent, encouragent les insoumis ou font de la propagande en leur faveur.
La désertion ne concerne que des militaires en service et abandonnant leurs postes, en temps de guerre comme de paix. Il y a une gradation dans la désertion. La désertion à l'intérieur est moins
grave que la désertion à l'étranger : le soldat, volontairement ou non, ne quitte pas le territoire français. Ne pas rejoindre son unité après une permission, la quitter pendant une période de
repos, loin de l'ennemi, ne constituent pas les infractions les plus graves. Abandonner son poste devant l'ennemi, refuser d'obéir et déserter au front sont des actes lourds de conséquences. La
désertion à l'ennemi reste le cas le plus rare et aussi celui dont la sanction est la plus lourde : les soldats sont passibles de la peine de mort par contumace.
La Guerre de 14-18 fait partie des événements de notre histoire, avec les guerres de religion, la Révolution et plus tard l'Occupation, qui ne laissent pas la mémoire sociale en paix. L'étude de
ceux qui ont refusé de se battre se situe sur les marges de l'histoire officielle, en marge donc de l'idéologie et des constructions «mythologiques» qui ont forgé et forgent encore la nation. La
Première Guerre mondiale est la véritable «bataille des Nations», en ce sens que ses combattants sont véritablement nationalisés, instruits «de l'histoire et, de la géographie et des valeurs de
leur patrie, mais aussi de la légitimité d'un engagement jusqu'à la mort pour les défendre».
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