« Quand un criminel est intelligent, instruit, sans remords, et quand il a bien préparé son crime, neuf fois sur dix on l’acquitte », fait dire Guy de Maupassant à un procureur dans une de ses chroniques, « Comédie et drame », parue dans Le Gaulois du 4 avril 1882. Un mois plus tard, le 27 mai, un corps est retrouvé dans la Seine, près de Chatou. Il ne s’agit pas d’un banal repêchage d’un noyé ou d’un suicidé, car la victime, un certain Louis Aubert, avait été bâillonnée et son corps ligoté avant d’être jeté à l’eau. L’enquête révélera qu’on a affaire à un drame passionnel. Pendant les semaines qui suivent, l’opinion publique sera tenue en haleine par les détails de ce qu’on appellera dans les journaux « le crime du Pecq », ou – une fois connus les noms des principaux suspects – « l’affaire des Fenayrou ».
On sait l’usage que faisait Guy de Maupassant des faits divers rapportés dans la presse pour trouver des sujets pour ses contes et nouvelles, et aussi ses chroniquesi. Le 14 juin, dans une des chroniques qu’il donnait depuis dix-huit mois déjà au Gaulois – et depuis peu au Gil Blas, Maupassant, sans doute en mal de copie pour rédiger son pensum hebdomadaire, commença par quelques réflexions sur la situation politique en Algérie. Il connaissait bien ce pays pour y avoir passé quelques mois en 1881 comme correspondant du Gaulois, et c’était là un sujet donc qui lui fournirait la matière de quelques paragraphesii. Pour étoffer son papier, il décida d’ajouter quelques réflexions sur « ce fameux drame du Pecq » qui défrayait la chronique depuis trois semaines déjàiii. Les auteurs présumés du crime – un dénommé Marin Fenayrou, pharmacien de son état, sa femme Gabrielle (ex-maîtresse de la victime) et le frère de Fenayrou, Lucien. Celui-ci aurait participé au meurtre, puis aidé son frère à transporter le corps de la victime, Aubert, jusqu’au pont sur la Seine près de Chatou. Ils seraient repartis tous les trois pour Versailles le même soir dans le train de 23 heures ...
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MIRBEAU ET MAUPASSANT :
DEUX CHRONIQUES SUR « LE CRIME DU PECQ » (1882)
mirbeau.asso.fr/darticlesfrancais/Ritchie-Fenayrou.doc
Lire également dans Historia n° 427 de juin 1982, Un pharmacien assassiné, première vedette du musée Grèvin par Romi, pages 113-118.
Crédit photographique – Guy de Maupassant
NOTES :
. Sur l’importance du fait divers chez Maupassant, voir N. Benhamou, « De l’influence du fait divers dans les chroniques et contes de Maupassant
», Romantisme, 1988 pp. 47-58.
ii. « Chronique » (Le Gaulois, 14 juin 1882). Le gouvernement français proposait d’accorder des indemnités aux alfatiers oranais victimes d’attentats, en 1881, dans la province algérienne.
iii. Sur l’affaire Fenayrou, voir P.-A. Bataille, Causes criminelles et mondaines, Dentu, 1883, et G. Macé, Femmes criminelles, Charpentier, 1904.