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Un fait divers qui déchaîne les passions

Le 16 avril 1847, au matin, un fossoyeur découvre le cadavre d’une très jeune fille contre le mur de l’ancien cimetière Saint- Aubin. Son identité est rapidement établie. Elle se nomme Cécile Combettes, disparue depuis la veille, elle est jeune ouvrière apprentie chez un relieur. Violentée, elle a été frappée de plusieurs coups ayant entraîné la mort.

Ce crime passionne Toulouse et la France durant l’instruction et au cours du procès

C’est une des causes célèbres ayant remué l’opinion pendant de nombreuses années et une énigme ayant donné naissance à toute une littérature où s’expriment les passions de l’époque.

Le lieu où est découvert le corps est un terrain à l’abandon contigu au jardin de l’institut des frères des Écoles chrétiennes. Le matin de sa disparition, le relieur aidé par une employée et par la jeune apprentie avait livré des corbeilles de livres chez les frères. En repartant, personne ne s’était étonné outre mesure de l’absence de Cécile.

Dès le début de l’enquête, le relieur est soupçonné. Il indique, deux jours après la découverte du cadavre, avoir vu passer dans le vestibule de l’institut, le matin de la livraison des livres, un frère des Écoles, le frère Léotade, contre qui les charges s’accumulent.




Le frère Léotade, de son nom Louis Bonafous, est reconnu coupable par le jury et condamné par la cour à une peine de travaux forcés à perpétuité le 4 avril 1848. Le pourvoi en cassation ne change rien. Le condamné meurt au bagne de Toulon le 6 janvier 1850. Jusqu’à son dernier souffle, il clame son innocence.

Intimement convaincu de cette erreur judiciaire, l’avocat J. M. Cazeneuve rédige une dizaine d’ouvrages, aux propos véhéments qui le font condamner à plusieurs mois de prisons.

Au milieu du XXe siècle et grâce à divers témoignages, le véritable criminel, un nommé Aspe, est démasqué. Frère lui aussi des Écoles chrétiennes, il avoue un second crime, découvert seize ans après la mort de Léotade, au curé de Miglos.

Malheureusement, Aspe n’ayant pas fait d’aveux publics, Léotade ne fut jamais réhabilité.

La douloureuse célébrité de la mort de Cécile Combettes est due à la jeunesse de la victime, à la position de l’accusé, au lieu de la découverte du corps, à la nature de l’établissement religieux, aux complications de l’instruction. Tout cela éveille dans le public de l’époque des sympathies, des préjugés, des colères et des passions.

Au lendemain de la mort de Léotade, on peut lire dans La Gazette du Midi : « En présence de tels faits, n’est-il pas permis de se demander si le condamné n’aurait pas été victime d’une de ces erreurs judiciaires que la justice divine peut seule se permettre d’éviter toujours. » Le procès terminé, ce qui est l’énigme du cimetière Saint-Aubin entre dans l’histoire judiciaire.

Un siècle plus tard, le conseiller d’État Henri Puget écrit : « L’affaire Cécile Combettes est entrée dans l’histoire et j’ai fini par admettre que j’avais obligation morale d’aider à rétablir la vérité. » Ce qu’il fit.

Un fait divers qui déchaîne les passions

http://www.jacobins.mairie-toulouse.fr/expos/mvt/textes/TPH16_.htm


Cécile Combettes

http://www.jacobins.mairie-toulouse.fr/expos/mvt/photos/cecile_combettes_m.jpg


Frère Léotade, de son nom Louis Bonafous

http://www.jacobins.mairie-toulouse.fr/expos/mvt/photos/F_Leotade_m.jpg


Lire aussi dans Historia n° 371 octobre 1977 et dans le n° 372 novembre 1977, Crime dans un collège Toulousain de Roger Merle, professeur à la faculté de droit et avocat au barreau de Toulouse.



De nombreuses œuvres, tableaux, sculptures et documents graphiques, judicieusement sélectionnées, relatent des " pages d'histoire ", " les pages " d'une histoire qui évoquent les grandes heures de la cité avec ses Capitouls, son Parlement, l'Affaire Calas, l'époque napoléonienne, les changements politiques survenus sous la Restauration et la Monarchie de Juillet mais aussi les " pages "d'une autre histoire, celle de la vie quotidienne, témoignage émouvant des activités populaires, des petits métiers, de la foi des Toulousains et de leur attitude devant la mort.

Ne sont pas oubliés des faits divers qui ont défrayé la chronique tel le procès de ce frère des Ecoles Chrétiennes, le frère Léotade, accusé injustement du viol et du meurtre de Cécile Combettes ou les catastrophes naturelles comme la terrible inondation de 1875 qui a ravagé la rive gauche de la Garonne et suscité des projets aussi farfelus que destructeurs.

Au total, plus de trois cent cinquante œuvres conservées au musée du Vieux Toulouse, enrichies et complétées par les apports d'autres collections toulousaines qui, tout en témoignant de l'intensité de la création artistique à la fin de l'Ancien Régime et durant tout le XIX e siècle, permettent une approche renouvelée et une mise en lumière originale des grands moments de l'histoire de Toulouse.

Titre : Toulouse, pages d'histoire

Auteur sous la direction de Monique Rey-Delquè

Editeur 5 Continents

Année 2006

Pagination 375 p


L'ENIGME DU CIMETIERE SAINT-AUBIN - procès du frère Léotade

Pierre BOUCHARDON

Albin Michel, 1926, broché, 12 x 19cm, 316 pages de texte, couverture avec des taches, dos avec un accroc, état d'usage

il fit part des doutes quant à la culpabilité de Léotade...certains disaient que le malheureux avait été sacrifié pour sauver le véritable meurtrier de Cécile Combettes à Toulouse...oui, peut-être la justice s'est-elle trompée...de "frère"...

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