Ce film de John Boorman, réalisé en 1967,
ressort sur les écrans en copies neuves. L’intrigue évoque la Seconde guerre mondiale dans le Pacifique à travers la lutte de deux hommes, un Américain et un Japonais échoués sur une île.
Vont-ils s’entraider ou s’entretuer ?
En 1944, un officier de la Marine japonaise et un pilote de l’Armée de l’Air des Etats-Unis s’échouent sur une île déserte
du Pacifique. Dans un premier temps le cinéaste John Boorman filme leur affrontement qui transpose à leur échelle le conflit mondial. Puis les deux hommes comprennent qu’ils ne peuvent s’en
sortir qu’en s’entraidant et décident de construire un radeau. Quand ils quittent l’île et découvrent plus tard un numéro de Life sur les atrocités commises par les Japonais, leur antagonisme
reprend le dessus et ils se séparent pour ne pas s’entretuer. « Une des raisons de faire ce film fut Lee Marvin » confiait le cinéaste à Michel Ciment dans « Boorman, un visionnaire de son temps
» (Calmann-Lévy). « Duel dans le Pacifique » est très proche de l’acteur qui s’est engagé dans les Marines à 17 ans et a combattu dans le Pacifique contre les Japonais. De même que Marvin voulait
revivre son expérience personnelle, l’acteur japonais Tochiro Mifure, qui fut sous-officier du Mikado (l’empereur), voulait aussi refaire la guerre et faire triompher le Japon… « Il pensait qu’il
défendait l’honneur de son pays » affirme Boorman qui a tourné dans l’île de Palau, entre la Nouvelle-Guinée et les Philippines. « Je voulais une île qui ait l’air hostile » explique le cinéaste
qui a parcouru tout le Pacifique pour la trouver. A la fin du film, les bâtiments en ruine où les deux combattants ennemis trouvent refuge sont ceux du centre japonais de communication qui
recevait les messages des batailles de l’île de Midway, en juin 1942, terrible affrontement qui stoppa l’expansion japonaise et de Guadalcanal, île perdue par les Japonais en janvier 1943. « Duel
dans le Pacifique » montre aussi la force de la nature et la faiblesse de l’homme. En cela, il annonce l’un des grands films des années 70, « Délivrance », du même John Boorman. François
Quenin dans Historia.