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http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782915293616.jpg28 novembre 2010 - Dans cet ouvrage que nous avons voulu nommer, sans concession de style ou d'esthétique, Gazage de concentrationnaires au château de Hartheim, l'auteur informe les lecteurs, avec précision et pertinence, des pratiques dans ce château de Haute-Autriche mis au service du camp de Mauthausen.


Des malades sont soignés à l'institution caritative de Hartheim depuis 1898 par des soeurs de l'ordre religieux de Saint Vincent de Paul. Dans les premiers jours d'octobre 1939, Hitler décide de mettre en pratique l'«euthanasie» nationale-socialiste sur des patients dits incurables, pour «leur donner une mort miséricordieuse», opération baptisée Aktion T4. Les nazis ont construit au château de Hartheim une chambre à gaz et un four crématoire. Dès le printemps 1940, des «soignants» en blouse blanche, divers bystanders, un «brûleur», un photographe et du personnel administratif pratiquent leurs basses besognes au château de Hartheim, sous les ordres des membres de la SS, le Dr Georg Renno (jugé inapte à comparaître par un tribunal allemand en 1970 et laissé en liberté après guerre) et son supérieur, le Dr Rudolf Lonauer (qui s'est suicidé le 5 mai 1945). Quand cessent officiellement ces assassinats, à partir de l'été 1941, ce sont les camps de concentration de Mauthausen, Gusen puis Dachau qui approvisionnent en vie humaine les terribles installations secrètes du château ; ce sera l'Aktion 14f13. Les criminels nazis formés en ce lieu sont ensuite, pour la plupart, affectés aux camps d'extermination, pour la mise en place de la «solution finale» au cours de l'Aktion Reinhard.


Les concentrationnaires sélectionnés pour aller en «camp de convalescence» ou au «sanatorium» - vocables désignant la chambre à gaz - étaient acheminés par des autocars à l'effigie de la Reichspost. Espagnols, Polonais, Français, Italiens, Allemands du Reich, Hongrois, Juifs, droits communs, déserteurs, homosexuels, «asociaux» ou Tsiganes, les victimes venaient de divers camps de concentration, ou étaient des prisonniers de guerre soviétiques. Des listes existent et vous les consulterez dans ce livre incroyable de vérité, de sérieux, de recherche et porteur de cette histoire.


Jean-Marie Winkler nous dévoile ces listes et leur méthodologie de dissimulation planifiée. Il donne la mesure de l'abjection humaine qui fait froid dans le dos. Dans son analyse minutieuse de «14f13», l'auteur met au jour, jusque dans les écritures comptables, l'action machiavélique des autorités nazies et de leurs suppôts, non seulement pour exterminer des hommes, mais pour maquiller ces exécutions collectives. Environ 30 000 personnes furent exterminées au château de Hartheim entre 1940 et 1944, dont 8 000 concentrationnaires. Cette documentation sans précédent est non seulement une oeuvre de mémoire, mais la mémoire de notre histoire contemporaine et l'exhumation d'une vérité.

Jean-Marie Winkler, ancien élève de l'École Normale Supérieure (Saint-Cloud), agrégé d'allemand, docteur en études germaniques (1988), habilité à diriger des recherches (1995), est professeur à l'université de Rouen depuis 1999. Spécialiste de littérature et de culture autrichienne, philologue de formation, il est coéditeur des oeuvres dramatiques de Thomas Bernhard (2003 et 2004). Ouvrages sur l'euthanasie nationale-socialiste et le mémorial de Hartheim (2005) et sur l'exhumation des cimetières de Mauthausen (2007). Chevalier des Arts et Lettres de la République d'Autriche (2007) et Officier de l'Ordre du Mérite du Land de Haute-Autriche (2009).

 

  • Les courts extraits de livres : 28/11/2010

     

 

Extrait de la préface d'Yves Ternon - En lisant le manuscrit de Jean-Marie Winkler, je me suis reporté près de quarante ans en arrière. Nous venions de publier avec Socrate Helman le second volume de notre trilogie sur la médecine allemande sous le national-socialisme, une étude consacrée au massacre des aliénés, c'est-à-dire à l'Aktion T4. Notre démarche était celle de médecins. Ayant consulté les minutes du procès des médecins allemands devant un tribunal américain à Nuremberg, nous avions d'abord concentré nos recherches sur les expériences médicales conduites dans les camps de concentration. Nous avions vite réalisé que ces crimes s'inscrivaient dans la logique d'un système qui avait depuis longtemps abandonné les principes éthiques sur lesquels est fondée la civilisation et que cette perversion se situait à un stade avancé d'un processus dont l'origine remontait au XIXe siècle, à une dérive de la pensée scientifique européenne, face obscure des Lumières, qui, après la défaite allemande de 1918, avant même la prise du pouvoir par Hitler, avait développé une idéologie singulière où le médecin occupait la place centrale : le racisme biologique. La première expression meurtrière de ce «biopouvoir», comme le qualifie Michel Foucault, avait été la mise à mort sélective et programmée des pensionnaires des asiles psychiatriques d'Allemagne et d'Autriche annexée. Dans les années soixante, la recherche historique allemande sur les crimes nazis était centrée sur la «pseudo-euthanasie» - c'est ainsi qu'on l'appelait -, alors qu'en France aucune étude n'avait encore été entreprise. Nous avions donc défriché un terrain inexploré. C'est pour cela qu'en 1972 je fus contacté par Henri Bulawko qui me demanda mon avis sur la chambre à gaz de Mauthausen. À mon grand regret, je lui répondis que je n'avais aucune information sur la question, notre étude de l'Aktion 14/13 s'étant limitée aux expertises menées dans les camps par les experts de la «T4», et singulièrement à la correspondance du docteur Mennecke publiée par Bert Honolka, et à l'envoi des victimes dans le centre d'extermination le plus proche, donc Hartheim pour Mauthausen. Henri Bulawko était indigné par l'affirmation d'Olga Wormser-Migot qui prétendait démontrer qu'il n'y avait pas de chambre à gaz à Mauthausen. Il me fit parvenir peu après le livre de Pierre Serge Choumoff dans lequel était insérée une feuille de l'amicale des déportés et familles de disparus de Mauthausen, avec cette note dactylographiée du bureau de l'amicale : «Ci-joint l'étude que nous avons été contraints d'entreprendre au sujet de l'existence des chambres à gaz de Mauthausen». Cet ouvrage contenait les vingt pages sur le château de Hartheim que Jean-Marie Winkler reproduit fidèlement.

Gazage de concentrationnaires au château de Hartheim : l'action 14F13 1941-1945 en Autriche annexée : nouvelles recherches sur la comptabilité de la mort

Auteur : Jean-Marie Winkler

Préface : Yves Ternon

Date de saisie : 28/11/2010

Genre : Histoire

Éditeur : Tirésias, Paris, France

Collection : Ces oubliés de l'histoire

 

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