« La mort nous a oubliés », disait une très vieille femme qui avait ses quatre-vingt-dix ans. « Chut ! »,
répondait Fontenelle, alerte centenaire. Les oubliettes étaient ces cachots souterrains qui auraient été aménagés dans certains châteaux féodaux pour recevoir des prisonniers condamnés à la
prison perpétuelle et que l’on « oubliait » volontairement en les laissant mourir de faim. Il faut bien convenir qu’hormis certains prisonniers du Mont-Saint-Michel et de quelques forteresses
spécialisées dans la garde de condamnés, la plupart des endroits donnés comme oubliettes se sont avérés être des caves, des fosses d’aisance, des silos ou des citernes. Mais l’imaginaire
collectif a beaucoup travaillé et la Révolution a donné son lot d’images terrifiantes ; pourtant, les prisonniers étaient plutôt mis en lieu sûr dans les sinistres cages en fer conçues par La
Balue et qui se balançaient au moindre mouvement du prisonnier, ne tardant pas à le rendre fou. Aujourd’hui, être jeté aux oubliettes c’est être volontairement laissé de côté et oublié.
Pour longtemps !