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http://www.decitre.fr/gi/08/9782917971208FS.gifLes présentations des éditeurs : 17/06/2011 - Juin 1940. L'Occupation. Une chape de plomb s'est abattue sur la France. La presse qui veut continuer à paraître ne peut que faire acte d'allégeance. Et L'Auto, seul quotidien sportif ? Jacques Goddet, qui n'a pas souhaité laisser sa feuille à d'autres, en est resté le directeur. Raymond Patenôtre qui, avant la guerre, a acquis les parts majoritaires du titre, en a confié la gestion à un certain Albert Lejeune. Confiance mal placée ! Son paquet d'actions va passer dans le trust Hibbelen, propriétaire de l'essentiel de la presse parisienne, sous le contrôle d'Otto Abetz, ambassadeur de Berlin. L'ennui pour L'Auto, c'est qu'une rubrique d'informations générales, « Savoir vite », a été ouverte. La politique du Reich va y couler, les résistants y être présentés comme terroristes. Goddet subit. Jusqu'à la fin de 1943 où plusieurs tirages de Libération, fer de lance de la presse clandestine, sortent nuitamment de ses rotatives.

Aux premières heures de la Libération, L'Auto, comme ses homologues, est interdit de parution. Sport-Libre prend sa place. Pour la presse, sportive ou non, c'est l'heure de la recomposition.

Jacques Seray, déjà biographe de trois pionniers de la presse sportive, Richard Lesclide, Pierre Giffard et Henri Desgrange, a mené ici une enquête inédite. Il montre combien le sport et la presse furent des enjeux majeurs, l'un pour Vichy, l'autre pour l'occupant. Entre les mains de Jean Borotra puis de Jep Pascot, les deux ministres des Sports de Pétain, le sport devint un outil de propagande privilégié. Ils vont cadenasser l'organisation du sport pour mieux le mettre au service d'une idéologie : «la révolution nationale» chère au Maréchal. Une pathétique chimère !

Les courts extraits de livres : 17/06/2011

Extrait de l'introduction - Les péripéties de l'équipe de France de football lors de la dernière Coupe du monde et les réactions qui s'ensuivirent tant en provenance des médias que du Gouvernement ne sont pas sans rappeler celles du sport sous l'Occupation. L'on fustigeait alors l'avachissement moral, les dérives du sport professionnel, le mauvais exemple donné à la jeunesse. Oui, tout cela était déjà au cœur du débat sportif en 1940 ! Pétain, par sa Révolution nationale, en était le chantre. Borotra, le commissaire général à l'Éducation et au Sport, le bras armé. Un discours moralisateur s'était abattu, assorti d'un interventionnisme de l'État dans tous les rouages. Jusqu'à la caricature. Avec l'idée, la tentation plus que la tentative, de supprimer le professionnalisme du sport, qui pourtant, en ce temps, n'allait pas loin. On ne ferait d'exception que pour la boxe, le cyclisme et... la pelote basque. Et l'on mettrait en chantier le football. En 1943, le colonel Pascot, qui avait succédé à Borotra, remplaça le championnat traditionnel disputé entre clubs, par un autre opposant des équipes « fédérales » telles la Flandre ou la Provence. Bref, on étatisait le sport. Dans la logique de l'État français, bien entendu.

Au départ, il s'agissait de régénérer la jeunesse française, mal dans son corps. Pourtant, Léo Lagrange était déjà passé par là dès 1936. Mais il n'avait obtenu qu'un crédit moral, cherchant son budget. Pétain, à défaut du premier, se dota du second. Et il passa le bébé à Borotra. L'on commença par un acte des plus mobilisateurs : « le serment de l'athlète », majestueuse manifestation publique : « Je promets... » Le respect des couleurs, l'engagement physique et moral étaient en première ligne. Et la presse s'en faisait le relais. De L'Auto - du bout des lèvres eu égard à son fonds de commerce - à. La France socialiste et au Matin, adeptes du sport parce que d'essence populiste mais surtout tenants de la Kollaboration. Mais plus que ces transmetteurs, ces médias d'avant l'heure, il y avait la doctrine elle-même, aux pures couleurs de Vichy, laquelle ne cessait de prôner la probité et l'exemplarité du champion.

Alors 2010 et 1940, même combat ? L'analogie est flagrante, gênante même. Il s'agit de la chronique décalquée d'une défaite annoncée. Au même motif : le défaut de commandement. Dans les armées, celui-ci a un sens bien précis. Dans le civil, on l'appelle maintenant la gouvernance. Mais il s'agit toujours de commandement. En 1940, contrairement à ce que Pétain et ses suppôts tentèrent de faire accroire, la France était superbement dotée en matériel de guerre, avions et chars (1). Ce sont ses généraux - les amis du Maréchal - qui n'étaient pas armés dans leur tête. Beaucoup se montrèrent incapables de faire la guerre avec les nouveaux outils, à commencer par l'échelon suprême. Se cooptant dans une chaîne somnolente, s'encourageant à l'immobilité, ils véhiculaient les idées les plus stériles. On connaît la suite.

Dans l'actualité, celle propre au football français, il en alla de même : faillite du commandement, vacuité fédérale, reconduction à son poste de l'entraîneur-scoumoune, absence d'âme. Heureuse différence avec les années Pétain, de nos jours nous avons la République et la paix.
Notre sujet ? N'y en a-t-il pas trois ? Une époque d'abord, l'Occupation. Puis la presse et le sport ou le sport et sa presse. Il n'est pas sûr que l'un ait la priorité sur l'autre ou que l'une domestique l'autre. Mais le regard de cette presse-là nous aidera à éclairer ce sport-là.

Le sport à la sauce de Vichy fut traité en une manière de réaction à la défaite : esthétisé, moralisé, hypertrophié alors qu'on pourrait l'imaginer bâillonné. Sublimé, il était devenu d'intérêt national. Doit-on rappeler pourtant qu'il ne cessa de se mouvoir dans un système pervers, aux couleurs d'un maréchal qui avait biffé la république et d'un envahisseur qui s'était emparé de toutes les voies de propagande pour mieux étouffer la contestation ?

Il m'a fallu m'interroger sur l'organisation de ce récit. Dans un premier temps, j'avais tracé une logique transversale, avec des chapitres tels que « Les compétitions continuent », « Pétain et le sport », « Dans les kiosques à journaux », « Les éditions de Vichy » ou « La presse sportive libre ». Tout semblait pouvoir s'articuler autour de ces grands thèmes auxquels s'ajouteraient, pour ne pas les laisser en lévitation, les faits les encadrant, avant et après la guerre. Puis il m'apparut que la cohérence pouvait se dissoudre dans ce système, synthétique par vocation. Ainsi tel chapitre s'achèverait en 1944 et tel autre reviendrait prendre son envol en 1940. De quoi perdre le lecteur ! Surtout quand il existe une interaction entre les faits politiques et sportifs d'un même mois.

La presse et le sport sous l'Occupation

Auteur : Jacques Seray

Préface : Pierre Albert

Date de saisie : 17/06/2011

Genre : Documents Essais d'actualité

Éditeur : le Pas d'oiseau, Toulouse, France



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