Théa se lève au petit jour afin de surprendre sa
mère galopant sur la plage, seule façon d'entretenir, avec celle dont l'amour est trop partagé, un lien secret.
Elle court, la nuit, saboter le sémaphore, afin de provoquer le naufrage, sur le récif de corail, du bateau qui, l'arrachant à elle, doit emmener son amie Isabelle loin de Nouméa. Dans le milieu
colonial de la Nouvelle-Calédonie des années 50, où règnent conformisme et intrigue, une petite fille, fascinée par la sensualité trouble du monde adulte, découvre la sexualité. Le bal du
gouverneur est le premier roman de Marie-France Pisier, actrice, réalisatrice et coscénariste de Jacques Rivette.
avec 1 CD audio
Disc compact
Paru le : 06/10/2005
Éditeur : Des Femmes
Collection : La Bibliothèque des Voix
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Le Bal du gouverneur
(Grasset) 12,92 €
Après avoir valsé avec Truffaut, Rivette, Téchiné, et dansé avec
Verneuil et Boisset, la star de la Cinémathèque (selon Bébel) tourne encore une page et mène le bal derrière la caméra.
Entretien paru dans L'Express en 1990 à la sortie du Bal du gouverneur.
L'EXPRESS Paris: Une réalisatrice dormait en vous d'un sommeil de plume depuis Les soeurs Bronte ?
Marie-France Pisier: Depuis ces années-là, oui. Je me prenais un peu pour Charlotte Brontë à l'époque, et tout allait bien. J'avais déposé, en 1978-1979, un scénario à l'Avance sur recettes : Territoire d'outre-mer. Une histoire intimiste, eu égard au budget. Truffaut l'appréciait, Berri aussi. Et puis, peu à peu, il y a eu des problèmes de production, un désintérêt, je me suis agitée comme actrice, et le script a sommeillé dans le tiroir.
Il s'est réveillé best-seller, avec Le Bal du gouverneur ?
C'est vrai. Avec le libre, je me suis laissée aller à quitter l'intimisme pour glisser vers le spectaculaire, entre guillemets : un navire qui part, une scène de grève.... Là, les figurants ne coûtaient rien, l'imagination non plus.
Et le roman est redevenu scénario...
Pendant un moment, j'ai cru être comblée par le plaisir de l'écriture, la rencontre avec les lecteurs. Mais des images fortes continuaient de me troubler, de m'interroger. Mon enfance était toujours devant moi, elle faisait écran, si j'ose dire. Et il y avait cette impression d'urgence. Entre temps, j'avais eu un petit garçon, et une petite fille. Ils vivaient eux-mêmes leur enfance. Je devais absolument me débarrasser de la mienne.
Dans le film, il y a ces enfants, leurs doubles bonds, et cette mère fascinante qui pourrait être la soeur de Lol V.Stein, de Duras ?
Il y a des interférences, c'est vrai. Duras a beaucoup travaillé sur l'idée du déplacement du corps et de l'esprit. Un des thèmes que j'aborde avec le désir, et ce déséquilibre né de trop de souffrances, de rêves perdus, de désillusions. Je parle aussi de l'idée de liberté chez l'adolescent. Cette envie de liberté qui s'oppose à l'enracinement, au "plus jamais, toujours". Cette inquiétude par rapport à la fragilité du temps qui passe, au corps qui bouge, aux sensations nouvelles.
Vous semblez apprécier le romanesque ?
J'éprouve une jubilation à raconter une histoire. Cette femme obligée, devant toute la ville, de gifler un homme pour laver l'affront fait à son mari, tout en se sentant piégée, J'assume ce plaisir de mener l'intrigue et à la fois de brouiller les pistes. Je ne vois pas pourquoi faire rêver serait incompatible avec faire réfléchir.
Truffaut disait que : "Un film, c'est un train qui roule à 100 à l'heure dans la nuit." Qu'en pensez-vous ?
C'est exactement ça. Une extraordinaire aventure qui commence par convaincre, réunir. Et puis, le premier jour, on se retrouve solitaire, on s'accroche aux wagons. Les jours tombent, les décors sont détruits...
Vous vous êtes découverte une autre ?
Plus d'énergie, plus d'autorité. L'impression de descendre l'Himalaya après l'avoir grimpé, de partir à l'attaque chaque matin, concentrée sur un objectif à atteindre, moi qui, d'habitude, suis plutôt contemplative, réflexive. Je me suis sidérée... Cela dit sans prétention, je suis tellement contente d'avoir réussi à le tourner. Je crois qu'il m'étreint comme je le voulais.
Aujourd'hui, tout est bouclé. Si vous deviez en garder une image ?
La coque du bateau qui s'éloigne, et cette petite fille qui essaie de se faire pleurer en regardant le soleil. Son inaptitude à souffrir et aussi son indifférence envers la vie politique. Lorsque je la vois de dos, sur l'écran, c'est un de moi qui remplit l'espace.
Vous avez presque trente ans de carrière ?
D'abord, on vingt-huit, (rires). C'est marrant, il y a des chiffres qui sont censés effrayer. Moi je n'ai pas eu le temps de me retourner. Mon passé est surtout fait des deux dernières années, j'aurais tous les mois à venir pour récapituler, réfléchir sur la seconde partie de ma vie. J'ai encore le film très très contre moi, les dents serrées, les poings fermés, tous ces voyages, ces visages...
D'un scénario est né un roman, puis un nouveau scénario. Vous allez peut-être maintenant publier le script original ?
Na, na, na... (pied de nez).
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