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http://ecx.images-amazon.com/images/I/51RosQmK6CL._SL500_AA300_.jpgDocument juillet 2010- Entre 1957 et 1960, un grand nombre d'intellectuels et de fonctionnaires chinois furent envoyés dans le camp de rééducation de Jiabiangou, un camp de travail aux allures de camp de concentration. Quelques survivants en réchappèrent.


Déclarés « droitiers » pour s'être opposés à Mao, pour avoir offensé des cadres du Parti, ou tout simplement pour être nés dans « la classe exploitante », celle des propriétaires terriens ou capitalistes, les détenus de Jiabiangou travaillent jusqu'à l'épuisement, se nourrissant de feuilles, d'écorces d'arbre et de graines au péril de leur vie. Un à un, ils succombent à la maladie et à la faim. Pris dans un mécanisme totalitaire de répression, ces hommes sont maintenus dans un état de dénuement physique et moral tel qu'ils en perdent toute dignité.

 

Fermé en octobre 1967, le camp de Jiabiangou resta tabou jusque dans les années 1990. Xianhui Yang, l'auteur de ce document exceptionnel, a passé cinq ans à interviewer les survivants de Jiabiangou.

 

Ces récits, présentés à l'origine sous forme de nouvelles littéraires afin d'échapper à la censure chinoise, témoignent d'un enfer insoupçonné. Un texte qui rappelle avec la même force l'horreur que décrit Soljenitsyne dans L'Archipel du goulag.


Xianhui Yangest l'un des auteurs chinois les plus controversés. Il a remporté de nombreux prix sur le plan national, dont le prix de la meilleure nouvelle, accordé en 2003 par l'Académie chinoise des écrivains de nouvelles.

 

  • La revue de presse Philippe Grangereau - Libération du 8 juillet 2010

Entre 1957 et 1961, 3 000 enseignants, artistes, intellectuels et dissidents ont été envoyés en «rééducation par le travail» dans un coin du désert du Gobi appelé Jiabiangou. Plus de 2 500 d'entre eux sont morts de faim. Nombre de rescapés ont dû dévorer les cadavres de leurs camarades pour pouvoir subsister. Sans le travail obstiné de Yang Xianhui, l'histoire abominable du camp de Jiabiangou aurait sans doute sombré dans l'oubli. Son livre, sorti en Chine en 2002, et le mois dernier en France sous le titre le Chant des martyrs, est un récit scrupuleux et touchant, habilement transformé en roman pour contourner la censure. « Si j'avais dit que tout était vrai, je n'aurais jamais pu le publier », clarifie l'écrivain de 64 ans. Il n'épargne aucun détail de l'agonie des prisonniers. Ils décèdent généralement dans leur sommeil, sans bruit, au rythme de deux ou trois par jour. Certains désespérés s'évadent pour manger ; l'un d'eux s'échappe pour retrouver la femme qu'il aime, mais est repris presque aussitôt ...


Horrifiées par leurs propres excès, et par la possibilité que la véritable histoire de Jiabiangou puisse filtrer à l'extérieur, les autorités chinoises avaient fait fermer le camp en 1961. Officiellement, personne n'y est mort de faim : les dossiers médicaux des 2 500 victimes ont tous été falsifiés pour faire croire qu'elles ont succombé à diverses maladies ... 


Les camps de « rééducation par le travail » existent toujours dans la Chine d'aujourd'hui.

 

  • La revue de presse Brice Pedroletti - Le Monde du 9 juillet 2010

Ils y sont partis parce qu'ils avaient émis une critique de trop contre les cadres du Parti, dessiné un jour une moustache sur une photo de Mao, ou bien eu le malheur d'avoir un parent capitaliste ou propriétaire terrien et, pour le plus jeune d'entre eux - 13 ans, envoyé avec sa mère, qui deviendra folle -, d'avoir déchiré le timbre d'une enveloppe...


Cette tragédie (550 000 droitiers furent persécutés à partir de 1957 à travers le pays, dont certains passeront plus de vingt ans en camp, tandis que la grande famine de 1958-1960 causera entre 10 et 30 millions de morts dans les campagnes chinoises) prend corps dans Le Chant des martyrs. Dans les camps de la Chine de Mao, treize témoignages rapportés sous forme de nouvelles par l'écrivain Yang Xianhui...


Après la sortie, en France, du Goulag chinois (Dagorno, 1966) et de Vents amers (Bleu de Chine, 1994), les témoignages du survivant des camps Harry Wu, interdits en Chine, Le Chant des martyrs lève un tout petit coin du voile sur un "archipel du goulag" chinois toujours d'actualité. En effet, les camps de rééducation continuent d'accueillir, sur décision administrative, des milliers d'opposants et de "pétitionnaires"...

 

Le chant des martyrs : dans les camps de la mort de la Chine de Mao

Auteur : Xian Hui Yang

Préface : Wen Huang

Traducteur : Patricia Barbe-Girault

Date de saisie : 09/07/2010

Genre : Histoire

Éditeur : Balland, Paris, France

http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-91848-le-chant-des-martyrs-dans-les-camps-de-la-mort-de-la-chine-de-mao.htm#242421

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