Les présentations des
éditeurs : 20/06/2011 - C'est pour lever la chape de silence qui pèse sur tant d'enfances broyées que Martine témoigne dans ce livre.
Comme trop de jeunes, elle a vécu une enfance habillée de cris et de violence extrême, une enfance de peur et de honte, au cœur de chaque heure du jour et aussi de la nuit, quand une main
maternelle venait sans raison, la frapper.
Elle a cru au bonheur dans la création d'un couple, sans imaginer qu'il lui était impossible de mettre la paix dans son cœur encombré de haine et de peur.
Elle a vécu la panique et le refus d'être mère, effrayée par l'image de sa mère qui avait inscrit en elle, l'horreur de la maternité.
Aujourd'hui, elle vit le miracle d'une rencontre avec Dieu, un Dieu d'Amour parfait, un Dieu qui lui offre enfin la Paix.
Aujourd'hui, elle veut offrir à ceux qui souffrent, l'espace infini de l'Espérance nichée dans l'Amour divin.
Martine L. est née en 1961. Après une enfance effrayante, elle a réussi à transformer sa vie grâce à des rencontres exceptionnelles. Elle est
Brigadier de Police.
Elisabeth Bourgois, qui a rédigé ce témoignage, est auteur d'une vingtaine d'ouvrages, principalement des romans.
Les courts extraits de livres :
20/06/2011 - La honte d'être une fille
Je suis née le 6 septembre 1961 à Rouen. Une date qui ne signifie rien et tout le monde s'en fout.
Ma mère n'était guère heureuse de se retrouver enceinte seulement neuf mois après la naissance de son premier fils, Bernard. Mais le comble du malheur, pour elle, fut non seulement la césarienne qu'elle dut subir pour me faire sortir d'elle, mais surtout le paquet qu'on lui mit dans les bras à son réveil : une fille. Moi.
Ma mère n'a jamais aimé les filles, surtout la sienne, et je n'ai jamais compris pourquoi.
Nous habitions une petite maison modeste au fond d'une impasse tranquille, à Sotteville-lès-Rouen. Je n'ai aucun souvenir de ma petite enfance. Rien. Ni en joie ni en peine ni en événements un peu extraordinaires... J'ai retrouvé par hasard deux photos, rares épaves de ma jeunesse. J'y ai découvert une petite fille blonde fixant timidement l'objectif d'un photographe... c'était peut-être moi.
Ma vie s'est mise à tanguer dangereusement quand j'ai eu sept ans, en 1968. C'était ma révolution à moi : nous avons quitté cette maison pour une HLM à Rouen. Cela aurait dû être un mieux-être et ce fut le début d'un calvaire.
Mon père partait toute la semaine sur les routes au volant de son camion, il travaillait pour les BTP. Comme tous les routiers, sa seule distraction se réduisait aux rencontres qu'il pouvait faire dans les divers restos et cafés. Il aimait manger et boire, en commençant par le casse-croûte du matin entre bière, vin et café-calva ! Sans pratiquer d'autre sport que le fait de grimper dans la cabine de son camion ou de tourner son volant, il avait attrapé un bel embonpoint accentué par sa petite taille. Qu'il soit là ou pas, je m'en rendais à peine compte, à l'époque. Il apportait sa paie le vendredi soir, se lavait, mettait ses charentaises et s'affalait devant la télé en attendant l'heure du repas. Une seule chose comptait pour lui : avoir la paix. Il était costaud, mais étrangement transparent. Il ne disait pas grand-chose, ne lisait que le journal, surtout les résultats de rugby, n'avait ni religion ni opinion politique. Sa seule passion pouvait se résumer dans le tiercé du dimanche matin au bistrot du coin... Un lieu où évidemment on « arrose » ça avec les copains ! Mon père ? Je ne sais pas vraiment qui il était. Il n'était pas méchant, pas gênant... Je savais qu'il existait, mais qu'il soit là ou pas, c'était pareil... Il était fuyant face aux petites ou aux grandes choses de la vie.
Ma mère, elle, c'était autre chose. Grande et mince, elle avait été une jolie femme, aux longues jambes fines. Les cheveux courts, elle était l'homme de la maison, bien qu'elle n'ait jamais porté de pantalons ! Très autoritaire, elle ne s'exprimait qu'en criant, comme si les décibels qu'elle émettait la rassuraient. Elle était jeune quand sa propre mère mourut d'un cancer à quarante-deux ans, la laissant ainsi à la tête d'une fratrie de cinq enfants dont elle dut s'occuper. Je reconnais à ma mère au moins une qualité, celle, quand j'étais petite, de bien tenir son foyer. C'était quelque chose qu'elle avait toujours su faire. L'appartement était propre et rangé, ce qui dut influencer favorablement la DDASS quand elle leur fit une demande pour être nourrice agréée.
Nourrice agréée ! Ma mère ! C'était incompréhensible et même surréaliste : ma mère reconnue officiellement et administrativement comme une «bonne mère». Il est vrai que les gens l'aimaient, la respectaient, l'admiraient et trouvaient qu'elle élevait bien ses enfants.
Pourtant, c'est la même femme qui allait peu à peu prendre plaisir à me « cracher à la gueule » et à se conduire envers moi comme une bête sauvage ne l'aurait jamais fait avec ses petits !
Auteur : Elisabeth Bourgois | Martine L.
Date de saisie : 20/06/2011
Genre : Biographies, mémoires, correspondances...