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http://revue-texture.fr/IMG/jpg/Sicard-Poirier-du-Pech.jpgOn connaissait Gilles Sicard poète (lire ici son portrait), auteur notamment de « La Bonne Aventure » (Le Cherche-Midi éd.), et voici son premier roman. Une histoire en forme d’initiation à la musique et à la… poésie.

Son héros, c’est Syvestre, vieux paysan dont on fait la connaissance au moment où il quitte sa ferme, son domaine de Cantejour, et où son fils l’emmène à sa maison de retraite, en ville, à Toulouse, là où il doit finir ses jours…

Ce pourrait être d’une terrible tristesse, mais cet homme simple a en lui des trésors de patience, un cœur candide, une curiosité qui n’a pas faibli et, finalement, malgré la fatigue, un amour de jeunesse raté, un veuvage prématuré et une existence laborieuse, il a conservé un appétit presque intact de la vie.

Appétence qui va se décupler, s’affiner, s’approfondir grâce à la rencontre de Lucie, une ancienne instit, elle aussi pensionnaire des Marjoberts. Elle va lui faire aimer la musique qu’il découvre en même temps qu’elle lui raconte son histoire d’exilée espagnole, celle des utopies du siècle passé, et bientôt qu’elle lui enseigne l’amour des mots. En retour, Sylvestre évoque ses terres, qu’il reconnaît au toucher, les bêtes qu’il aime, ses complicités multiples et heureuses avec la nature. Deux arts de vivre le quotidien qui se complètent et scellent une amitié, un dernier amour, un redémarrage du cœur, de l’esprit et des projets.

Ce roman d’un homme né dans les années quarante aux confins du Rouergue et du Quercy (dans une petite ferme qu’il qualifié de « lumineusement tranquille ») et qui fut professeur d’histoire-géographie, est ainsi plein de réminiscences heureuses, d’évocations tendres et nostalgiques. La générosité des personnages les rend attachants, même si elle est , peut-être un peu trop démonstrative chez Lucie, qui cultive les bons sentiments avec ostentation. Une générosité qui, en tout état de cause, ne craint pas de paraître naïve parce qu’elle conduit au bout du compte – comme la poésie « avec un choix de mots grand ouverts » – à ré-enchanter le quotidien même le plus gris (celui des Marjoberts), et à esquisser des chemins émouvants vers des petits bonheurs possibles, en dépit de l’âge, de la maladie, de la mort.

(L’Harmattan éd. 206 pages. 19 euros)

revue-texture.fr/spip.php?article255

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