Horaires, tenue, hygiène : tout, au XIXe siècle, devient objet
de surveillance. La maison close est le lieu idéal de ce contrôle. Le reflet aussi de la misère sexuelle. Et des obsessions d'une société en pleine mutation.
Au lendemain de la Révolution, la vénalité sexuelle reflète les bouleversements de l'imaginaire social, les urgences politiques et les formes nouvelles de l'anxiété biologique. La nécessité de vaincre l'opacité de la société, le besoin de rétablir l'ordre, d'endiguer les passions et d'assurer l'hygiène publique fondent le réglementarisme qui triomphe dès le Consulat. Le désir de porter de la lumière dans l'ombre de la grande ville, de discipliner les conduites se traduit alors par un ensemble de règlements ? et non de lois ?, dans des domaines aussi divers que la gestion des temps de travail et de loisir, les pratiques du jeu et de l'amour vénal, l'abattage ou le transport des animaux. En tout cela, Paris sert de modèle. La réglementation de la prostitution, élaborée par la Préfecture de police, impose tout d'abord « l'enregistrement des filles »(1). La carte et le registre permettent de tenir les femmes vénales sous le regard de l'administration. Cette procédure, tout comme l'institution du livret ouvrier ou l'attribution de numéros aux enfants trouvés, s'accorde à l'essor, un peu plus tardif, de la statistique morale et de la mathématique sociale. Chaque fille isolée, par conséquent, doit être mise en carte ou en fiche, chaque pensionnaire de maison de tolérance doit être inscrite sur le registre de la tenancière. On appelle ainsi la femme qui a obtenu la permission de « tenir » ce livre. Elle se procure des filles ? dont très souvent elle change le prénom après une rapide estimation des aptitudes à susciter le désir masculin ? … Pour lire la suite :
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Le temps des maisons closes
Par Alain Corbin
publié dans L'Histoire n° 264 - 04/2002 Acheter L'Histoire n° 264 +
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Par CORBIN Alain dans L'Histoire n°277 | p. 46 - 49
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Le temps des maisons closes
Par CORBIN Alain dans L'Histoire n°264 | p. 48 - 53 -
« Le temps n'est plus ce qu'il était... » (entretien)
Par CORBIN Alain dans L'Histoire n°257 | p. 50 - 53
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