Archives de presse janvier 2011 - 75.000 juifs ont été déportés de France durant la seconde guerre mondiale. Mardi, le président de la SNCF a tenu a exprimer ses regrets pour le rôle qu'a joué sa société dans la déportation. Au cours d'une cérémonie à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, Guillaume Pépy a tenu à exprimer « la profonde douleur et les regrets de la SNCF pour les conséquences des actes de la SNCF de l'époque. (…) Je m'incline devant les victimes, les survivants, les enfants de déportés et devant la souffrance qui vit encore. »
« Regarder ce passé en face, le connaître, le comprendre, en perpétuer la mémoire, en tirer des leçons de vie, depuis une vingtaine d'années nous parcourons ce chemin », a estimé le président de la SNCF, tout en soulignant que la société française avait agi « sous la contrainte ».
Le discours de mardi de M. Pépy faisait écho à ses propres mots prononcés en novembre aux États-Unis. Lors de sa présentation d'un projet de ligne à grande vitesse entre Tampa et Orlando, il avait évoqué le « souhait de la SNCF d'exprimer sa profonde peine et son regret pour les conséquences de ses actes ». Cette position était officieusement essentielle pour la SNCF dans la perspective de s'implanter aux États-Unis.
Le rôle de la société nationale dans la déportation des juifs reste un sujet de débat. Pour Serge Klarsfeld, elle est « attaquée injustement ». Selon le président de l'association des filles et fils de déportés juifs de France, interrogé sur iTélé, la déportation sur le plan ferroviaire « a été essentiellement un phénomène allemand ».
Les regrets de la SNCF sur la Shoah
Le président de la SNCF a exprimé une nouvelle fois les regrets de la compagnie ferroviaire pour le rôle qu'elle a joué dans la Shoah.
Par Rémi Rouquette
publié dans L'Histoire n° 317 - 02/2007 Acheter L'Histoire n° 317 +
Document 2005 - Personne ne peut contester l'extraordinaire Résistance cheminote lors de la Seconde Guerre mondiale.
Pourtant, derrière les actes de bravoure, il existe une page noire : celle des convois de déportation raciaux et politiques. Comment expliquer que, dans le même temps, des trains ennemis aient
été sabotés, et que ceux dans lesquels étaient entassés des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants soient passés sans encombre ? Quel a été précisément le rôle des chemins de fer français ?
Pourquoi la Résistance n'a-t-elle jamais arrêté un convoi racial ou politique ? Pour quelle raison les cheminots n'ont-ils pas usé de leur droit à la désobéissance ? Les Convois de la honte : une
enquête fouillée, apportant des réponses claires, étayée par des entretiens inédits, des révélations et des documents encore jamais dévoilés.
Broché
Paru le : 06/01/2005
Éditeur : Michel Lafon
L'auteur en quelques mots en 2005 ...
Cinéaste, romancier, essayiste, Raphaël Delpard s'est révélé avec Les Enfants cachés, et est l'auteur d'un remarquable travail de mémoire sur l'Algérie : 20 ans pendant la guerre d'Algérie, L'Histoire des pieds-noirs d'Algérie et Les Oubliés de la guerre d'Algérie, publiés aux éditions Michel Lafon.
Document 2007 - Au mois de juin 2006, la SNCF était condamnée par le tribunal administratif de Toulouse pour sa participation aux transferts de détenus sous l'Occupation. Quelles sont exactement les responsabilités de l'entreprise française dans la déportation ? Annette Wieviorka a repris le dossier.
Le 6 juin 2006, le tribunal administratif de Toulouse condamnait l'État et la SNCF à verser aux ayants droit de Georges Lipietz, mort en 2003 (c'est-à-dire sa veuve et ses trois enfants, Hélène, Alain, Catherine), et à M. X, son demi-frère(1), une somme dont le total se monte à 62 000 euros. Le jugement retient dans ses motivations deux chefs de responsabilité. D'abord que la SNCF a utilisé la marge d'autonomie dont elle disposait pour faciliter les transferts vers Drancy (dans le cas des frères Lipietz) ou d'autres camps français. Ensuite que la SNCF faisait voyager les victimes dans des conditions inhumaines. Ce jugement ouvre une possibilité quasi illimitée de procédures ; les victimes de déportation ou leurs héritiers pourront désormais entamer des poursuites contre toute administration : la police, l'armée, mais aussi des établissements publics, etc. Sur le blog d'Hélène Lipietz figure ainsi un long texte intitulé : "Jurisprudence Lipietz. Comment faire valoir ses droits après le jugement de Toulouse." En ce qui concerne les plaintes contre la SNCF, il propose un mode d'emploi et un barème : "On peut donc envisager de demander les sommes suivantes : Contre la SNCF : 5 000 euros et plus si les conditions de transfert ont été encore pires ; contre l'État 3 500 euros par mois d'internement et davantage en fonction des conditions d'internement ; " Personnes ayant survécu à la déportation : je pense que l'on peut envisager de demander au moins le triple que précédemment." Personnes décédées en déportation ...
La SNCF, la Shoah et le juge
Par Annette Wieviorka
publié dans L'Histoire n° 316 - 01/2007 Acheter L'Histoire n° 316 +
Document 2007 - Dans notre numéro de janvier (n° 316), Annette Wieviorka publiait un article remarqué intitulé « La SNCF, la Shoah et le juge ». L'avocat des ayants droit de Georges Lipietz fait ici valoir son point de vue. Il ne nous a pas vraiment convaincus.
La réalité d'un procès administratif Rappelons d'abord le déroulement des procès administratifs, très différents des procès pénaux par leur but (qui n'est pas de prononcer une sanction) comme par leur procédure. Écrivant que « la procédure devant un tribunal administratif est d'une extraordinaire rapidité » , Mme Wieviorka confond l'audience avec le procès. L'audience n'est que la phase terminale du procès, après une procédure écrite qui en l'espèce a duré cinq ans, durée exceptionnelle pendant laquelle, hélas, M. Georges Lipietz est décédé. Il est aussi surprenant de lire que les conclusions du commissaire du gouvernement, appuyées sur des travaux d'historiens (notamment le rapport Bachelier) « restent singulièrement sommaires » alors que ce sont pratiquement les plus longues jamais présentées devant un tribunal administratif. Critiquer ma plaidoirie comme trop courte sans indiquer que l'usage devant les juridictions administratives est de ne pas plaider fausse la perspective. La terminologie de « plainte » et d' « accusation » dénote une confusion avec un procès pénal. Enfin, les circonstances du dernier convoi décrites par Georges Lipietz sont confirmées par Serge Klarsfeld. Le concept de responsabilité Selon Mme Wieviorka, « nul n'avait songé à la faute de service » , c'est-à-dire à la faute commise dans le cadre des fonctions exercées et non dans la vie privée. C'est faux. Certains l'ont tenté (notamment des fonctionnaires révoqués et des ...
Débat : la SNCF et la Shoah
Par Rémi Rouquette
publié dans L'Histoire n° 317 - 02/2007 Acheter L'Histoire n° 317 +