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http://ecx.images-amazon.com/images/I/51mc7RUiuTL._SL500_AA300_.jpghttp://www.centpapiers.com/wp-content/uploads/2010/12/Gregoire-Chamayou_DR.jpgDocument décembre 2008 - Écoutez Diderot justifier la vivisection des condamnés à mort, devenus inhumains par leur déchéance civique. Écoutez Pasteur demander à l'empereur du Brésil des corps de détenus pour expérimenter de dangereux remèdes. Écoutez Koch préconiser l'internement des indigènes auxquels il administrait des injections d'arsenic. « On expérimente les remèdes sur des personnes de peu d'importance », disait Furetière en 1690 dans son Dictionnaire universel.

Ce sont les paralytiques, les orphelins, les bagnards, les prostituées, les esclaves, les colonisés, les fous, les détenus, les internés, les condamnés à mort, les «corps vils» qui ont historiquement servi de matériau expérimental à la science médicale moderne. Ce livre raconte cette histoire ignorée par les historiens des sciences. À partir de la question centrale de l'allocation sociale des risques (qui supporte en premier lieu les périls de l'innovation ? qui en récolte les bénéfices ?), il interroge le lien étroit qui s'est établi, dans une logique de sacrifice des plus vulnérables, entre la pratique scientifique moderne, le racisme, le mépris de classe et la dévalorisation de vies qui ne vaudraient pas la peine d'être vécues. Comment, en même temps que se formait la rationalité scientifique, a pu se développer ce qu'il faut bien appeler des «rationalités abominables», chargées de justifier l'injustifiable ?

Cette étude historique des technologies d'avilissement appelle ainsi à la constitution d'une philosophie politique de la pratique scientifique.

Grégoire Chamayou, ancien élève de l'ENS-LSH, est agrégé de philosophie.



  • La revue de presse Catherine Halpern - Libération du 24 décembre 2008

La médecine a besoin de chair fraîche. Pour former les praticiens, trouver de nouveaux remèdes ou comprendre les pathologies, il lui faut des corps, qui subiront les périls des essais et des expériences pour en sauver d'autres. Mais quels corps ? Ou, plutôt, les corps de qui ? C'est cet aspect prosaïque pudiquement passé sous silence par l'histoire des sciences qui retient Grégoire Chamayou dans son analyse de l'expérimentation humaine aux XVIIIe et XIXe siècles. L'histoire qu'il dévoile ressemble davantage à une macabre descente aux enfers qu'à une glorieuse épopée du progrès médical. Non parce qu'elle conterait le sacrifice d'infortunés innocents sur l'autel de la science, mais parce qu'elle met à jour la «répartition sociale» des risques...

Responsable des nouvelles éditions Zones, espace engagé défendant l'activisme et les contrecultures, Grégoire Chamayou livre une histoire des sciences audacieuse qui, nourrie de Foucault et de pensée postcoloniale, dénonce la généralité confortable du questionnement éthique.

Les corps vils : expérimenter sur les êtres humains aux XVIIIe et XIXe siècles

Auteur : Grégoire Chamayou

Date de saisie : 23/10/2008

Genre : Philosophie

Éditeur : La Découverte, Paris, France | les Empêcheurs de penser en rond, Paris, France

Collection : Hors collection Sciences Humaines

http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-63954-les-corps-vils-experimenter-sur-les-etres-humains-aux-xviiie-et-xixe-siecles.htm#175861

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