Document 1999 - En 1935, lorsque Maurice Thamar soutient sa thèse de doctorat, il y a
déjà dix ans que des voix s'élèvent contre la Transportation des criminels présentée par ses défenseurs comme une peine, comme une mesure de sûreté pour la Métropole et comme un moyen d'expansion
coloniale. Dans son ouvrage, Maurice Thamar analyse le phénomène de l'exécution pénitentiaire coloniale et expose en détails la politique pénitentiaire coloniale française. Il envisage sous
différents aspects le phénomène sociologique que constitue la transportation des criminels mais aussi la déportation et la relégation. Il analyse plus particulièrement les résultats obtenus sous
toutes ses formes par la transportation, les effets néfastes d'une coexistence sur un même territoire des criminels et des citoyens libres.
Il faudra encore attendre plusieurs années, avant que la Transportation soit définitivement arrêtée et que les bagnes de Guyane soient enfin supprimés.
Histoire, Maurice Thamar
196 pages - format 14 x 22 cm, couverture pelliculée, broché dos carré cousu fil textile. Poids: 264g.
ISBN : 2-84450-061-5
Référence : 061
Parution : 1999
Eugène Marie Maurice Thamar est né à Mana le 11 décembre 1912.
Il reste dans cette commune jusqu’à l’âge de 6 ans. Ensuite, il rejoint Cayenne avec ses parents. Il effectue de brillantes études dans cette ville, du primaire au secondaire
Bachelier, il se rend en France en pour poursuivre des études supérieures. Il tente d’abord l’entrée à l'École de la France d’Outre-Mer en vue de devenir Administrateur des Colonies. Puis il prépare le droit ; sans doute subit-il en la circonstance l’influence de son beau-père Maître Pau1 Béhary-Laul Sirder, avocat-avoué à Cayenne et ancien juge de paix.
Il passe sans difficulté ses examens de droit, lesquels lui permettent de devenir lauréat de la Faculté de Droit de Paris, diplômé de l’institut de Criminologie et Docteur en droit, l’un des premiers guyanais à accéder à ce grade universitaire.
Il suit également les cours de l'École des Hautes Études Sociales dont il obtient le diplôme.
Toutes ses activités ne le détournent pas de la prise de responsabilités puisqu’il sera président de l’Association des Étudiants Guyanais en France.
Sa thèse pour la préparation de laquelle il séjourne en Guyane plusieurs mois en 1 934, a pour titre : "Les peines coloniales et l’expérience Guyanaise". Elle va contribuer pour une part non négligeable à la suppression du bagne en Guyane en 1938.
Cette thèse a été publiée en 1999 à l'occasion des commémorations du cinquantenaire de la ville de St-Laurent.
Immédiatement après la soutenance de sa thèse, Maurice Thamar rentre dans son pays. Il travaille en tant qu’avocat dans le cabinet de son beau-père, Me Behary Laul Sirder. il se trouve donc être le confrère et l’ami de Maîtres Vermont Polycarpe, Eue Zenobie, Théolade, Maba.
Avec Renotte Roba, le maire de Macouria, il fonde en 1936 " Le journal des Communes ".
A l’instar de plusieurs membres de l’association " La jeune garde ", il se mêle de politique car, il est entendu que l’élite intellectuelle guyanaise doit mettre au service de ses compatriotes les connaissances acquises en métropole. A cette époque, il crée quelques soucis au député Gaston Monnerville.
Quelques années plus tard, Maurice Thamar est candidat aux élections cantonales dans sa commune natale. Il est élu à la suite de Simon Masse.
Cependant, il n’occupe que peu de temps son siège de Conseiller Général car son élection est invalidée, en raison de son jeune âge. Joseph Symphorien lui succède à l’élection partielle consécutive à son invalidation.
Après la guerre, Maurice Thamar décide de quitter la Guyane. il a le sentiment d’y perdre son temps car il n’a pu à ce jour prendre son autonomie en ouvrant son propre cabinet d’avocat.
Il se rend en Martinique, exerce quelque peu son métier mais il s’adonne surtout à la préparation de ses cours à l’intention des étudiants de l'École de Droit, puis de l’institut Henri Vizioz. Il semble avoir découvert sa voie et on le constate par l’admiration qu’il suscite auprès des étudiants auxquels il enseigne l’Histoire du Droit, comme les encouragements qu’il trouve dans la bourgeoisie martiniquaise, l’incitant à persévérer dans cette carrière. Il n’est que chargé de cours, par conséquent sans perspective de titularisation. Force lui est donc de suivre le conseil du Professeur Dumont de la Faculté de Droit de Paris venu en mission en Martinique, qui le pousse à se présenter au concours de l’agrégation de Droit. Ce concours selon le professeur, est à sa portée.
Maurice Thamar décide donc en 1951, à 39 ans, de réintégrer l’université en tant qu’étudiant avec, comme subsides, les rémunérations que lui procurent une affectation comme attaché de Recherches stagiaire au CNRS et de chargé de travaux pratiques d’Histoire du Droit à la Faculté de Droit de Paris.
Malheureusement, Maurice Thamar réussit à l’écrit, échoue à l’oral, en droit romain.
Du fait de ce succès à l’écrit, il bénéficie du statut d’Agrégatif. Il revient en Martinique, continue d’enseigner et se rend en France par deux fois pour subir les épreuves de l’Agrégation (toujours en droit romain). Les deux fois il réussit à l’écrit, échoue à l’oral.
Il abandonne donc la préparation de ce concours mais finira par être intégré dons le corps de l’enseignement Supérieur en qualité de maître-assistant du fait de son admission à l’écrit de l’agrégation à maintes reprises.
Bon enseignant, excellent orateur, il se livre à des recherches dont il fait bénéficier périodiquement ses étudiants et d’autres publics dans le cadre de conférences ou de publications.
Ainsi en est-il par exemple de son travail sur " L’assemblée coloniale " qui paraît en 1955 dans les Annales des Antilles - Bulletin de la société d’histoire de la Martinique N0 I
Cette étude comprend 5 parties:
-
De la participation des habitants à l’Administration de la colonie avant 1787;
-
La création de l’assemblée coloniale;
-
Le régime de 1787;
-
Les manifestations de l’opinion;
-
Le fonctionnement du système.
Il y aura beaucoup d'autres conférences.
Peu avant sa mort, Maurice Thamar s’était penché sur le problème de l’esclavage en Martinique, Guadeloupe et en Guyane. De ses recherches, il avait élaboré un document :
"L’application du Code Noir à la Martinique - Recherches sur la condition juridique de l’esclavage aux Antilles françaises ".
Il y aborde dans un premier point la condition de l’esclave dans un deuxième point les sources de l’esclavage ; enfin, dans un dernier point, l’acquisition de la liberté.
Maurice Thamar est mort le 14 novembre 1964 à Bardeaux où il s’était rendu pour être soigné. Une cérémonie religieuse eut lieu le 17 novembre en Église Saint-Eulalie de Bordeaux.
Le corps de Maurice Thamar repose en Martinique mais une rue de Mana porte son nom.