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http://www.decitre.fr/gi/01/9782742798001FS.gifLes présentations des éditeurs : 15/06/2011 - En 1930, dans les montagnes du centre de Taiwan, des Aborigènes coupeurs de têtes, conduits par leur chef légendaire Mona Rudao, se soulèvent contre l'occupant japonais, avant de tomber à leur tour, victimes d'une impitoyable répression. Près de soixante-dix ans plus tard, l'écrivain Wuhe se rend à l'Ile-entre-deux-eaux, lieu d'exil des insurgés, et tente de comprendre le pourquoi de cet épisode sanglant, connu sous le nom d"'Événements de Musha". Au fil de ses rencontres avec des habitants du village, jeunes ou vieux, il perçoit l'étrange singularité des survivants du massacre, ces "indigènes" dont les maîtres successifs de Taiwan n'ont eu de cesse de nier l'identité et le mode de vie.


Constitué d'un paragraphe unique, ce roman inclassable est un long monologue mêlant réflexions, récits de promenades et bribes de conversation. La pensée constamment en éveil, le narrateur parcourt les alentours, un territoire sublime de rivières, de forêts immémoriales et de cimes embrumées à travers lesquelles il communie avec un monde de légendes et de vertus "primitives" ignoré des citadins. Mariant en virtuose l'abstraction, le lyrisme et l'humour, Wuhe entraîne son lecteur dans les méandres de ses rêveries et de ses déplacements, jusqu'à l'expédition finale vers le pays natal des ancêtres, véritable point d'orgue de ce voyage initiatique.


http://photos.hexagone.tv/0000006136/photos/wuhe%20130611.jpgDe son vrai nom Chen Guocheng, Wuhe - nom de plume signifiant littéralement "La Grue qui danse" - est né en 1951 à Tainan (Taiwan). Diplômé de chinois de l'université Chenggong, il s'est consacré à l'écriture. Son premier livre paraît en 1974. Entre 1981 et 1990, Wuhe mène une existence recluse, et ne publiera rien durant ces dix ans. Son roman Les Survivants, édité en 1999, a obtenu de nombreux prix littéraires ; d'un style très novateur, il est considéré comme une des œuvres marquantes de la fin du siècle dernier.



Les courts extraits de livres : 15/06/2011 - Extrait de la préface des éditeurs


Le début des années 1930, à Taiwan, fut marqué par un drame cruel, survenu dans les hautes montagnes du centre peuplées d'Aborigènes. L'île était depuis 1895 colonie japonaise, une occupation qui devait se prolonger jusqu'à la défaite nippone de 1945. Durant cette période, les Aborigènes firent l'objet d'une attention spéciale de la part des nouveaux maîtres. On leur consacra des enquêtes ethnographiques, tout en s'efforçant simultanément de les contenir et de les "civiliser", autrement dit de les faire passer du statut de "sauvages crus" à celui de "sauvages cuits". Les Japonais établirent des "lignes de démarcation" pour empêcher qu'ils n'aient le moindre contact avec les gens des plaines, ils les obligèrent à se tailler les cheveux et leur interdirent les tatouages et autres rites traditionnels tels que l'extraction de certaines dents. Enfin, ils furent utilisés comme main-d'oeuvre pour le débardage du bois, et à l'exploitation qui leur était imposée s'ajouta une source supplémentaire de tension : beaucoup de Japonais appartenant aux forces de police épousèrent des filles de chefs aborigènes avant de les abandonner.


Mona Rudao (1882-1930), le "héros national" dont l'épopée sanglante est le thème du roman, était un Sedeq, chef de la tribu de Mahepo ou Mhebu. Il fut l'instigateur d'une rébellion impliquant six tribus. L'élément déclencheur de la révolte s'était produit lors d'un banquet de mariage : le fils de Mona Rudao, Tadao Mona, avait offert de l'alcool à un policier japonais, qui n'en avait pas voulu au prétexte que son hôte n'avait pas les mains propres, et comme il avait insisté, l'autre l'avait frappé aux mains de sa canne. Le lendemain, Tadao Mona essaya de lui exprimer ses regrets, le policier refusa de les écouter. C'était l'affront de trop. Aussi, lé 27 octobre 1930, les Aborigènes profitèrent-ils d'une manifestation sportive qui se déroulait sur le terrain de sport d'une école à Musha (Wushe en mandarin) pour passer à l'attaque, en utilisant leur technique traditionnelle, celle du "fauchage" de têtes (chucao). Il y eut plus de cent trente victimes parmi les Japonais. C'est cet épisode que la postérité a retenu sous le nom d"'Événements de Musha", lesquels allaient bientôt être suivis d'une deuxième affaire.


Les Japonais, en effet, se vengèrent illico, en utilisant des armes modernes (bombes et gaz toxiques) pour réduire les insurgés. Ceux-ci, repliés à Mahepo, refusèrent de se rendre malgré les objurgations de la fille de Mona Rudao, prisonnière des Japonais et que ses geôliers avaient envoyée à eux pour négocier la reddition. Ils choisirent de se suicider en masse, femmes y compris, en se jetant dans des précipices ou en se pendant aux arbres. La dépouille de Mona Rudao ne fut retrouvée qu'en 1933, par un chasseur. Les Japonais rassemblèrent les survivants dans deux centres de regroupement, à Luoduofu (Drodux selon la prononciation aborigène) et à Xibao (Sipo). Et c'est là que, le 25 avril 1931, des Aborigènes d'une autre tribu sedeq, les Tuuda, à l'instigation des Japonais, massacrèrent hommes, femmes et enfants, décapitant au total cent un corps. Une photo célèbre montre les artisans de l'hécatombe posant devant un amoncellement de têtes tranchées.


Le 6 mai 1931, les deux cent quatre-vingt-dix-huit rescapés furent déportés non loin de là, à l'Ile-entre-deux-eaux (Kawa-nakajima, en japonais), un lieu adossé à la montagne, au confluent de deux rivières. Les suicides ou les maladies prélevèrent encore un tribut sur cette maigre colonie, et il resta finalement deux cent huit individus, dont les descendants vivent toujours dans le village, renommé depuis Qingliu, lequel abrite à l'heure actuelle un peu plus de cinq cents âmes. Un "Mémorial des survivants" y a été inauguré en 2005.


En 1953, Taiwan étant devenu dans l'intervalle le siège de la République de Chine, le gouvernement nationaliste fit construire à Musha une stèle commémorant la résistance des Aborigènes contre les Japonais, et en 1997, à l'occasion du soixante-septième anniversaire des "Événements de Musha", une statue de Monao Rudao y fut érigée : sa haute silhouette de plus d'un mètre quatre-vingts se dresse désormais devant la stèle, à proximité de son tombeau.


Les survivants

Auteur : Wuhe

Traducteur : Esther Lin-Rosolato | Emmanuelle Péchenart

Date de saisie : 15/06/2011

Genre : Romans et nouvelles - étranger

Éditeur : Actes Sud, Arles, France



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