France Ô - 20h35
Durée : 1 heure
Le sujet
Considérée comme la plus jeune résistante pendant la Seconde Guerre
mondiale, Madeleine Riffaud à travers des photos, des films, des livres et des articles.
Considérée comme la plus jeune résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Riffaud est connue pour avoir abattu un officier nazi en plein Paris. Arrêtée, torturée puis condamnée à mort, elle est miraculeusement sauvée quelques jours avant la Libération. Marquée à jamais par cette période à la fois intense et dramatique de sa vie, Madeleine Riffaud devient correspondante de guerre et grand reporter. Ses engagements la mènent en Europe, en Asie et en Afrique où elle couvre trois guerres : Indochine, Algérie, Vietnam, échappant plusieurs fois à la mort. La combattante témoigne à travers des photos, des films, des livres et des articles.
Madeleine Riffaud est une héroïne. Une vraie. Un personnage de roman qui a vécu dans sa chair de petite fille insoumise et révoltée toutes les blessures du siècle dernier. Le film de Philippe Rostan revient sur le parcours hors norme de celle qui, toute sa vie, s'est battue pour la paix en maniant d'abord le fusil puis le stylo. Dans ses poèmes et ses articles, dans ses films et ses photos, cette « fille de guerre » a toujours voulu témoigner du malheur des hommes. Madeleine raconte. Se raconte. La vieille dame aux cheveux gris et aux yeux tristes fait revivre pour nous la jeune fille brune à la chevelure épaisse et au regard de braise qui, le 11 novembre 1944, défile pour célébrer la Libération. Juchée sur un char, Madeleine ressent alors la liesse qui l'environne d'une façon particulière : son fiancé, blessé lors de l'insurrection parisienne, agonise. A 20 ans, la jeune fille a déjà vécu mille morts.
Après une enfance très marquée par la Première Guerre mondiale - sa famille vit dans la Somme, « un véritable cimetière » -, elle a 15 ans pendant la débâcle. C'est une jeune fille
timide qui écrit des poèmes. Face à l'occupation nazie, elle s'engage en 1941 dans un réseau d'étudiants en médecine. La douce Madeleine devient alors l'agent de liaison Rainer. En 1944, après le
massacre d'Oradour-sur-Glane par la division Das Reich, le mot d'ordre de la Résistance est « à chacun son boche ». En pleine rue, Rainer/Madeleine abat de deux balles dans la tempe un
officier allemand. « Neuf balles dans mon chargeur / Pour venger tous mes frères / Ca fait mal de tuer / C'est la première fois / Sept balles dans mon chargeur / C'était si simple / L'homme
qui tirait l'autre nuit / C'était moi. » Arrêtée par un milicien, elle est livrée à la Gestapo. Pendant trois semaines, elle est torturée rue des Saussaies, condamnée à mort, puis transférée
à la prison de Fresnes. « Sept pas de long / Et puis un mur / Si durs les murs / Et la serrure »... Libérée après un échange d'otages, Madeleine reprend les armes et, le 24 août 1944, à
la tête d'un commando, attaque le train Belleville-Villette. Le souvenir des camarades morts rue des Saussaies l'accompagne. Elle n'a plus peur de rien : « J'étais folle », dit-elle
aujourd'hui. Une action d'éclat qui permet à la Résistance de faire prisonniers de nombreux soldats allemands. Mais la guerre est f nie et la paix a un goût amer. Madeleine doit réapprendre la
normalité, et retrouver le goût de vivre : « Le malheur est tombé sur moi avec la légalité. » Celle qui faisait le coup de feu sur les toits et dans les rues de Paris doit rentrer dans
le rang. Elle n'y réussira jamais totalement - « J'ai essayé de vivre comme tout le monde ». Pour elle, c'est dans le danger et le bruit des bombes que sa vie prend tout son sens.
Devenue journaliste, Madeleine Riffaud va être le témoin privilégié - c'est-à-dire en première ligne - des guerres coloniales de la France.
En
1946, stagiaire au quotidien « Ce soir », elle est présentée à Hô Chi Minh, venu à la conférence de Fontainebleau tenter de négocier l'indépendance de son pays. Curieux de connaître la jeune
résistante française, Hô Chi Minh emportera avec lui un volume de poèmes de Madeleine et invitera la jeune fille à venir le voir dans son pays. C'est le premier contact de Madeleine avec le
Vietnam. Ce ne sera pas le seul. La conférence de Fontainebleau échoue. La France tient à garder intact son Empire. Mais l'Histoire est en marche... La grande, avec un grand H, et celle, plus
modeste, de Madeleine. En 1950, à Berlin, la jeune femme rencontre Nguyen Dinh Thi, un jeune poète vietnamien qui a lu le recueil de poèmes emporté par Hô Chi Minh. Les deux jeunes gens tombent
amoureux fous. Mais Nguyen est un militant de l'indépendance. Il doit rentrer chez lui retrouver son épouse - il a été marié à 10 ans avec une petite fille de 3 ans. Madeleine est convaincue
qu'ils se retrouveront.
En 1954, elle est envoyée à Orléansville, en Algérie. La ville vient de connaître un terrible tremblement de terre. Ses photos montrent les ruines d'un pays avide de liberté et d'indépendance. « On a un esprit de résistance. Ceux qui l'ont, et qui le gardent jusqu'à la mort, se reconnaissent entre eux. » Cet esprit de résistance, Madeleine le retrouve dans les yeux du peuple algérien. La même année, elle part au Nord Vietnam pour le journal « l'Humanité ». Elle y retrouve son poète, devenu ministre de la Culture. Désormais veuf, Nguyen demande à Madeleine de partager sa vie. Leur bonheur sera de courte durée. Les unions mixtes étant mal vues, Hô Chi Minh lui ordonne de quitter le pays. La mort dans l'âme, Madeleine fait ses valises. Retour en Algérie. Là-bas, la situation est tendue, les attentats succèdent aux attentats. La torture employée par l'armée française révulse la jeune femme. D'autant plus que c'est rue des Saussaies, dans les lieux mêmes utilisés par la Gestapo, que la police française tente de faire parler les opposants algériens. Madeleine réchappe de très peu à un attentat de l'OAS et passe plusieurs mois à l'hôpital. A sa sortie, elle repart au Vietnam. Avec le journaliste australien Wilfred Burchett, elle va participer pendant trois mois à la vie quotidienne des combattants Viêt-congs. Ses images de la vie sous les bombes dans les tunnels nord-vietnamiens vont aider l'Occident à prendre conscience de l'importance du confit qui se déroule en Asie. « On disait des Viêt-congs : ce sont des hommes sans visage. » Grâce à Madeleine, ces combattants de l'ombre auront donc un visage et un sourire. Celui d'un peuple en marche vers son indépendance.
Dans ce film où Philippe Rostan déroule la vie de cette femme d'exception, ce sont aussi des épisodes de notre histoire qui défilent sur les photos et les images tournées par son
héroïne.
Véronique Macon
Les rediffusions
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13:30 - Jeudi 15/07
France Ô
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Une fille de guerre : Madeleine Riffaud, héroïne de la Résistance