Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

http://img.over-blog.com/300x393/0/59/31/96/Blog-2011/Blog-2011-2/Petits-papiers-Duchazeau.jpgDocument mai 2011 - Juin 1933. John Lomax et Alan, son fils de 18 ans, missionnés par la bibliothèque du Congrès de Washington, débutent une campagne d'enregistrement de ballades, de blues et de folk songs. Armés d'un énorme phonographe enregistreur installé dans le coffre de leur voiture, ils sillonnent les routes du Sud des États-Unis, où ils partent à la recherche des musiciens dans les fermes pénitentiaires, les prisons, les petites églises nichées au fond des bois et les bistrots de la Nouvelle-Orléans - partout où chantent les Noirs, partout où on boit du Moonshine...

Cette histoire est véridique : John et Alan Lomax ont vraiment arpenté ces routes le long du Mississipi et fait toutes ces rencontres (dont celle avec Leadbelly, roi de la « douze cordes » et incarcéré pour meurtre) à une époque où, pour un oui ou pour un non, on lynchait et pendait les « Nègres ». John, un peu usé par la vie, et Alan, plein d'enthousiasme juvénile, tous les deux animés par un grand respect d'autrui, ont accompli un magnifique travail pour la préservation du patrimoine musical américain. Au-delà du récit très sérieusement documenté et librement inspiré des écrits d'Alan Lomax, Duchazeau nous touche profondément par la beauté de son dessin en noir et blanc autant que par son humanité, son humour et sa sensibilité. Ce livre, porteur d'une forte émotion, est un blues à lui tout seul.

Frantz Duchazeau est né en 1971 à Angoulême. Après avoir travaillé pour différents journaux du groupe Disney, il entre chez Dupuis en 1993 et collabore à Spirou avec, entre autres, Christian Godard. Tout en réalisant de nombreux travaux pour la publicité et la communication, il monte divers projets de bande dessinée, dont La Nuit de l'Inca avec Fabien Vehlmann et Cilgameshavec Gwen de Bonneval - excellentes séries qui révèlent son indiscutable talent.

 

Les courts extraits de livres : 05/05/2011

 

Extrait de la préface de Sébastian Danchin, Historien des cultures sudistes

Il y a bientôt dix ans, je me lançai dans un projet ambitieux en compagnie du réalisateur Bob Swaim : rendre hommage à John et Alan Lomax en renouvelant leurs périples musicaux à travers le sud des États-Unis, avec à la clé un documentaire et une série de CD. Les aléas propres au monde télévisuel ont finalement empêché l'entreprise d'aboutir, mais j'ai été surpris de constater l'ébahissement de la chaîne américaine avec laquelle nous étions partenaires en découvrant que l'Amérique des oubliés, celle de John Steinbeck, de Walker Evans et de James Agee, continuait d'exister au début des années 2000. Ce fossé entre l'élite et l'Amérique profonde n'est pas nouveau. De longue date, nombre d'intellectuels entretiennent le mythe que l'histoire des États-Unis se limite à celle de sa révolution et de sa passion technologique, alors que les valeurs américaines sont largement le fait de ces épargnés du rêve qui évoquent leurs tribulations dans des couplets sublimés par la naïveté supposée de leur imagerie.

Le blues, en particulier, possède un écho si universel qu'il a fait le tour du monde ; ce cri sacré a su imposer ses vertus cathartiques sur tous les continents en disséminant ses notes bleues à travers son héritage, qu'il se nomme rock'n'roll, soul, funk, disco ou hip-hop. Et s'il faut deviner un premier maillon à la longue chaîne de cette mondialisation inattendue d'une culture prolétaire, c'est du côté de John et Alan Lomax qu'on doit le chercher.

John Avery Lomax, le père, né deux ans seulement après la guerre de Sécession et élevé entre le Mississippi et le Texas du coton, a dû vendre son cheval préféré afin de financer des études qui l'ont conduit sur les bancs de l'université de Harvard. Là, un maître aux idées d'avant-garde lui a montré que les ballades des troubadours américains du XXe siècle naissant avaient autant de verve que les chants homériques, les chansons de geste ou les sonnets de Shakespeare.

Le succès de l'anthologie de chants de cow-boys qu'il publie en 1910 va définitivement lancer la carrière de Lomax. En contrepoint de la réinvention de l'Ouest suggérée par le cinéma balbutiant, son travail propose une vision de l'Amérique infiniment plus réaliste, ce que souligne le président Théodore Roosevelt dans l'avant-propos du livre (« Votre travail passionnera les amateurs de littérature, ainsi que tous ceux qui étudient l'histoire de l'Ouest»).

De fil en aiguille, Lomax étend le champ de ses investigations à l'Amérique noire, dont il détaille le quotidien par le truchement de sa musique populaire. A des années-lumière des stéréotypes du «Nègre de plantation» colportés par le music-hall, les héritiers des esclaves vivent un enfer permanent, dans le carcan de la ségrégation au Sud comme dans l'enfermement des préjugés au Nord.

Lomax : collecteurs de folk song

Auteur : Frantz Duchazeau

Préface : Sebastian Danchin

Date de saisie : 05/05/2011

Genre : Bandes dessinées

Éditeur : Dargaud, Paris, France

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :