"Mademoiselle Drot" de Christain Faure téléfilm diffusé le dimanche 26 septembre 2010 sur France 3 à 20 heures 35.
Premier regard
Le film m’a été proposé par Laurence Bachman, il y a deux ans, en juillet 2008. Je venais de faire mon premier long
métrage. A l’époque, je recevais beaucoup de scénarios pour le cinéma, mais la plupart étaient très mauvais. Ça me tombait des mains ! Et puis j’ai reçu celui de Mademoiselle Drot. Je l’ai
commencé... et ne l’ai plus lâché ! J’ai adoré ! Il y avait une très belle qualité d’écriture, c’était très riche, très fouillé, très humain. J’ai appelé Laurence Bachman et lui ai dit « si c’est
quelqu’un d’autre qui fait ce film, je le tue !!» (rires) Natalie Carter, qui a adapté
le livre « Vieille France » d’Hélène Millerand, a fait un travail remarquable. Elle a
su conserver ce qui fait la force de l’ouvrage, c’est-à-dire la relation entre Mademoiselle Drot et sa patronne, Antoinette. Pour l’écran, c’est l’angle parfait.
Des visages
Quand je lis un scénario, les images apparaissent très vite dans mon esprit. Et en découvrant le personnage de Mademoiselle
Drot, c’est le visage de Louise Monot qui est apparu. Elle s’est imposée à moi de manière
très intuitive. J’avais déjà travaillé avec elle sur Un Amour à taire (2005) . Je la
connais bien, c’est une actrice formidable, avec une palette d’émotions très large. Elle joue avec une grande simplicité et une grande justesse. Elle ne triche pas, quand elle pleure, elle
pleure. Elle peut mêler avec beaucoup de finesse force et fragilité. Chez Louise, les silences sont très lourds, très parlants. Et le scénario n’est pas bavard, ce qui est rare et précieux. Pour
moi, elle est Mademoiselle Drot. Mélanie Bernier m’est apparue très peu de temps après.
Elle a la fraîcheur, le dynamisme et la gentillesse qui correspondent à Antoinette, la patronne de mademoiselle Drot. Là aussi, il me fallait de la nuance. Madame peut être sèche, brutale, mais
sans vouloir être blessante. Elle est prise au piège de son éducation, de ses préjugés. Elle a toujours été servie, cela lui semble naturel. Néanmoins, il fallait que l’on éprouve également de la
sympathie pour elle. Mélanie est parfaite dans ce registre. Au-delà des deux héroïnes, je suis très heureux du casting du film. Lionel Abelanski et Anémone forment un très beau duo. Je suis un grand nostalgique des films des années 40-50 dans lesquels
les seconds rôles avaient une importance primordiale. C’est ce que j’ai essayé de recréer dans Mademoiselle Drot. Il y a assez peu de lieux, si on reste en vase clos au niveau humain, ça peut
devenir très sec ! Là, il y a de la matière, de la vie, de la couleur, grâce à tous ces personnages.
Intemporelle
La relation entre Mademoiselle Drot et Madame cristallise les multiples tensions que traverse à cet instant notre pays. C’est un affrontement social et religieux. Nous sommes dans les années 40, la France est en train de changer, la guerre fait exploser ses repères. Mademoiselle Drot, qu’on appelle « Vieille France », symbolise ce trouble. Elle est issue d’une noblesse versaillaise qui se confronte brutalement à une nouvelle France, moderne, parisienne, décomplexée. Et juive. Pour elle, c’est d’abord insoutenable. Mais ses préjugés vont voler en éclats au contact de Madame. D’abord dure, fermée, elle va peu à peu s’ouvrir, comprendre, aimer et finir par épouser totalement la cause de sa patronne. Elle rentre dans une forme de résistance intellectuelle et affective. C’est une métaphore de ce que vit la nation. Le message est simple et intemporel : « Ne juge pas ce que tu ne connais pas. » La situation de guerre révèle les humanités, mais ces problématiques existent toujours. Il y a évidemment beaucoup de choses transposables à notre époque.
Entretien avec Christian
Fauré
Extrait tiré du dossier de presse
http://www.cinemotions.com/interview/114891
Document 2004 - Nous sommes en 1938, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Bénédicte Drot, une jeune femme issue de la petite noblesse versaillaise,
vient d’accoucher d’un enfant de père inconnu. Chassée de la maison familiale, elle décide de se placer comme domestique et trouve un emploi de gouvernante chez Ernest et Antoinette Treives, de
riches Israélites de la Plaine Monceau. Bénédicte a vingt-six ans. Elle est catholique et respectueuse des conventions. Tout en conservant ses valeurs et ses préjugés antisémites, elle va rendre
de grands services à cette famille bouleversée par la guerre. Vieille France est l’histoire de Bénédicte entre 1938 et 1945. L’histoire d’une femme de caractère, guidée par l’amour qu’elle
éprouve pour sa jeune patronne en danger et son fils Maximilien. Cependant, ni l’un ni l’autre ne sauront vraiment qui elle était. Mademoiselle Drot gardera ses secrets. A la fin de sa vie, après
plus de soixante ans au service des Treives, elle évoque à mi-voix les années sombres, les bonheurs et les drames d’une existence droite et solitaire. A la fois conformiste et rebelle,
Mademoiselle Drot est une déclassée qui regarde le monde sans complaisance et révèle les rapports complexes de l’intime et du social
Éditeur Stock
Collection Bleue