Document 2003 - Pourquoi les sorciers, longtemps pourchassés comme suppôts de
Satan, sont-ils considérés comme des escrocs à la fin du XVIIe siècle ?
La thèse Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle , publié à l'été 1968, se situe d'emblée dans la production historienne du moment, par son sous-titre (Une analyse de psychologie historique) et par la collection dans laquelle il paraît : « Civilisations et mentalités », lancée chez Plon l'année précédente par Robert Mandrou lui-même et Philippe Ariès pour mettre à la portée du grand public les recherches des meilleurs historiens des Annales. Dès l'avant-propos, Robert Mandrou précise qu'il est parti d'une réflexion sur un article de Lucien Febvre intitulé « Sorcellerie, sottise ou révolution mentale ? » ; il formule en ces termes la question à laquelle il entend répondre : « Comment et pourquoi les juges qui, pendant des siècles, acceptèrent la sorcellerie, condamnèrent des milliers de malheureux au bûcher, décidèrent-ils au XVIIe siècle de renoncer et cessèrent de poursuivre ceux qui passaient pour s'être vendus au diable ? » En d'autres termes, il entend étudier, à travers un changement de jurisprudence, la « révolution mentale » qui amène les magistrats à voir dans les sorciers non plus des suppôts de Satan relevant du bûcher, mais des fabulateurs, des simples d'esprit ou des escrocs abusant de la crédulité publique. En 500 pages d'une étonnante érudition et d'une grande limpidité d'écriture, Mandrou procède à une démonstration parfaitement convaincante dans son déroulement chronologique en trois parties. Il expose d'abord la mentalité traditionnelle en matière de...
« Magistrats et sorciers » de Robert Mandrou
Par François Lebrun
publié dans L'Histoire n° 273 - 02/2003 Acheter L'Histoire n° 273 +
Broché: 576 pages
Éditeur : Seuil (1 novembre 1989)
Collection : L'univers historique