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http://ecx.images-amazon.com/images/I/41G60B507SL._SL500_AA300_.jpgDocument 2006- Les orphelins de saint Vincent de Paul, les pupilles de l'Assistance publique et les enfants de la DDASS incarnent le dénuement des petites victimes face à la dureté des hommes. Les figures du Petit Poucet et de Cosette, délaissés tout jeunes par leurs parents, peuplent notre imaginaire. Aujourd'hui, l'abandon d'enfants n'existe quasiment plus en France ; pourtant, au début du XIXe siècle, ce sont 30000 nouveau-nés qui étaient recueillis chaque année par les hospices. Dans les villages où ils étaient placés, le quotidien des "bâtards" était bien souvent marqué par le froid, la faim, la maladie et la honte. Renouant avec l'optimisme de la Révolution française, la Troisième République a eu la volonté de mettre un terme à cette situation ; mais l'égalité des chances est restée un mirage. Cette ambition manquée engage l'historien à ressusciter un univers de filles-mères, de meneurs, de nourrices, de gratte-papier, qui tous vivaient de la circulation des enfants sans famille, cette industrie à la fois humanitaire et cruelle. En faisant entendre les voix qui vibrent dans les archives, Ni père ni mère tente de comprendre l'expérience du vivre-sans-parents, où se mêlent sentiment d'humiliation, solitude et liberté.

Ivan Jablonka, né en 1973, ancien élève de l'ENS, est maître de conférences à l'université du Maine.

 

 

  • La revue de presse Dominique Kalifa - Libération du 18 mai 2006

 

Abandonner son enfant est aujourd'hui devenu un geste improbable. L'accouchement sous X concerne chaque année moins de 600 nouveau-nés, presque tous aussitôt adoptés. En 1815, ils étaient environ 25 000 à être déposés sous les porches des églises ou dans les «tours», ces cylindres de bois qui permettaient l'abandon anonyme. En 1914, plus de 150 000 mineurs de moins de 12 ans appartenaient à l'une des catégories suivantes : enfants trouvés, abandonnés, orphelins sans ressources ou «moralement abandonnés». Longtemps laissés à l'initiative charitable, ces enfants sans parents furent progressivement pris en charge par l'État. Créée en 1849 dans la Seine, l'Assistance publique fut généralisée par la IIIe République et dotée d'un projet fort et volontariste : réhabiliter et intégrer à la communauté nationale ces «enfants mal nés».

C'est l'histoire de cette utopie que retrace le livre d'Ivan Jablonka...

 

  • La revue de presse Paul Yonnet - L'Express du 30 mars 2006

 

Le nombre des enfants abandonnés croît brusquement au XVIIIe siècle et atteint des sommets au XIXe - entre 25 000 et 30 000 par an. Loin de signifier un désintérêt à l'égard de l'enfant, le phénomène témoigne de l'irruption de moeurs nouvelles : moindre acceptation de naissances non voulues, volonté de limiter la descendance, montée d'une considération de l'enfant telle que ne pas pouvoir satisfaire à un minimum de critères éducatifs, domestiques et économiques entraîne son abandon, parfois tardif. Ce dernier est favorisé, d'abord, par un décret de 1811 qui institutionnalise le dépôt anonyme des petits enfants dans les «tours»,... La pratique se raréfie avec l'avènement de la conscience moderne...

Le grand intérêt du travail d'Ivan Jablonka, qui explore la dernière phase de cette transition biséculaire, est de faire apparaître trois périodes distinctes de l'histoire de l'Assistance publique sous la IIIe République...

 

  • La revue de presse André Burguière - Le Nouvel Observateur du 23 mars 2006

 

De cinq cents à six cents enfants naissent chaque année sous X (sans filiation déclarée). La plupart sont vite adoptés, car la demande d'adoption excède l'offre. L'enfance abandonnée est aujourd'hui un phénomène marginal. Mais au début du XXe siècle, les pupilles de l'Assistance représentaient presque 20% des moins de 13 ans. Si vos ancêtres vivaient en France à la Belle Epoque, vous avez une chance sur cinq de trouver dans votre arbre généalogique un arrière-grand-parent élevé par l'Assistance.


Ivan Jablonka, qui avait consacré un premier livre au destin singulier de Jean Genet, abandonné par sa mère à trois mois et devenu néanmoins l'un des grands écrivains du XXe siècle, a voulu étudier la règle après l'exception. Braquant le projecteur de l'analyse historique sur cet angle mort de la population française, son étude des enfants de l'Assistance est une incontestable réussite. Elle souligne l'ambivalence d'une institution qui voulait remédier aux injustices du sort sans toucher à l'ordre social. Elle nous restitue aussi l'odyssée de ces milliers d'enfances mal parties et de vies amoindries, enfouies dans le non-dit des mémoires familiales...

 

  • La revue de presse Anne Chemin - Le Monde du 23 mars 2006

 

C'est un monde aujourd'hui disparu que ressuscite Ivan Jablonka dans une passionnante histoire de l'Assistance publique sous la IIIe République. Un monde peuplé d'orphelins vêtus de pèlerines de drap bleu, de parents nourriciers accueillant dans leurs fermes des "assistés" aux côtés de leurs propres enfants et de directeurs d'agence appliquant avec zèle la révolution pasteurienne. Cet univers qui a inspiré Les Misérables et La Petite Fadette a sombré après la seconde guerre mondiale : la légalisation de la contraception et de l'avortement, l'amélioration des conditions de vie et la transformation du regard porté sur les enfants ont quasiment fait disparaître les abandons. En 2004, sur près de 800 000 naissances, moins de 400 bébés, tous adoptés dès leur plus jeune âge, étaient "nés sous X"...

Ivan Jablonka, auteur d'une étude sur un pupille devenu célèbre, Jean Genet (Le Monde du 21 janvier 2005), suit pas à pas ces milliers d'enfants que l'Assistance publique voulait, au nom de la réhabilitation de l'individu, arracher à la pestilence de la grande ville pour les confier à des familles habitant à la campagne. Placés dans des fermes, souvent exposés au froid, à la maladie et à la honte, les petits portaient, jusqu'à 6 ans, un cordon de soie et une médaille sur laquelle était gravé leur numéro d'immatriculation. A 13 ans, ils étaient "gagés" comme ouvriers agricoles ou domestiques, subissant souvent injures et humiliations...

Ivan Jablonka ne se contente pas de retracer l'histoire d'une institution et de ses ambitions républicaines. S'appuyant sur le dépouillement de plus de 400 dossiers, il raconte, en citant des centaines de lettres et de rapports, le quotidien de ces enfants abandonnés...

Ni père, ni mère : histoire des enfants de l'Assistance publique (1874-1939)

Auteur : Ivan Jablonka

Genre : Société Problèmes et services sociaux

Éditeur : Seuil, Paris, France

Collection : XXe siècle

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