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http://www.cairn.info/vign_rev/SNI_LHIST/SNI_LHIST_20090901_L148.jpgEn 1810, le Code pénal interdisait la nudité au sein de la collectivité. Élevant un « mur de la pudeur » entre espaces public et privé.


Les premières règles visant à protéger la pudeur (et concernant, notamment, la nudité) apparaissent à la fin du XVIe siècle : une ordonnance du prévôt de Paris stipule que le fait de se baigner nu dans la Seine expose à être « couru sus » et battu avec des verges sur le lieu du scandale. De même, les étuves, très répandues au Moyen Age, ont été fermées au cours du XVIe siècle. Mais ces dispositions ne concernent alors que quelques lieux et conduites spécifiques. Une nouvelle étape est franchie en 1791 avec la loi de police du 19-22 juillet, selon laquelle (article 8) « ceux qui seraient prévenus d’avoir publiquement attenté aux mœurs par outrage à la pudeur des femmes, par actions déshonnêtes, par exposition ou vente d’images obscènes, d’avoir favorisé la débauche ou la corruption des jeunes gens de l’un ou l’autre sexe pourront être saisis sur-le-champ » . Ce qui est nouveau, c’est que cette disposition rend homogène l’ensemble de l’espace public comme étant interdit de sexualité (et de nudité). Mais cette infraction ne prend ses allures précises et définitives qu’en 1810 dans l’article 330 du Code pénal qui punit « l’outrage public à la pudeur » ,...

Un délit ?

Par Marcela Iacub
publié dans L'Histoire n° 345 - 09/2009  Acheter L'Histoire n° 345  +



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http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/2/9/9/9782213633992.jpgFiche détaillée: Par le trou de la serrure

L’angle peut paraître pointu. Mais à travers cette histoire de la pudeur durant les deux derniers siècles, Marcela Iacub analyse l’émergence d’un nouvel ordre sexuel en apparence plus libre, mais tout aussi arbitraire. Pour la juriste et chercheuse au CNRS, la révolution sexuelle prônée par Mai 68 a bousculé certains carcans pour imposer le sexe, à travers un ensemble de normes juridiques, comme une des choses les plus importantes dans notre société, mais en aucun cas comme une liberté. On est loin de «jouir sans entraves…».

Le Mot de l'éditeur : Par le trou de la serrure

Marcela Iacub revisite l’histoire de la sexualité en étudiant l’infraction sexuelle la plus répandue au XIX et au XX siècles, mais aussi la moins sévèrement punie : l’outrage public à la pudeur. A travers ce délit, les législateurs et les juges ont bâti progressivement le « mur de la pudeur » délimitant l’espace public d’où la nudité et le spectacle du sexe étaient bannis et l’espace privé où tout ou presque était possible, tant qu’on était à l’abri dans le cadre du mariage et loin de tout regard. Les assauts menés par le théâtre, le ballet, les nudistes et les femmes en monokini ont déplacé ce mur de la pudeur au XXème siècle et la notion même de pudeur a disparu de notre code pénal. Pourtant si le spectacle de la nudité et de scènes d’ordre sexuel est de plus en plus libre dans l’espace public, c’est l’espace privé qui s’est trouvé réglementé comme jamais auparavant par les juges.


C’est donc l’histoire méconnue de notre sexualité, de la liberté de nos corps et nos regards qu’écrit ici, avec le brio qu’on lui connaît, Marcela Iacub.


Auteur

Marcela Iacub

Editeur

Editions Fayard

Date de parution

avril 2008

 

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