Luc Rudolph a été haut fonctionnaire au ministère de l'Intérieur. Auteur de trois ouvrages sur La Police en France ou sur les problèmes d'insécurité (Insécurité, la vérité - qui a largement inspiré la politique de sécurité depuis 2002 - et Les Stratégies de la sécurité), passionné d'histoire, il a consacré durant une huitaine d'années une large part de ses loisirs aux recherches sur l'histoire mondiale de la valse, un sujet jamais traité.
Des résistants dans la Police... Cette affirmation provoque parfois un brin de moquerie chez ceux qui croient connaître l'histoire. A Paris, la Police était aux ordres des Allemands ; les policiers étaient donc chargés des basses oeuvres : rafles des juifs, arrestations des résistants... C'est vrai, il y eut une infime minorité de policiers qui a collaboré avec zèle et une grande majorité qui a rempli passivement ses missions.
Mais il y eut aussi - et surtout - un grand nombre de policiers qui s'engagèrent dans des réseaux ou s'opposèrent par des
actes individuels. Cette résistance fut plus précoce (pour certains, dès l'été 1940), plus abondante et plus active qu'on l'imagine. Leurs actions de renseignement, de fourniture de faux papiers,
de sabotage des enquêtes ont été d'une grande efficacité. Placés " dans la gueule du loup ", il leur fallait donner des gages et agir prudemment.
Le châtiment de ceux qui furent pris était souvent sans appel. Autre fait historique méconnu : les policiers furent le
coeur et le bras armé de l'insurrection parisienne d'août 1944. Pendant une semaine, des milliers d'agents sans uniforme ont harcelé et démoralisé l'ennemi, précipitant sa déroute et permettant
l'arrivée glorieuse du général de Gaulle. Sans ces policiers-résistants, les FFI, trop faiblement armés, auraient sans nul doute été écrasés aux premiers temps des barricades.
Policiers rebelles - La Résistance au coeur de la Préfecture de Police (1940-44)