Les révoltes de prisonniers sont exceptionnelles, méconnues, interdites
d’histoire : celles qui éclatent en France dans la foulée de mai 1968 voient les détenus prendre massivement la parole. En juillet 1974, 80 à 90 soulèvements, dont neuf mutineries, sont signalés
à la Une des quotidiens. Désemparé, furieux, le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, envoie les forces de l’ordre : la répression est féroce et agite ensuite quelques promesses
de réformes… Ainsi commence cette histoire de feu, de sang et… de compromis.
Une histoire où, brutalement, des prisonniers deviennent visibles et, brièvement, agissent au lieu de subir. Sociologue,
Anne Guérin nous livre son enquête sur les prisons. Elle nous retrace l’histoire du Groupe d’information prisons (GIP) au sein duquel Michel Foucault, qui soutient les luttes des
détenus, relaie leur parole, ainsi que celle du Comité d’action des prisonniers (CAP). Elle nous raconte l’histoire et l’action des maoïstes emprisonnés qui veulent semer les germes de la révolte
dans les cellules.
Elle revient surtout sur le quotidien de la vie des détenus et des détenues. Car qui connaît mieux les prisons que les
prisonniers eux-mêmes ? Qui d’autre sait comment ils vivent, mangent, travaillent, affrontent leurs geôliers, gèrent leur misère matérielle, sexuelle et affective ? L’auteure puise dans leurs
nombreux témoignages, fragments ou autobiographies d’écrivains comme Roland Agret, Charlie Bauer, Pierre Goldman, Serge Livrozet, Jacques Mesrine.
Sans oublier Roger Knobelspiess qui consacra un livre aux terribles QHS (quartiers de haute
sécurité).
Anne Guérin, Michelle Perrot